Parlons de Brock Turner

Brock Turner est un violeur. Je peux me permettre de l’affirmer, sans détour, car il a été reconnu coupable, de façon unanime, par un jury, de trois chefs d’accusation d’agression sexuelle.

En janvier 2015, Brock a profité de l’état d’ébriété d’une jeune femme pour la traîner derrière un container de vidanges, la coucher par terre sur l’asphalte, lui retirer son cardigan, lever sa robe pour libérer ses seins, lui enlever sa petite culotte, la pénétrer avec ses doigts et j’en passe.

Il serait sans aucun doute allé encore beaucoup plus loin, si deux étudiants suédois qui passaient par là à vélo n’étaient pas intervenus.

Brock a été reconnu coupable, sans l’ombre d’un doute raisonnable.

C’est un fait. Brock Turner est un violeur.

Mais, même avec un jugement de culpabilité, sa victime n’a pas droit à la justice. Le juge a décidé de lui donner une peine bidon de 6 mois avec probation pour « diminuer l’impact d’une sentence complète » (la recommandation de la Couronne était de 6 ans, la peine minimale dans ce genre de cas, la maximale étant de 14 ans), parce que c’était sa première offense, qu’il est jeune et que c’est un champion de nage, qu’il est riche et qu’il est blanc qu’il ne « représente pas un danger immédiat pour le public. »

http://www.theguardian.com/us-news/2016/jun/02/stanford-swimmer-sexual-assault-brock-allen-turner-palo-alto

Sérieusement, on dit aux victimes de parler, de dénoncer, que si on veut que ça change, il ne faut pas garder le silence. Et ensuite, on leur fait traverser l’enfer pendant une ou plusieurs années, et ça fini avec 6 mois avec sursis pour diminuer l’impact d’une vraie sentence. Mais par le fait même, on scrappe encore plus la vie de la victime. Mais fuck la victime, elle avait qu’à pas être au mauvais endroit au mauvais moment.

La victime de Turner avait des témoins de son agression, des preuves médico-légales, un dossier qui à première vue, semble en béton.

Mais, comme elle était inconsciente au moment de l’agression, son témoignage est irrecevable.

Donc, c’est son agresseur qui est le « seul témoin fiable » des événements précédant le moment où elle a été défendue par les deux cyclistes. Et son récit a changé drastiquement entre le moment où il a été arrêté, et celui où il a appris que sa victime ne se souvenait pas bien des événements.

Mais ce n’est pas suspect du tout ça…

Encore aujourd’hui, même avec un verdict de culpabilité hors de tous doutes, Turner et son père ne parlent que d’une erreur de jugement et de promiscuité causée par l’alcool. Il est complètement incapable de comprendre qu’il est responsable de ses actes et qu’il a fait quelque chose d’horrible. Pour lui, c’est un oups! d’ivrogne, comme s’il avait vomi sur le tapis du salon. On paie pour le nettoyage, on s’excuse et on passe à autre chose. Il est une pauvre victime qui s’est fait attaquer sans raison par deux cycliste enragés pendant qu’il faisait une séance de touche-pipi tout ce qu’il y a de plus normale avec une fille endormie derrière un container à vidange.

Ce con parle même d’aller faire des conférences dans les écoles secondaires pour prévenir les jeunes des dangers de l’abus d’alcool!

Et son père. Oh calisse de tabarnak son ostie d’écœurant de trou de cul de père, Dan Turner, qui fait le tour des journaux en disant que son fils paie « un prix fort pour vingt minutes d’action » et qu’il « n’a jamais été violent, même lors de cette soirée-là ».

La victime avait des bleus et des abrasions partout sur le corps, mais comme elle était inconsciente, ce n’est pas violent?

AVEC UN OSTIE DE NARCISSIQUE DÉCONNECTÉ DE LA RÉALITÉ COMME ÇA POUR L’ÉLEVER, PAS ÉTONNANT QUE BROCK TURNER SOIT DEVENU UN VIOLEUR QUI S’IGNORE.

Vous voulez savoir à quoi ressemble la culture du viol? Lisez la déclaration de la victime à la cour après la sentence. C’est une lecture difficile, mais essentielle. Cette jeune femme est impressionnante par son honnêteté, son courage, sa dignité et sa générosité. Elle me laisse sans voix.

http://www.buzzfeed.com/katiejmbaker/heres-the-powerful-letter-the-stanford-victim-read-to-her-ra

Je lève mon chapeau à sa famille (incluant son conjoint), en particulier sa sœur, qui l’ont soutenue sans faille et, surtout, aux deux jeunes hommes qui, ce soir-là, ont pris la décision de se « mêler de ce qui ne les regardaient pas ». Il faut plus de gens comme eux pour combattre les Brock Turner de ce monde.

