J’ai des sentiments contradictoires envers Steven Soderbergh. Il a fait des grands films dans sa carrière. C’est définitivement un grand réalisateur avec un style très particulier, un excellent producteur et un homme plein d’idées et de créativité qui n’a pas peur de prendre des risques.
Mais…
On va croiser Soderbergh à trois reprises dans ce Grand Visionnement. Deux des trois films, Haywire et Magic Mike sont bons, sans plus. Le troisième, Side Effect, me donne envie de hurler de rage.
Tous les trois sont passés à un poil de cul d’être géniaux. L’idée derrière chacun de ces films est super bonne et prometteuse, mais Soderbergh rate le coche à chaque coup. Mais il frôle le génie de tellement proche…
Pourtant, il a fait les Oceans, et Erin Brockivich. C’est tellement frustrant.
Bon, commençons par le meilleur et le pire des trois films, dans lesquels Channing a des rôles secondaires. Je me garde Mike pour un billet juste pour lui. Mike Lane mérite qu’on lui donne le maximum d’attention dans ses deux aventures. Et pas juste parce que ça me donne une excuse pour vous mettre des tonnes de photos de Channing en petite tenue…
Ok, les fleurs d’abord.
Haywire (Piégée)
Rôle : Aaron
Mallory Kane travaille pour une agence de mercenaires. C’est une ancienne marine, et une agente extrêmement efficace. Son employeur accepte des contrats privés et gouvernementaux pour des missions secrètes qui ne peuvent être reliées à des agences officielles.
Après une mission de sauvetage d’otage à Barcelone qui devait être sa dernière pour l’agence, Mallory accepte une petite mission de soutien à Dublin. La mission se passe comme prévu, mais Mallory se rend compte qu’on est en train d’essayer de la trahir. Elle doit donc s’échapper d’Irlande et utiliser toutes ses habiletés pour faire éclater la vérité et protéger ses proches.
Pensez Bourne, mais avec une femme.
En fait, c’est exactement ça.
Et c’est le problème, justement.
Avant que je ne commence à chialer, sachez que je trouve ce film très bon et je le recommande fortement. Je ne suis pas en train de vous dire que c’est un mauvais film et je vais essayer de ne pas trop vous donner de détails parce que je veux que vous gardiez des surprises quand vous allez le voir. Le film est extrêmement bien fait. Superbe visuellement, des scènes d’action géniales et j’ai tellement envie de vous dire qu’il est excellent. Il est TELLEMENT PROCHE d’être excellent.
Mais…
Bon, mon plus gros problème avec le film, c’est Mallory Kane. Gina Carano est une légende dans le monde du sport de combat et quand Steven Soderbergh l’a rencontrée, il a tout de suite voulu faire un film avec elle. Il a écrit Mallory Kane et tout ce film spécialement pour elle. Channing a signé pour ce film sans même savoir quel personnage il allait jouer juste parce qu’il est un fan et il voulait travailler avec elle.
Bref, Gina Carano est géniale et vous devriez vous renseigner sur elle, elle est vraiment cool.
Gina est aussi une actrice prometteuse, je ne m’attends pas à ce qu’elle gagne un Oscar un jour, mais elle est à l’aise devant la caméra et elle n’a pas l’air d’un robot. Quand on sait que c’est son premier film et qu’elle tient le rôle principal, sa performance est superbe. Le problème n’est pas là.
Ce qui me gosse chez Mallory Kane, c’est qu’elle n’est pas un personnage féminin. C’est Jason Bourne avec un vagin. Soderberg est très intelligent, mais il ne sait pas écrire des personnages féminins. Il aurait besoin de faire un stage de scénarisation avec James Cameron, Joss Whedon ou Carrie Fisher.
Voyez-vous, je suis totalement pour les personnages féminins badass. J’adore les filles qui ne sont pas des demoiselles en détresse. Mais quand on parle de Buffy Summers, de l’Imperator Furiosa et les Épouses, d’Ellen Ripley ou de Natasha Romanov on parle de FEMMES qui bottent des culs. Mallory Kane est physiquement une femme, mais ce n’est pas un personnage féminin.
Je ne dis pas qu’elle est butch, je dis qu’elle agit et pense comme un homme. Quand elle séduit Aaron (la maudite chanceuse…), c’est limite une scène de « séduction » de film porno. Putain, il lui demande son numéro de téléphone et immédiatement, elle passe au french à pleine bouche et à détacher son pantalon. Ouais, je sais, quand t’as une chance de te taper Channing Tatum, tu sautes dessus, mais tout de même… Ce n’est pas que je n’apprécie pas une femme libérée sexuellement, mais ça sonne plus fantasme masculin que personnage féminin à l’aise avec sa sexualité.
