L’an dernier, la performance de Miley Cyrus aux VMA a créé un scandale énorme aux USA. Ce n’est pas nouveau, les Madonna, Christina et autres Britney ont toutes traversé l’étape où elles passaient de vierges à putains (en fait, dans le cas de la Madone, de « fais à peine semblant d’être vierge » à « putain que je suis putain »).
Cette « merveilleuse » dichotomie existe depuis les temps immémoriaux (le N0uveau Testament n’a-t-il pas sa Marie vierge et sa Madeleine putain, et oubliez les doutes sur la réalité historique de la profession de Marie-Madeleine, ce qui est important ici, c’est le stéréotype). On veut une vierge en public, et une putain au lit.
Vous m’auriez demandé mon opinion sur Miss Cyrus l’an dernier et ma réponse aurait contenu les mots « pathétique », « dégoutant », « désespéré » et « immature ». Maintenant, je vois les choses sous un autre angle. Oh je continue a être convaincue à 100% que la langue de Miley n’est foutrement pas sexy, mais je saute moins aux conclusions faciles sur son habillement et ses actions. En fait, j’ai changé drastiquement d’avis sur le phénomène des « guidounes ».
On parles ici des femmes qui expriment ouvertement leur sexualité en public, sans égard à leurs habitudes sexuelles en privé à ne pas confondre avec les « salopes » qui ont beaucoup de partenaires sexuels. (pour ça, on en parlera dans les billets sur la culture du viol et le slut shaming)
Il y a un an, j’étais plutôt d’accord avec l’avis populaire: une fille qui s’habille et qui agit sexy ne se respecte pas, cherche désespérément l’attention, n’est forcément pas très intelligente, a une personnalité nunuche ou manque de talent et cherche à compenser, a des problème d’estime de soi, est anti-féministe, pathétique, pas jolie etc etc etc.
Puis comme Saul sur le chemin de Damas, j’ai entendu la VOIX: J’ai découvert, non seulement ce qu’était vraiment le féminisme, mais que j’était féministe, que je l’avais toujours été, juste que je ne savais pas que je l’étais (je suis pas naïve ou nounoune, 90% des gens que je connais sont des féministes qui s’ignorent, je vous réfère à mon billet « profession de foi » pour plus de détails et à celui de lundi sur l’éveil de cette conviction suites aux événements d’Isla Vista) . Cette découverte a profondément changé ma façon de penser et m’a poussé à questionner beaucoup de mes réflexes, en particulier en ce qui a trait à ma réaction face aux autres femmes.
Le fait est que nous sommes toutes en compétitions les unes contre les autres. Toutes, qu’on le sache ou non. On s’aime, mais on se juge. Beaucoup plus que les hommes peuvent le faire. Les hommes objectifient les femmes, les femmes les évaluent cruellement, constamment et c’est un système de pensé misogyne. Oui, les femmes sont misogynes.
Nous sommes entraînées depuis notre naissance à être parfaites. On nous montre les « exemples à ne pas suivre » et on les traites de tous les noms, pour nous apprendre à ne pas faire comme elles. Cela a pour effet qu’en grandissant, nous nous policerons les unes les autres à coup d’insultes.
À l’époque moderne, les femmes ont pris de plus en plus leur destin en main et le commerce a pris leur porte-monnaie d’assaut. Comment convaincre ces dames d’acheter ta pilule miracle pour maigrir? En la convainquant qu’elle est trop grosse. Toujours trop grosse. Et trop laide, trop ridée, pas assez blonde, pas assez blanche, pas assez bronzée etc. C’est tellement intériorisé qu’on le voit tous les matins dans notre miroir, et pour se sentir mieux on examine les autres, on décortique leurs défaut, comme s’il fallait toujours prouver qu’il y a plus laide que nous. Parce que personne ne veux être la fille la plus laide du monde.
Le fameux Indice de Masse Corporelle qui est censé nous dire si nous sommes en santé me dit que je suis une obèse morbide. Matante Elise est loin d’être mince, et elle n’a pas un poids santé, mais elle est pas morbidement obèse, ça vous me le ferez jamais avaler. L’IMC tel qu’il est répandu n’est pas réaliste, car il ne tiens pas compte de beaucoup de facteurs, mais il est martelé à tour de bras parce que la minceur idéale est impossible à atteindre et ça fait rouler le commerce cosmétique
Il FAUT ABSOLUMENT ressembler à Scarlett Johansson et Cover Girl est la solution à tous nos problèmes. Mais celles qui on la chance d’avoir la génétique de base qui correspond à l’idéal social sont toutes des salopes parce que, s’il faut toutes essayer d’être belle et sexy, celles qui y arrivent ne peuvent pas être des femmes bien.
Si vous trouvez que cette logique est boiteuse, ouais, elle l’est, pas à peu près. Des deux jambes à part ça.
Je vendrais mon âme pour avoir la shape de Monica Belluci, et je vous garanti mon salaire annuel que si je l’avais, je serais la pire guidoune que vous avez jamais vu dans toute votre vie. Pourquoi?