Après le procès Ghomeshi, celui de Kesha contre Dr Luke, et 98% d’autres procès pour viols qui se terminent par un verdict de non culpabilité (je vous rappelle que seulement 7% des cas d’accusations de viol se retrouvent devant les tribunaux et seulement 4% des accusations sont fausses) on se dit qu’enfin un jury a crû la victime, et a reconnu un agresseur pour ce qu’il était. Mais même là, encore une fois, c’est la victime qui a payé le prix fort.

Il faut partager, et parler de ce cas, même s’il est dans un autre pays, c’est la même chose ici et vous le savez, ne vous mettez pas la tête dans le sable. Tant qu’on va continuer de protéger l’innocence jusqu’à preuve du contraire de l’accusé (ou l’accusée), sans offrir le même bénéfice du doute à la victime, tant que toutes les excuses sont bonnes pour diminuer la porté du geste, ou pour accuser la victime de «n’avoir pas sû se protéger» (dans le cas qui nous occupe, la consommation d’alcool de Brock excuse son geste, alors que celle de la victime l’aurait mise« en position de se faire abuser») c’est toujours la victime qui va payer, peu importe l’issue du procès.

Je crois à la présomption d’innocence, c’est un principe de base essentiel de notre système de justice. Cependant, dans les cas de violence sexuelle, et ce, peu importe le sexe de l’agresseur présumé et celui de la victime présumée, la victime est considérée comme coupable de mensonge jusqu’à preuve du contraire. Ce n’est pas un défaut de notre système de justice, c’est un handicap de notre société.

C’est la culture du viol, un système de pensé pernicieux qui résulte de l’importance et du tabou simultané qui entourent la sexualité dans notre société. On traite le sexe comme un droit acquis, on banalise les agressions sexuelles dans les œuvres de fiction (le viol est rendu un cliché facile pour choquer le public et provoquer une réaction du héros ou de l’héroïne) et on refuse d’en parler ouvertement de façon sérieuse et intelligente, que ce soit dans les écoles ou sur les réseaux sociaux. On n’apprend pas à nos enfants où se trouve la ligne entre le consentement et l’agression. On excuse avec toutes les raisons possibles et imaginables. Et on trouve toutes les excuses pour diaboliser les victimes : elles cherchent l’attention, elles ont eu une relation consentante, mais elles la regrettent et ne veulent pas passer pour une salope, elles veulent se faire de l’argent etc, etc, etc.

Pour ma part, je crois les victimes, jusqu’à preuve du contraire. Il est absolument possible de faire ça sans pour autant lyncher l’accusé. Il suffit simplement d’écouter, en FERMANT SA GUEULE ET EN GARDANT SES COMMENTAIRES POUR SOI.

Et en évitant de lire ou écouter les imbécilités de mononcles “experts” en agressions sexuelles comme Martineau et Duhaime.

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Keep preaching the Good Word, Tina.

Vous avez une question dont vous voudriez que Matante discute? Quelque chose vous chicotte et vous aimeriez avoir une opinion ouverte et respectueuse? Écrivez à Matante, votre question sera traitée anonymement sur le blogue. Peu importe le sujet, je suis curieuse et j’aime aider. RealMatanteElise@gmail.com

Les Zexperts

Quand j’ai vu ceci:

J’ai tout de suite pensé à ceci:

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Preach, Sister!

Si Saint-Richard le Grand Penseur d’une Génération avait passé 5 minutes sur Google à faire des recherches sur les conséquences d’une agression sexuelle, il aurait entendu parler d’un phénomène très répandu chez les victimes de traumatisme: Le déni.

Une victime d’agression sexuelle NE VEUT PAS être une victime d’agression sexuelle. Ce genre de chose ne lui arrive pas, pas à elle, ça arrive aux filles qui ne font pas attention, qui se saoulent, qui portent des robes courtes, qui se promènent dans un stationnement désert à 3h du matin. Pas à elle.

Alors elle rationalise, elle relativise, elle « normalise ».

Le lien ci-haut vous mènera à une BD crève coeur dans laquelle l’auteur raconte comment elle a fait à déjeuner à son violeur le lendemain de son aggression. Oeuf, toast, bacon. Pas parce qu’elle avait peur qu’il ne soit violent avec elle, mais parce qu’elle voulait croire à une autre histoire que celle qui venait de lui arriver.

