In the beginning
There was the cold and the night
Prophets and angels gave us the fire and the light
Man was triumphant
Armed with the faith and the will
That even the darkest ages couldn’t kill
Too many kingdoms
Too many flags on the field
So many battles, so many wounds to be healed
Time is relentless
Only true love perseveres
It’s been a long time and now I’m with you
After two thousand years
Je suis en colère. Je suis triste. Mais surtout, j’ai peur. L’obsédée d’Histoire que je suis, celle qui a eu un frisson glacé dans le dos en se tenant sur l’emplacement de l’ancien pilori à Leiden, celle qui a pleuré dans la Maison d’Anne Frank, est tout simplement terrifiée. J’ai pleuré, j’ai hurlé, j’ai ragé, et j’ai paniqué. Je sens encore la panique, toute proche, qui attend la première excuse pour reprendre les commandes.
Donald Trump ne détruira pas l’Amérique, ni le monde occidental, il n’a pas besoin de le faire, ils sont déjà détruits.
Il y a tellement de raisons qui expliquent son inexplicable ascension au pouvoir, aucune d’entre elle n’a fait pencher la balance plus que l’autre, ça ne sert à rien d’analyser et de chercher.
Mais ne me dites pas que ça ira. Ne me dites pas de ne pas m’en faire. Ne me dites pas de ne pas avoir le cœur qui saigne en pensant à tous les gens à qui on a dit « votre oppression ne me concerne pas, tant que je n’ai pas plus d’impôts à payer, je m’en fous pas mal que vous creviez ou souffriez ».
This is our moment
Here at the crossroads of time
We hope our children carry our dreams down the line
They are the vintage
What kind of life will they live?
Is this a curse or a blessing that we give?
Je me sens comme Cassandre, j’ai vu le noir qui approche, lentement, inéluctablement, depuis le 11 septembre 2001. J’ai passé TELLEMENT de temps à essayer d’éviter le pire, à dire à tout le monde : « ayez de la compassion, soyez empathique. Si vous croyez en Jésus, ne rejetez pas les autres à cause de leur couleur, de leur religion, de leur sexe ou de ce qu’ils font avec, c’est contraire à son message. Qui êtes-vous pour prétendre savoir mieux que lui qui est digne de son amour? » Je ne suis pas du tout religieuse, mais on n’a pas besoin d’aller à la messe pour croire à « aimez-vous les uns les autres. » J’ai partagé ce message en religieux, en séculier, en féminisme, en canadien, en québécois, en français, en anglais, en blanc, en éduqué, en populiste, en sacrant, en pleurant, en riant, tout le temps, partout, il est derrière chacune des convictions que je déclare, derrière chaque action que je pose.
Je n’ai jamais arrêté de me battre et de garder espoir.
Malgré toute la merde qui sort dans les radios de Québec et les journaux de Montréal.
Malgré toutes les horreurs que je lis dans les commentaires sur internet.
Malgré la xénophobie triomphante de membres de ma famille proche.
Malgré l’incompréhension de mes amis les plus proches.
Malgré ceux qui me traitaient de casseuse de fun, de coincée, d’enragée.
Je n’ai jamais cessé de me battre.
Parce que je sais que l’Holocauste ne se résume pas à un film de Spielberg en noir et blanc.
Parce que je sais que le Rwanda ne se résume pas à quelques chansons de Corneille.
Parce que je sais que le sexisme et la culture du viol ne se résument pas à Marcel Aubut ou Jian Ghomeshi.
Parce que je sais que le racisme ne s’est pas arrêté avec Brown vs the Board of Education.
Parce que je sais que le dossier du droit à l’avortement n’a pas été clos avec l’affaire Tremblay contre Daigle.
Parce que je sais que l’équité salariale est loin d’être vraiment acquise.
Mais j’ai toujours et encore cru au triomphe de l’humanité, j’ai toujours cru que si je vous aimais assez fort, si je vous expliquais la force de la compassion et de l’empathie, vous finiriez aussi par comprendre que le monde ne s’arrête pas avec nous et qu’il faut penser aux autres comme nos égaux, même ceux qui nous font peur. Et qu’à votre tour , vous alliez partager ces idées et « infecter » le monde avec la compassion .
Je suis en train de perdre cette foi. Pas à cause de Trump, fuck that guy. À cause du monde occidental qui lui a pavé une belle voie dorée. Ce n’est pas notre pays. Mais c’est la PREMIÈRE PUISSANCE MONDIALE. Et elle est en train de dire au monde entier : « nous n’avons même pas honte de dire haut et fort que seuls nos citoyens blancs, hétéros et chrétiens ont de la valeur. »
Sometimes I wonder
Why are we so blind to fate?