Parce que je pourrais.
Point à la ligne.
Je ne le fais pas, parce que tout ce que j’ai à montrer, c’est des bourrelets et des vergetures (et beaucoup, beaucoup de poils, rappelez-vous).
J’ai toujours rêvé d’essayer un joli corset tout brodé, je trouves ça joli et féminin et ça donne une poitrine à mourir. Je ne l’ai jamais fait parce que pour en trouver un dans lequel je n’aurais pas envie de mourir pour cause de manque d’oxygène, il faudrait que je me tournes vers le sur-mesure et ça me coûterait les yeux de la tête et mes trois premiers-nés, et je les ai déjà promis à Satan pour un gâteau au fromage cappuccino (ça valait totalement le coup). Les corsets, c’est pas pour les grosses madames comme Matante.
Je n’aurais jamais admis ce fait il y a un an. Parce qu’une femme qui se respecte ne rêve pas de se pavaner en corset, ou de montrer son cul. Miley Cyrus devrait arrêter de se montrer à moitié nue et faire de la VRAIE musique.
Avez vous remarqué que Miley, n’a JAMAIS fait de vraie musique? Elle a d’abord été une actrice. Hanna Montana, c’était du bonbon préfabriqué et prémâché. Britney est dans le même panier, (Rihanna est dans une autre catégorie, mais j’en parlerai une autre fois). Ces femmes sont des entertainers, pas des musiciennes. Et choquer vend. C’est une stratégie de marketing. Et ça marche. Et c’est fucking brillant, parce qu’on est 100% conscients que c’est une gimmick, mais ça continues de marcher pareil. On s’accroche à son collier de perle, on dit que c’est donc pathétique, pauvre fille, mais on fixe l’écran avec fascination et on cliques sur les liens avec le même regard que quand on ralentis sur l’autoroute pour voir la voiture accidenté sur le bord du chemin. Et tant qu’on aura cette réaction, il y aura des guidounes qui vont pousser de plus en plus loin. Et elles ont raison.
Les réseaux sociaux et la téléréalité ont accéléré et développé le processus de façon exponentielle, maintenant, il ne manque que des relations sexuelles réelles en direct au prime time pour vraiment avoir tout vu. C’est la merveilleuse roue de l’objectification de la femme. On veut les voir agir comme des putes, mais on veut aussi les punir de nous donner ce qu’on demande.
Le problème, c’est qu’on blâme ces femmes pour l’objectification. Pourtant, ce n’est pas elle qui s’objectifie, ce sont les gens qui la regardent. (Non, trouver une personne attirante n’est pas l’objectifier, c’est plus complexe et on en parlera dans un autre billet)
La façon dont une femme adulte s’habille, c’est de ses affaires. Vous pouvez interdire à vos filles de s’habiller sexy tant que vous payez leurs vêtements, mais essayez de leur donner une raison intelligente, plutôt que de dire : « parce que t’es pas une salope, tu t’habillera pas en salope ». Vous pouvez simplement dire « parce que c’est moi qui paie et je trouve pas ce vêtement joli. » ou « je trouve que ce vêtement est innaproprié pour une fille de ton âge » si elle est plus grande. C’est tout. C’est le vêtement qui est inapproprié après tout, pas la petite fille qui veut le mettre, en général elle ne sais même pas que c’est inapproprié parce que c’est ce qu’elle voit partout. Il faut faire la différence entre le vêtement et la personne. Évitez de catégoriser les femmes qui portent ces vêtements, les jeunes filles veulent être sexy et veulent s’affirmer, en mettant de gros jugements de valeur sur leur habillement, vous créez une situation de fruit défendu: elle vont avoir encore plus envie d’en porter et vont être encore plus réactionnaires face à celles qui en portent.
Une guidoune n’est pas une mauvaise femme, c’est une femme qui a décidé de s’exprimer à sa façon. Elle a pris sa sexualité en mains. Il y en a qui s’y prennent mal ou qui sont exploitées, c’est vrai. Mais tant qu’elle est adulte et n’est pas forcée de se pavaner en sous-vêtement en public, ce n’est ni dégradant, ni insultant, car c’est son choix. Si ça ne vous plaît pas, il y a une solution toute simple: regardez ailleurs ou changez de poste. De toute façon, peu importe le nombre de couches que vous portez, on est tous tout nus en dessous de notre linge…
Insulter une personne à cause de ses vêtements ou de son sex-appeal et décider à sa place des raisons qui la pousse à porter une jupe au ras des fesses, c’est beaucoup plus révélateur de votre vulgarité que de la sienne.
Vous avez une question dont vous voudriez que Matante discute? Quelque chose vous chicotte et vous aimeriez avoir une opinion ouverte et respectueuse? Écrivez à Matante, votre question sera traitée anonymement sur le blogue. Peu importe le sujet, je suis curieuse et j’aime aider. RealMatanteElise@gmail.com