Même chose dans sa discussion avec Kenneth à propos de la mission de Dublin. Elle n’est pas confortable dans une mission où elle doit « porter la robe ». WTF? Tu fais des missions sous couverture, et t’es censée être la meilleure dans ton domaine, ne vient pas me dire que t’as jamais eu à jouer les belles du bal!
Et putain, « porter la robe » c’est pas une faiblesse! J’hais quand les personnages féminins disent ce genre de choses. Encore le putain de stéréotype qui dit qu’une femme doit renoncer à être féminine si elle veut être forte. Quand les féministes disent que les femmes peuvent faire les mêmes choses que les hommes, ça ne veut pas dire qu’elles veulent devenir des hommes! Encore une fois, Buffy et Natasha sont très féminines, mais elles sont toutes les deux puissantes!
Ou pire, on tombe dans le cliché de « elle n’est pas comme les autres filles, elle s’intéresse aux VRAIES choses de la vie, elle ne perd pas son temps en maquillage et soulier à talon haut. » Steven, come on! On a assez de place dans nos jolies petites têtes de filles pour les vraies choses de la vie ET les talons hauts, t’inquiètes pas pour nous…
J’aime beaucoup le cinéma qui essaie de subvertir les genres. Soderbergh l’a essayé ici et il le fait aussi avec Magic Mike en faisant un film sur des hommes objets sexuels. Il a raté le coche dans les deux cas, et je pense que c’est parce qu’il n’a pas compris le problème avec les clichés du genre qu’il essaie de subvertir…
Prenons l’exemple de Buffy Summers. Quand on la regarde objectivement, elle a tout de la blondinette qui meurt en premier dans le film d’horreur. Et c’est le but. Au moment où le monstre se jette sur elle, pensant faire un snack facile, elle se révèle en fait comme une guerrière parfaite. Mais elle reste une jolie blondinette qui aime les robes et le brillant à lèvre. Elle a un cerveau qui peut à la fois faire de la stratégie de niveau militaire et parler garçons avec sa meilleure amie. Si on veut mettre une femme dans un rôle traditionnellement tenu par un homme, fine, parfait, j’approuve 100 %, mais il faut que ce soit une FEMME. Et je pense que c’est là que Soderbergh a raté son coup. Il a écrit l’histoire de Mallory Kane en lui donnant un point de vue d’homme. Ça ne marche pas, on n’embarque pas dans le film à cause d’une dissonance dans le ton du personnage. Et, oui c’est sexiste.
Mais je vous rappelle que le film est bon. L’intrigue est super bien ficelée et il y a des retournements qu’on ne voit pas nécessairement venir et la bande sonore est très cool.
Un dernier point que je veux soulever concernant ce film c’est le personnage d’Aaron. Et là, gros méga avertissement de spoiler, donc vous pouvez arrêter de lire si vous voulez voir le film et revenir après.
Aaron est un parfait exemple de personnage jeté dans le frigidaire. L’expression « woman in refrigirators » est utilisée pour décrire un personnage, très majoritairement féminin, d’où le « woman », dont l’existence dans une histoire ne sert qu’à une chose : mourir afin de provoquer la juste colère du héros qui va aller détruire le méchant en contrepartie. Ça vient d’un site que Gail Simone a créé suite à la mort particulièrement gratuite de la petite amie de Kyle Rayner dans Green Lantern #54.
Ce ne sont pas toujours des femmes qui sont victimes du cliché, Phil Coulson dans le premier Avenger, est mort pour que Tony Stark trouve la conviction de travailler en équipe (quoiqu’il soit plus développé que la moyenne des personnages « fridgé », qui sont généralement dépourvus de personnalité autre que d’être importants aux yeux du héros). Quicksilver dans le dernier Avenger est mort pour que sa jumelle se fâche et pour que Barton apprenne une leçon sur la fragilité de la vie (un parfait exemple, parce qu’à part être le jumeau de Wanda et taper sur le système de Hawkeye, il n’avait pas grand-chose à faire dans ce film). Eh oui, même mon génial Joss est parfois paresseux. Je l’aime quand même mon Joss, il est génial, il n’est pas parfait.
Aaron couche avec Mallory, mais ils ne sont pas amoureux. Toutefois, il est SUPER IMPORTANT, qu’après qu’il soit mort dans ses bras, on ait un gros plan du visage déterminé de Mallory. C’est la goutte qui fait déborder le vase, cette fois, c’est personnel!
Parce qu’elle n’avait pas encore assez de raisons de se venger de Kenneth?