Without compassion, there can be no end to hate
No end to sorrow
Caused by the same endless fears
Why can’t we learn from all we’ve been through
After two thousand years?
Au socle de la statue de la Liberté, on peut lire :
Pas comme ce géant d’airain de la renommée grecque
Dont le talon conquérant enjambait les mers
Ici, aux portes du soleil couchant, battues par les flots se tiendra
Une femme puissante avec une torche, dont la flamme
Est l’éclair emprisonné, et son nom est Mère des Exilés.
Son flambeau
Rougeoie la bienvenue au monde entier ; son doux regard couvre
Le port relié par des ponts suspendus qui encadre les cités jumelles.
« Garde, Vieux Monde, tes fastes d’un autre âge ! » proclame-t-elle
De ses lèvres closes.
« Donne-moi tes pauvres, tes exténués,
Tes masses innombrables aspirant à vivre libres,
Le rebus de tes rivages surpeuplés,
Envoie-les moi, les déshérités, que la tempête me les rapporte
Je dresse ma lumière au-dessus de la porte d’or ! »
« Donne-moi tes pauvres, tes exténués,
Tes masses innombrables aspirant à vivre libres,
Le rebus de tes rivages surpeuplés,
Envoie-les moi, les déshérités, que la tempête me les rapporte
Je dresse ma lumière au-dessus de la porte d’or ! »
Des musulmans qui ont cru aux promesses du Nouveau Colosse se retrouvent maintenant piégés dans un pays qui les haïs. Des gens qui ont fui la haine et la violence se retrouvent au point de départ, face à la haine et la violence.
6 millions de juifs ont succombé à l’intolérance nazie. Mais on parle si peu de tous les handicapés, les homosexuels, les tziganes, les noirs, les russes qui ont étés systématiquement éliminés eux aussi pendant la deuxième guerre mondiale. Les gais américains viennent de se faire dire qu’ils ne sont pas importants, les noirs, les latinos, les juifs, les asiatiques, les trans aussi.
Check your fucking privileges white westerners. Because you’ve done it again. You have learned NOTHING.
C’est maintenant officiellement acceptable de dire que les noirs sont tous des thugs, que les latinos sont tous des gangmembers et des violeurs. Le vice-président de la plus grande puissance mondiale ne se cache pas pour dire que l’homosexualité est une perversion de la nature. Le nouveau président américain pense qu’une femme ayant avorté devrait être punie.
Non, vous ne me ferez pas croire que ce sont des paroles en l’air. S’en aurait été s’il n’avait pas été élu. Mais les gens qui l’ont mis sur le trône à cause de ses idées extrémistes (l’exemple le plus flagrant étant les membres du KKK) ne lui permettrons pas laisser ces paroles en l’air.
Dans six mois, quand la déportation des musulmans n’aura pas encore commencé, quand les noirs vont avoir encore le droit d’aller dans les bonnes écoles, ces gens vont se sentir floués. Et ils sont violents. Et ils haïssent le pouvoir. C’est pour ça qu’ils ont voté pour Cheeto Jesus, il leur a promis de faire un pays à LEUR goût. Ils sont absolument convaincus que c’est leur devoir historique de se soulever contre la tyrannie. Ils ne laisseront pas Trump modérer ses actions sans réagir.
Et on ne peut plus rien faire pour les arrêter.
Maintenant, il y a quelque chose en moi qui meurs un peu plus à chaque seconde qui passe, à chaque fille en hijab qui se fait arracher son foulard parce que « Trump a été élu, tu n’as plus le droit de faire ça maintenant ». À chaque étudiant latino qui se fait crier « build the wall! » quand il circule dans les couloirs de son école. Oui, sans joke, c’est déjà commencé.
2000 ans plus tard, vous n’avez toujours rien compris.
Allez tous vous faire foutre, moi inclus. Si Dieu nous a abandonné, c’est avec raison. Nous sommes indignes de lui.
Quand les cendres de l’incendie qui vient d’avoir été allumé auront refroidies, allons nous encore nous asseoir sur l’Histoire et l’ignorer? Ou allons nous enfin comprendre?
Je n’ai plus foi au monde dans lequel on vit. Foutez-y le feu, il ne mérite rien d’autre.
Je dois essayer de croire aux miracles qui auront lieu après la dernière guerre.
There will be miracles
After the last war is won
Science and poetry ruling the new world to come
Prophets and angels
Gave us the power to see
What an amazing future there will be
And in the evening
After the fire and the light
One thing is certain: Nothing can hold back the night
Time is relentless
And as the past disappears
We’re on the verge of all things new
We are two thousand years
-Billy Joel « Two thousand years », 1993
Matante Elise out.
Une réflexion sur “Les promesses du Nouveau Colosse.”