Beaucoup de victimes réagissent comme ça, elle vont sortir avec leur violeur, parce que si elles sont en couple avec lui, alors, l’agression n’est pas vraiment arrivée, non? C’est juste un chum qui avait trop le goût et qui ne pouvais plus s’arrêter, c’est juste qu’elle ne lui a pas dit non assez clairement, c’est pas VRAIMENT un viol, elle n’est pas une VICTIME.

Une victime, ça pleure tout le temps, c’est en position foetale dans la douche en train de pleurer, ça se coupe du monde, ça se laisse aller, ça porte un sac de jute et ça a le visage hanté par ses démons.

Hollywood aime nous montrer le viol. C’est choquant, ça fait réagir. Il y a deux sortes de viol à Hollywood:

Celui qui est tellement normalisé que c’est pratiquement la seule sorte de relation sexuelle que les femmes (Game of Thrones) ou les hommes (Sons of Anarchy) ont dans l’univers de la série. (J’adore ces deux séries, alors venez pas me tapper dessus à cause de ce commentaire, billet à venir: Ton film préféré est fucking raciste, mais c’est correct, ou comment Matante assume son obsession pour X-13). Tout le monde se fait violer, et ils sont tristes pendant un épisode, se vengent dans le deuxième et ensuite tout rentre dans l’ordre. (Exception faite de Gemma dans SOA, mais c’est les hommes qui ont la réaction clichée suite à leur aggression dans cette série)

Et tu as celui qu’on voit à Canal Vie, la pauvre victime qui après son agression, se coupe les cheveux, porte du linge trop grand, déménage dans une autre ville et refuse de se laisser approcher par qui que ce soit pendant des années jusqu’au jour où un homme patient avec un pénis magique la guérit de son traumatisme.

Et c’est celle-là, celle qui porte son traumatisme comme une affiche d’homme-sandwich qui est une femme qui s’est « VRAIMENT faites violer » pour citer Richard « Einstein était une cervelle d’oiseau comparé à moi » Martineau.

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Tina, tu me fais du bien!

Dans le cas de Martineau-la-huitième-merveille-du-monde, ce genre de commentaire ne m’étonne pas.  Il est généralement à côté de la plaque, comme quand il DEMANDE aux autoritées de la religion musulmane de déconcer publiquement le terrorisme et qu’il ironise sur le fait que les musulmans ne font pas de sortie publique pour désavouer l’EI.

C’est vrai que les catholique sont sortis EN MASSE dans les rues pour dénoncer l’IRA dans les années 70. Et que les chrétiens blancs d’Amérique sortent souvent en publique pour dénoncer HAUT et FORT le KKK. Il est sur Twitter, le twit, mais il ne suis pas bcp de musulmans pour dire qu’ils ne dénoncent pas l’EI, ils le font TOUS. LES. JOURS.

Et en passant, l’Islam n’as pas d’autoritées, ni de tête dirigeante. C’est justemement le problème numéro un de l’EI. Le Caliphe n’est pas RECONNU comme une figure d’autorité par la majorité des musulmans. L’Islam est une religion directe, sans prêtre, les imams sont des directeurs de prières, ils peuvent donner leur avis, mais ce ne sont pas l’équivalent des curés ici, le conduit entre le pratiquant et Allah est sans intermédiaires. Donc, pas de curé, d’éveque, d’archéveque, de cardinal ou de Pape pour « dénoncer au nom de la religion musulmane ». Bref,

old

Richard Martineau, mesdames et messieurs.

Mais revenons en au proces Ghomeshi (j’ai découvert cet après-midi que j’ai mal écrit son nom partout depuis une semaine, oh well…).

Est-il possible que Lucie DeCoutiere et les deux autres victimes aient menti?

Oui, c’est possible, les études ont en effet prouvé que les fausses accusations de viol existent.

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Qu’est-ce que ça veut dire? Ça veut dire que 96% des accusations sont vraies.

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Alors pourquoi on saute sur la moindre petite donnée qui ne colle pas pour accuser ces femmes de mentir? Pourquoi on hurle à leur face « INNOCENT JUSQU’À PREUVE DU CONTRAIRE »? (Attention, je parles ici des présumées VICTIMES, oui, l’accusé ne doit pas être lynché sur la place publique, c’est le procès qui va déterminer sa culpabilité. Mais ne dites pas ça aux victimes, calvaire!)

La victime, elle aussi, est innocente jusqu’à preuve du contraire. Pourquoi l’accuser à premier abord de vouloir détruire la vie d’un homme pour une raison x ou y?

D’ailleurs, parlons-en donc de ces sois-disant raisons.

L’avocate de Ghomeshi, et ceux de Bill Cosby, disent que les accusatrices veulent se servir de ces accusations pour se faire de la publicité, et aider leurs carrières.