Je ne comprends pas l’utilité de tuer Aaron. Et ce n’est pas que je ne supporte pas de voir Channing mourir, il est mort dans Retaliation et il meurt dans d’autres films sans que ce ne soit aussi random. Sa mort semble essayer d’être significative, mais c’est pas hyper convaincant. Il aurait pu être blessé, pour que Mallory n’ait pas d’allié dans sa quête de vengeance, si Soderberg tenait tant à ce qu’il soit du côté de Mallory, et on aurait eu toute la badasserie des deux dernières scènes quand même. Et tant qu’à fridger un personnage, ben, il me semble que le père de Mallory aurait été plus efficace comme motivation que son one-night stand de Barcelone qui, dois-je le rappeler, a essayé à peine trois ou quatre jours plus tard de la forcer à le suivre littéralement à coups de pied au cul…
Personnage dont l’existence même est dépendante d’une mort inutile juste pour justifier la colère du héros : Woman in Refrigerators. C’est paresseux. J’aime pas ça. Fail Soderberg, fail.
Cela dit, Haywire vaut le visionnement ne serait-ce que pour les scènes de combat, Channing mange une méchante volée au début du film et la sadique en moi a trouvé ça jouissif à voir. Michael Fassbender et Gina nous offrent aussi une superbe bataille dans une chambre d’hôtel, vraiment le fun. Et l’histoire est intéressante et nous tient en haleine. Le film a un style vraiment génial. Plein d’acteurs talentueux aussi, Tatum et Fassbender, mais aussi Antonio Banderas, Michael Douglas, Ewan Mac Gregor et Bill Paxton. Il est sur Netflix.
Bon, on passe au pot maintenant :
Side Effects
Rôle : Martin Taylor
Side Effect m’enrage tellement groupe! Ce film était TELLEMENT BON jusqu’aux dernières 20 minutes!
Mais ces dernières 20 minutes… Oh tabarnak, ces dernières 20 minutes font dégonfler la balloune complètement.
Préparez-vous à une rage nucléaire de matante. Je hais ce film. Le même genre de haine qu’on voue à un amant qui nous a trahis.
Ok, avertissement, ce film est construit pour que vous ne sachiez plus qui sont les gentils et qui sont les méchants jusqu’à la révélation finale. Ce qui veut dire que, lorsque vous aurez lu ce qui va suivre, tout fun que vous auriez à regarder ce film sera irrémédiablement gâché. Donc, vous pouvez aller voir le film sur Netflix si vous aimez les thrillers qui vous tiennent en haleine. Revenez me lire après.
Ok, pour les autres, un petit résumé.
Emily Taylor (Rooney Mara) accueille avec joie la sortie de prison de son mari Martin (Channing), qui a purgé une peine de quatre ans pour délit d’initié. Elle est nerveuse, mais confiante que les choses vont se placer entre eux avec le temps. Martin est extrêmement amoureux de sa femme et très soulagé qu’elle l’ait ainsi patiemment attendu. Il est déterminé à lui redonner la vie qu’ils ont perdue.
Tout semble aller assez bien, compte tenu des circonstances, jusqu’au moment où Emily fonce tout droit dans un mur du stationnement de son lieu de travail. Aux urgences, elle rencontre le Dr Banks (Jude Law, qui est fucking MERVEILLEUX dans ce film) le psychiatre de garde, qui soupçonne que ce n’était pas un accident. Emily confirme qu’elle a déjà eu maille à partir avec la dépression et qu’elle a déjà consulté un thérapeute. Quand le Dr Banks suggère de la garder pour observation, elle insiste pour pouvoir rentrer à la maison. Comme Martin n’a pas encore d’emploi, elle ne peut se permettre d’être absente à son bureau, et elle ne veut pas abandonner son mari si tôt après sa sortie de prison. Elle promet toutefois au Dr Banks, qu’elle ira le voir toutes les semaines pour qu’ils puissent travailler sur sa dépression et éviter que ce genre d’incidents se reproduisent.
Banks lui prescrit des antidépresseurs qui ne fonctionnent pas très bien et ont de graves effets secondaires. Emily lui donne l’autorisation de consulter son ancienne thérapeute le Dr Siebert (Catherine Zeta-Jones). Siebert et lui discutent du cas d’Emily, elle lui confirme qu’elle a essayé plusieurs médications sans succès, Emily est très sensible aux effets secondaires. Elle lui suggère d’essayer un nouvel antidépresseur qu’elle utilise avec certains de ses patients avec de bons résultats.
