Brock Turner est un violeur. Je peux me permettre de l’affirmer, sans détour, car il a été reconnu coupable, de façon unanime, par un jury, de trois chefs d’accusation d’agression sexuelle.
En janvier 2015, Brock a profité de l’état d’ébriété d’une jeune femme pour la traîner derrière un container de vidanges, la coucher par terre sur l’asphalte, lui retirer son cardigan, lever sa robe pour libérer ses seins, lui enlever sa petite culotte, la pénétrer avec ses doigts et j’en passe.
Il serait sans aucun doute allé encore beaucoup plus loin, si deux étudiants suédois qui passaient par là à vélo n’étaient pas intervenus.
Brock a été reconnu coupable, sans l’ombre d’un doute raisonnable.
C’est un fait. Brock Turner est un violeur.
Mais, même avec un jugement de culpabilité, sa victime n’a pas droit à la justice. Le juge a décidé de lui donner une peine bidon de 6 mois avec probation pour « diminuer l’impact d’une sentence complète » (la recommandation de la Couronne était de 6 ans, la peine minimale dans ce genre de cas, la maximale étant de 14 ans), parce que c’était sa première offense, qu’il est jeune et que c’est un champion de nage, qu’il est riche et qu’il est blanc qu’il ne « représente pas un danger immédiat pour le public. »
Sérieusement, on dit aux victimes de parler, de dénoncer, que si on veut que ça change, il ne faut pas garder le silence. Et ensuite, on leur fait traverser l’enfer pendant une ou plusieurs années, et ça fini avec 6 mois avec sursis pour diminuer l’impact d’une vraie sentence. Mais par le fait même, on scrappe encore plus la vie de la victime. Mais fuck la victime, elle avait qu’à pas être au mauvais endroit au mauvais moment.
La victime de Turner avait des témoins de son agression, des preuves médico-légales, un dossier qui à première vue, semble en béton.
Mais, comme elle était inconsciente au moment de l’agression, son témoignage est irrecevable.
Donc, c’est son agresseur qui est le « seul témoin fiable » des événements précédant le moment où elle a été défendue par les deux cyclistes. Et son récit a changé drastiquement entre le moment où il a été arrêté, et celui où il a appris que sa victime ne se souvenait pas bien des événements.
Mais ce n’est pas suspect du tout ça…
Encore aujourd’hui, même avec un verdict de culpabilité hors de tous doutes, Turner et son père ne parlent que d’une erreur de jugement et de promiscuité causée par l’alcool. Il est complètement incapable de comprendre qu’il est responsable de ses actes et qu’il a fait quelque chose d’horrible. Pour lui, c’est un oups! d’ivrogne, comme s’il avait vomi sur le tapis du salon. On paie pour le nettoyage, on s’excuse et on passe à autre chose. Il est une pauvre victime qui s’est fait attaquer sans raison par deux cycliste enragés pendant qu’il faisait une séance de touche-pipi tout ce qu’il y a de plus normale avec une fille endormie derrière un container à vidange.
Ce con parle même d’aller faire des conférences dans les écoles secondaires pour prévenir les jeunes des dangers de l’abus d’alcool!
Et son père. Oh calisse de tabarnak son ostie d’écœurant de trou de cul de père, Dan Turner, qui fait le tour des journaux en disant que son fils paie « un prix fort pour vingt minutes d’action » et qu’il « n’a jamais été violent, même lors de cette soirée-là ».
La victime avait des bleus et des abrasions partout sur le corps, mais comme elle était inconsciente, ce n’est pas violent?
AVEC UN OSTIE DE NARCISSIQUE DÉCONNECTÉ DE LA RÉALITÉ COMME ÇA POUR L’ÉLEVER, PAS ÉTONNANT QUE BROCK TURNER SOIT DEVENU UN VIOLEUR QUI S’IGNORE.
Vous voulez savoir à quoi ressemble la culture du viol? Lisez la déclaration de la victime à la cour après la sentence. C’est une lecture difficile, mais essentielle. Cette jeune femme est impressionnante par son honnêteté, son courage, sa dignité et sa générosité. Elle me laisse sans voix.
http://www.buzzfeed.com/katiejmbaker/heres-the-powerful-letter-the-stanford-victim-read-to-her-ra
Je lève mon chapeau à sa famille (incluant son conjoint), en particulier sa sœur, qui l’ont soutenue sans faille et, surtout, aux deux jeunes hommes qui, ce soir-là, ont pris la décision de se « mêler de ce qui ne les regardaient pas ». Il faut plus de gens comme eux pour combattre les Brock Turner de ce monde.
Après le procès Ghomeshi, celui de Kesha contre Dr Luke, et 98% d’autres procès pour viols qui se terminent par un verdict de non culpabilité (je vous rappelle que seulement 7% des cas d’accusations de viol se retrouvent devant les tribunaux et seulement 4% des accusations sont fausses) on se dit qu’enfin un jury a crû la victime, et a reconnu un agresseur pour ce qu’il était. Mais même là, encore une fois, c’est la victime qui a payé le prix fort.
Il faut partager, et parler de ce cas, même s’il est dans un autre pays, c’est la même chose ici et vous le savez, ne vous mettez pas la tête dans le sable. Tant qu’on va continuer de protéger l’innocence jusqu’à preuve du contraire de l’accusé (ou l’accusée), sans offrir le même bénéfice du doute à la victime, tant que toutes les excuses sont bonnes pour diminuer la porté du geste, ou pour accuser la victime de «n’avoir pas sû se protéger» (dans le cas qui nous occupe, la consommation d’alcool de Brock excuse son geste, alors que celle de la victime l’aurait mise« en position de se faire abuser») c’est toujours la victime qui va payer, peu importe l’issue du procès.
Je crois à la présomption d’innocence, c’est un principe de base essentiel de notre système de justice. Cependant, dans les cas de violence sexuelle, et ce, peu importe le sexe de l’agresseur présumé et celui de la victime présumée, la victime est considérée comme coupable de mensonge jusqu’à preuve du contraire. Ce n’est pas un défaut de notre système de justice, c’est un handicap de notre société.
C’est la culture du viol, un système de pensé pernicieux qui résulte de l’importance et du tabou simultané qui entourent la sexualité dans notre société. On traite le sexe comme un droit acquis, on banalise les agressions sexuelles dans les œuvres de fiction (le viol est rendu un cliché facile pour choquer le public et provoquer une réaction du héros ou de l’héroïne) et on refuse d’en parler ouvertement de façon sérieuse et intelligente, que ce soit dans les écoles ou sur les réseaux sociaux. On n’apprend pas à nos enfants où se trouve la ligne entre le consentement et l’agression. On excuse avec toutes les raisons possibles et imaginables. Et on trouve toutes les excuses pour diaboliser les victimes : elles cherchent l’attention, elles ont eu une relation consentante, mais elles la regrettent et ne veulent pas passer pour une salope, elles veulent se faire de l’argent etc, etc, etc.
Pour ma part, je crois les victimes, jusqu’à preuve du contraire. Il est absolument possible de faire ça sans pour autant lyncher l’accusé. Il suffit simplement d’écouter, en FERMANT SA GUEULE ET EN GARDANT SES COMMENTAIRES POUR SOI.
Et en évitant de lire ou écouter les imbécilités de mononcles “experts” en agressions sexuelles comme Martineau et Duhaime.

Keep preaching the Good Word, Tina.
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