La fin d’une époque.

Ce matin, j’ai pleuré comme une madeleine pendant 10 minutes. Incontrôlablement, sans retenue. Et je me trouvais tellement nounoune de pleurer ainsi. J’ai simplement partagé la caricature d’Ygrek pour le décès de Jacques Parizeau avec un petit message simple pour exprimer mon respect pour l’homme. Et je me suis mise à pleurer.

J’admire beaucoup Jacques Parizeau. C’était un homme brillant, vraiment hyper intelligent. Un architecte de la révolution tranquille, un homme d’idées et de convictions qui n’as jamais fait de compromis avec sa conscience. Mais je n’ai jamais eu d’affection pour lui. Alors pourquoi je me suis mise à pleurer ainsi son départ?

Parce que Jacques Parizeau fait partie d’une part de moi pleine d’idéaux et d’espoirs qui n’existe plus. J’ai encore des idéaux et des espoirs, si vous lisez mes textes, vous savez que je crois fermement en une société ouverte et égalitaire et j’essaie à ma manière de lancer des gouttelettes d’eau pour contribuer à l’océan.

Mais, Parizeau, c’était 1995, j’avais 15 ans, j’étais en histoire du Canada secondaire 4 et j’étais Séparatiste avec un grand S. Oh que je le voulais tu donc mon Pays! J’adorais la politique à l’époque. J’en mangeais, j’en rêvais. J’ai pleuré ce matin, parce que je n’ai plus ces idéaux. Le Pays, c’était en 1996 que je le voulais. Je suis toujours FERMEMENT indépendantiste, très nationaliste, protectrice de ma culture et de ma langue, et le rêve du Pays reste dans le fond de ma pensée, mais référendum demain matin? Je ne voterais pas oui. Je n’ai pas confiance en ceux qui veulent nous donner un pays aujourd’hui, je n’ai pas confiance au Québec que nous avons maintenant pour qu’il devienne un pays. Je ne suis pas la seule, j’en suis certaine.

Je vous dis ça en toute neutralité, un état de choses, je n’ai confiance en aucun des projets de société qui nous sont offerts présentement, tout partis confondus. Le fait que je travailles pour le gouvernement me permets au moins de me dire que je travailles pour le bien du peuple québécois, peu importe qui est en haut.

Mais j’ai le deuil de la fille de 15 ans qui était tellement sûre de ses rêves. Mais je ne la regrette pas. J’aime la femme de bientôt 35 ans qui voit les nuances de gris (fuck E.L. James, elle ne me volera pas mes métaphores qui fittent bien pour illustrer mon idée!), même si c’était tellement plus simple quand tout était noir et blanc.

Des hommes comme Jacques Parizeau, il ne s’en fait plus. C’est normal, et ce n’est pas une mauvaise chose. Le monde change, et les gens doivent changer avec. L’historienne en moi a toujours un œil sur le passé, bien entendu, mais il faut aspirer à un avenir différent, et ce sont des gens différents qui nous amènerons les projets sociaux de demain. Que les idéaux de 2015 soient différents de ceux de 1980 ou de 1995, ce n’est pas une défaite, la stagnation est une mauvaise chose. C’est pour ça que je ne me considèrerai jamais comme une conservatrice (idéologique, pas juste politique).

On a besoin d’un projet nouveau, d’une idée nouvelle. Je dis ceci en toute neutralité, je n’interpelle aucun parti politique, je parle à tout le monde. Nous avons besoin d’un nouveau rêve québécois, on a besoin de se rappeler, toutes idéologies politiques confondues, que le Québec peut et doit se tenir debout.

J’ai aucune idée par où commencer. Mais c’est pour ça que je ne me lance pas en politique.

Au revoir M. Parizeau, bon voyage.

2 réflexions sur “La fin d’une époque.

  1. Le nouveau projet ou rêve du Québec doit être en lien avec l’environnement. Parallèlement, travailler à une meilleure justice sociale serait également une priorité.

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