La nouvelle médication semble efficace, Emily se sent beaucoup mieux, sa relation avec Martin s’améliore énormément, mais elle a des crises de somnambulisme assez intenses. Du style à faire un repas complet en pleine nuit sans s’en rendre compte. Martin est inquiet et veut savoir si on ne pourrait pas trouver un autre médicament pour Emily, mais elle ne veut rien entendre. Après des années, elle a enfin trouvé quelque chose qui fonctionne et elle ne veut pas recommencer la danse des essais-erreur. Dr Banks lui prescrit donc une médication pour contrer les effets secondaires.
Quelques jours plus tard, Martin rentre à la maison et, comme son épouse ne répond pas à ses questions sur le cadeau déposé sur la table du salon, il part à sa recherche. Il la trouve dans la cuisine, dans un état second et elle abandonne les poivrons qu’elle était en train de couper pour planter à répétition son couteau dans le corps de son mari. Martin s’effondre sur le plancher en suppliant sa femme de se réveiller et d’appeler des secours.
Le reste du film tente de démêler l’écheveau de qui s’est passé. Et c’est exécuté de façon BRILLANTE. Ce film touche à tellement de sujets intéressants aussi, la dépression, la croyance aux pilules miracles qui peuvent donner le bonheur, la relation entre les médecins et les compagnies pharmaceutiques, la manipulation médiatique. Vraiment bien fait, on est complètement perdu, on ne sait pas à qui se fier, qui croire jusqu’à la révélation finale.
Et la révélation finale me donne envie de me pitcher en bas d’un pont.
Soderberg a suivi une de ses plus brillantes progressions, un de ses meilleurs films, avec une conclusion tellement clichée, misogyne et homophobe que j’ai hurlé dans mon salon.
Emily n’est qu’une cocotte superficielle qui, frustrée d’avoir perdu sa belle maison et sa vie de riche, manipule les désirs lesbiens cachés de sa thérapeute pour qu’elle l’aide à feindre les symptômes de la dépression, se faire prescrire un médicament expérimental, feindre des effets secondaires de somnambulisme pour pouvoir assassiner son mari sans aller en prison, pendant que sa thérapeute profite de la mauvaise pub pour le médicament pour faire une fortune en actions de compagnies pharmaceutiques.
Tabarnak.
Ok, qu’Emily soit la méchante, good, c’est parfait, elle passe les trois quarts du film à nous convaincre qu’elle est un petit oiseau fragile et malade, la révélation est vraiment cool.
Mais la raison derrière? Sérieusement? Elle aurait la patience d’attendre 4 ans que son mari sorte de prison pour exécuter son plan? C’est pas plus simple de divorcer et se trouver un autre mari riche? Ou épouser sa thérapeute? Les psychiatres qui traitent des patients millionnaires gagnent bien leur vie.
Et la dimension lesbienne? POURQUOI?
Non, sérieux POURQUOI?
Hé, la représentation c’est important, et des personnages gais dans les œuvres de fiction, je suis 100 % pour.
Mais on peut-tu arrêter d’en faire les méchants?
ÊTRE GAI N’EST PAS UN SIGNE DE FAIBLESSE MORALE TABARNAK!
Victoria et Emily auraient pu simplement échafauder ce plan pour le cash, et j’aurais applaudi ce film des deux mains, même avec le cliché de la cocotte superficielle hypergame. Aucun film n’est parfait et la progression est tellement bien faite que j’aurais facilement pardonné cette petite paresse d’écriture.
Mais les lesbiennes méchantes, c’est la goutte qui fait déborder le vase. Elles n’avaient absolument pas besoin d’avoir des relations sexuelles pour monter ce plan. Elles sont toutes les deux intelligentes, le fond de culotte n’avait pas besoin de faire partie de leur relation.
Pendant que j’y pense… La femme de Banks est aussi pas mal hypergame…
Groupe, je pense que Steven Soderbergh a des problèmes avec les femmes…
Anyway, il peut se foutre ce film profondément dans le derrière. En moins de 5 minutes, il est passé de film génial à merde complète et totale. Et c’est ce qui me fait le plus chier. C’est comme si on m’avait offert un repas 5 étoiles avec un Jos-Louis séché comme dessert….
Bon, la semaine prochaine, on va avoir du fun. Matante vous parle d’un de ses films préférés, et probablement de la meilleure comédie d’action que j’ai vue depuis les années 2000 (Ok, j’ai vu ce film en 2013, donc on ne compte pas sa suite qui est sortie l’an dernier ou Kingsman qui est sorti cette année, qui sont encore meilleurs.).
On s’en va faire un tour sur JUMP STREET MUTHAFUCKAS!
FUCK YOU GLEE!
DOVES MAKES YOU LOOK LIKE A BADASS!
YOU SHOT MY DICK OFF!
J’adore ce film!!!!!