Il y a 4 ans, j’ai utilisé cette chanson dans un texte où j’exprimais le premier de ce qui allait devenir une suite de traumatismes intenses qui ont mis mes convictions et mon activisme a rude épreuve.
In the beginning
There was the cold and the night
Prophets and angels gave us the fire and the light
Man was triumphant
Armed with the faith and the will
Even the darkest ages couldn’t kill
L’âge sombre que nous avons traversé n’a pas eu raison de mon Feu et de ma Lumière. C’est pas faute d’avoir essayé. Mais j’ai répété et je continue d’affirmer que peu importe les reculs qui arrivent régulièrement, dans son ensemble, l’Histoire se dirige irrémédiablement et constamment vers la progression. Ce qui ne veut pas dire que les périodes de reculs sont sans importance, même si, dans le Grand Schéma Humain, elles semblent insignifiantes.
Too many kingdoms
Too many flags on the field
So many battles, so many wounds to be healed
Time is relentless
Only true love perseveres
It’s been a long time and now I’m with you
After two thousand years
Dans les 4 dernières années, malgré Trump, malgré Qanon, et oui, malgré l’élection au Québec d’un parti de droite (j’ai un devoir de neutralité en tant qu’employé de la fonction publique, mais ce n’est pas une opinion personnelle, c’est un fait que le programme de la CAQ est beaucoup plus conservateur que ceux des autres partis d’importance significative au Québec), Harvey Weinstein, Bill Cosby et Jeffrey Epstein ont payé pour leurs crimes. Ici, Salvail et Rozon sont tombés. De plus en plus de scientifiques sont sortis de leur habituelle réserve afin de remettre les pendules à l’heure sur l’existence de la transexualité et sur l’erreur de classifier les être vivants en un système binaire rigide. François Arnaud a fait son coming out, ajoutant une voix populaire et québécoise à la validité de l’expérience bisexuelle (merci François, et bienvenu dans le club des bi déclarés!). Et Maxime Bernier a lamentablement échoué à sa tentative de devenir le Donald Trump canadien.
This is our moment
Here at the crossroads of time
We hope our children carry our dreams down the line
They are the vintage
What kind of life will they live?
Is this a curse or a blessing that we give?
Les enfants qui sont allés se coucher le 9 novembre 2016 avec la confiance de s’éveiller le lendemain toujours dans l’Amérique qu’on nous montre partout comme le meilleur pays au monde, ont vu leur parents pleurer, crier ou rager Ils ont ressenti par osmose la terreur créée par l’arrivée au pouvoir d’un raciste misogyne déclaré. Ces enfants sont maintenant à l’aube, ou carrément en plein millieu de l’adolescence.
La mienne a été marquée par Meach et le dernier référendum et a fait de moi une citoyenne politique engagée. Ceci me donne un grand espoir que ces jeunes vont devenir une force démocratique incroyable, le processus est déjà enclenché. David Hogg, survivant de la tuerie de Parkland, est maintenant la Voix d’une génération qui en a marre de payer de sa vie pour les droits d’une minorité de crinqués de posséder des armes d’assaut. Lui et ses compagnons de classe ont voté pour la première fois de leur vie cette année. Des dizaines de groupes de victimes de tueries s’organisent depuis 4 ans et leur poids politique se fera sentir dans les prochaines années, encore plus avec une administration qui prendra au minimum la peine d’écouter ce qu’ils ont a dire.
Sometimes I wonder
Why are we so blind to fate?
Without compassion, there can be no end to hate
No end to sorrow
Caused by the same endless fears
Why can’t we learn from all we’ve been through
After two thousand years?
Ne crions pas victoire trop fort et ne nous assoyons pas sur nos lauriers trop vite, la première manche a été gagnée, mais la bataille n’est pas finie. La voie électorale est barrée pour l’administration Trump, mais ils ne sont pas à bout d’options. Et les dégats causés dans les dernières années vont prendre des décennies à être réparés. Mitch McConnell et Lindsay Graham ont été réélus et le Sénat est toujours sous le contrôle des républicains. Merrick Garland tiens à vous rappeler que Mitch McConnell n’a jamais eu besoin de Donald Trump pour tricher.
There will be miracles
After the last war is won
Science and poetry rule in the new world to come
Prophets and angels
Gave us the power to see
What an amazing future there will be
Mais il est temps de croire à nouveau au monde qui sera après la dernière victoire. Il est temps d’être radicaux, il est temps de demander l’impossible. La modération et le silence ne sont utiles qu’aux bourreaux, jamais aux victimes.
Mais je sais que Joe Biden ne libérera pas les centaines d’immigrants irréguliers le 21 janvier au matin. Et même s’il le faisait, ceux dont les enfants ont été « perdus » dans le foster system n’ont pratiquement aucun espoir de les retrouver. Les différents établissements d’enseignement qui ont été scrappées par Betsy DeVos ne seront pas réparées overnight. Les victimes des différentes catastrophes naturelles et celles de la négligence criminelle de l’administration Trump face à la pandémie ne reviendront pas à la vie, les familles ayant tout perdu à cause de l’injustice du système de santé ne retrouveront pas leur maison, les réfugiés renvoyés chez eux et les étudiants étrangers ayant perdu leur droits de résidence n’auront pas de seconde chance. On a perdu énormément et on ne récupérera rien.
L’establishment démocrate est très conservateur, ils sont terrifiés à l’idée d’être trop socialistes et de perdre le soutient de la majorité modérée. Bident fait partie de cet establishment, Kamala Harris aussi. Je ne suis pas naive. Il sera nécessaire, voire impératif, que la gauche continue à élire des représentants socialistes dans tous les niveaux de gouvernement afin que le message progessiste devienne assez fort pour être entendu du haut de la tour d’ivoire. Mais ce n’est pas impossible. Un jour, nous verront peut-être President Ocasio-Cortez, ce qui serait le symbole ultime de la promesse du Nouveau Colosse:
Pas comme ce géant d’airain de la renommée grecque
Dont le talon conquérant enjambait les mers
Ici, aux portes du soleil couchant, battues par les flots se tiendra
Une femme puissante avec une torche, dont la flamme
Est l’éclair emprisonné, et son nom est Mère des Exilés.
Son flambeau
Rougeoie la bienvenue au monde entier ; son doux regard couvre
Le port relié par des ponts suspendus qui encadre les cités jumelles.
« Garde, Vieux Monde, tes fastes d’un autre âge ! » proclame-t-elle
De ses lèvres closes.
« Donne-moi tes pauvres, tes exténués,
Tes masses innombrables aspirant à vivre libres,
Le rebus de tes rivages surpeuplés,
Envoie-les moi, les déshérités, que la tempête me les rapporte
Je dresse ma lumière au-dessus de la porte d’or ! »
And in the evening
After the fire and the light
One thing is certain: Nothing can hold back the night
Time is relentless
And as the past disappears
We’re on the verge of all things new
We are two thousand years
-Billy Joel « Two thousand years », 1993
Ce matin, ma poitrine a plus d’espace pour laisser place à l’air. Ma tête a plus d’espace pour me projeter dans l’avenir. La partie n’est pas gagnée, mais la possibilité de voir à nouveau l’Histoire avancer est de retour. « We’re on the verge of all things new, we are two thousand years. »
Matante Elise out.
(ce texte n’a pas été révisé pour les pheautes de phrensès parce que l’auteure est paresseuse et manque d’ambition. Elle n’aspire pas à devenir virale et elle s’en calice un ti peu, c’est l’heure d’aller faire dodo)