Ok. donnez-moi le nom D’UNE SEULE femme qui a fait carrière après avoir accusé quelqu’un de l’avoir violée?

Madona? Nop, elle n’a parlé de l’agression sexuelle qu’elle a subi qu’après être devenue une superstar.

Nathalie Simard? Ah, mais non! Elle c’était une VRAIE victime, ça compte pas. Et elle a pas vraiment fait une grande carrière après…

Ouais, non, une accusation d’avoir été agressée sexuellement, c’est pas vraiment avantageux pour la fille. Souvent, sa carrière va être foutue, si l’agresseur est un proche, la famille va être scrap, et si l’agresseur a été exhonéré (et même parfois quand il a été reconnu coupable), il n’y a pas grand homme qui va vouloir l’approcher, de peur de se faire accuser à son tour.

C’est ta parole contre celle de ton agresseur. Et lui, il a vu Fatal Attraction et Disclosure, et il va convaincre tout le monde que tu es Glen Close ou Demi Moore.

Et c’est facile en tabarnak. Parce que les Mononcle Richard Martineau n’attendent que le moment où tu vas bégayer pour hurler « AH! HA! JE L’SAVAIS! C’EST UNE MAUDITE MENTEUSE DE MARDE QUI VA DÉTRUIRE UN PAUVRE HOMME ET NUIRE AUX VRAIES VICTIMES QUI PLEURENT DANS LEUR SAC DU JUTE! »

Est-ce que Lucie DeCoutiere a menti en accusant Jian Ghomeshi d’agression? C’est possible.

Est-ce que le courriel qu’elle lui a envoyé le lendemain PROUVE qu’elle a menti?

NON

Est-ce que Richard Martineau a le droit ou la responsabilité de déterminer la culpabilité ou l’innocence de Jian Ghomeshi?

Allah soit béni, pas du tout, pas même un peu.

Matante Elise Out.

Vous avez une question dont vous voudriez que Matante discute? Quelque chose vous chicotte et vous aimeriez avoir une opinion ouverte et respectueuse? Écrivez à Matante, votre question sera traitée anonymement sur le blogue. Peu importe le sujet, je suis curieuse et j’aime aider. RealMatanteElise@gmail.com

 

L’éternelle controverse.

Manifestations pro-vie à Kingston avec des pancartes d’un goût douteux.

Des facteurs de la Saskatchewan refusent de livrer un dépliant choquant du Canadian Centre for Bio-ethical Reform

Elizabeth Warren, sénatrice du Massachusetts, à propos de la proposition de couper les subsides fédéraux à Planned Parenthood

La loi provinciale du Nouveau-Brunswick limite le financement des interventions d’avortement et a précipité la fermeture de la clinique Morgentaler de Fredericton.

Tous ces articles datent de moins d’un an et demi. En fait, les trois premiers datent de moins d’un mois…

On est en 2015. Ça fait 25 ans que les lois criminalisant l’avortement sont officiellement considérées comme anticonstitutionnelles.

CE DÉBAT NE DEVRAIT MÊME PAS AVOIR LIEU AU CANADA. NI DANS AUCUN PAYS PRÉTENDANT ÊTRE CIVILISÉ.

Et pourtant…

Écoutez, on va mettre une chose très au clair dès le départ. Vous avez totalement le droit de ne pas aimer les avortements. C’est poche un avortement. C’est triste. C’est horrible.

Mais c’est foutrement pas de vos affaires.

Je suis férocement pro-choix.

Attention, je ne suis pas proavortement, personne d’humain n’est proavortement. Oubliez la propagande qui traite les gens qui défendent le droit à l’avortement de tueurs de bébés. Personne n’a envie de tuer des bébés. Personne ne trouve les avortements drôles (à part Seth MacFarlane, mais ça fait un bout qu’il n’a plus d’âme à perdre).

Je suis pro-CHOIX.

Aucune clinique Morgentaler ne court après les femmes enceintes pour leur vanter les avantages à se débarrasser de leur bébé. Personne à Planned Parenthood aux États-Unis ne va suivre un résultat positif à un test de grossesse par un « Bon ben, couche-toi là, écartes les jambes, je vais chercher la balayeuse ».

Aucun médecin, aucune infirmière, aucun travailleur social, aucun bénévole qui a le moindrement d’empathie ne vas encourager quelqu’un à subir un avortement. Au pire, ils vont le suggérer si la grossesse représente un risque pour la vie de la mère. Leur mission n’a JAMAIS été de tuer des bébés. Leur but n’est JAMAIS d’interrompre les grossesses. Leur mission, c’est d’aider les femmes en détresse.

C’est très difficile un avortement, ça fait mal, physiquement et psychologiquement, c’est traumatisant et ça brise le cœur. Aucune femme que je connais qui en a subi un, aucune dont j’ai lu le témoignage, n’a dit être ressortie de là le cœur léger. Certaines sont soulagées une fois que c’est fait, mais elles sont toutes infiniment tristes. Elles ne trouvent pas ça drôle ou facile. Elles ne souhaitent pas renouveler l’expérience non plus.

Oubliez le cliché de la fille facile avec sa carte de fidélité (9 avortements à notre clinique, le dixième et gratuit et vous aurez une belle tasse à café en prime!). C’est de la foutaise.

Personne n’a envie de passer par là. Personne d’humain ne souhaite que quelqu’un passe par là.

Sur Twitter quelqu’un a comparé ça au divorce. Personne n’aime les divorces, c’est horrible un divorce, ça brise le cœur, ça bouleverse une vie, ça explose une famille. Mais c’est parfois nécessaire, parce que la santé mentale, physique ou la sécurité des personnes sont en danger.

Pourtant, à écouter les groupes pro-vie, toutes les cliniques d’avortement sont des endroits où on leurre des femmes pour leur arracher contre leurs grés les bébés à terme du ventre et les vendre à des restos chinois pour faire des spare-ribs. Toutes les femmes qui ont subi un avortement sont des putes irresponsables et sans cœur qui se foutent complètement de la vie qui grandit en elle.

Elles ne s’en foutent pas, croyez-moi, sauf exception (les sociopathes, ça existe), les femmes qui passent par cette épreuve ne se foutent absolument pas de l’amas de cellules qui se divise dans leur utérus.

De toute façon, la plupart des groupes pro-vie ne sont pas du tout intéressés à protéger ces enfants. En fait, le terme pro-vie est incorrect. Ces groupes sont pronaissance.

Parce qu’ils n’ont rien à foutre de cet enfant-là une fois qu’il est né. Ils parlent de la sainteté de la vie, mais seulement quand elle ne les incommodent pas.

Les membres des groupes pro-vie viennent des mêmes milieux qui trouvent que le salaire minimum ne devrait pas augmenter, que les gens qui travaillent dans les McDonalds devraient aller travailler ailleurs s’ils trouvent que leur salaire n’est pas assez élevé pour vivre, que le soutien aux familles sous le seuil de la pauvreté les encourage à rester pauvres, qu’on devrait interdire aux enfants séropositifs de fréquenter les écoles publiques, et que l’éducation sexuelle à l’école détruit la fibre morale des jeunes.

Ouais, ils ne veulent pas que leurs enfants apprennent l’existence de la contraception, bref, leur éviter d’avoir à prendre la décision de garder ou non un bébé non prévu.

Oh, et ils sont généralement aussi pour la peine de mort et contre le contrôle des armes à feu. Parce qu’une fois qu’il est né, c’est free range pour la chasse aux déchets de la société.

Non, pour eux ces enfants sont sacrés tant qu’ils ne deviennent pas un « fardeau pour la société ». Mais quand ils sont rendus là, ce ne sont plus des petits bébés.

Et ils se foutent encore plus de la mère. Leur rhétorique se résume souvent à accuser la femme d’être une irresponsable et à vouloir l’obliger à « vivre avec les conséquences de ses erreurs. »

Parce que la vie d’un enfant devrait être une punition.

Parce qu’elle aurait dû garder ses jambes bien collées l’une contre l’autre.

Ou parce qu’elle n’aurait pas dû provoquer son violeur.

Ou parce que c’est elle qui a choisi de tomber en amour avec un écœurant qui la bat. Et puis, qui sait, peut-être qu’un bébé le fera changer? Ça a fonctionné dans 50 Shades of Shit après tout!

Je ne pourrai jamais être d’accord avec ce genre de logique.

Je n’encourage personne à subir un avortement. Je ne souhaite cette expérience à personne. C’est une véritable tragédie.

Je ne suis absolument pas proavortement.

Mais si à un moment donné, dans votre vie, vous devez passer par là, je défendrai toujours votre droit à choisir cette solution, et votre droit d’y avoir accès dans le respect et la compassion.

Ce n’est pas à moi d’être d’accord ou non avec votre décision. Que je sois pour ou contre les avortements importe peu. En fait, ça n’importe pas du tout.

Votre corps, votre vie, votre CHOIX.

C’est ça que je défends.

Vous avez une question dont vous voudriez que Matante discute? Quelque chose vous chicotte et vous aimeriez avoir une opinion ouverte et respectueuse? Écrivez à Matante, votre question sera traitée anonymement sur le blogue. Peu importe le sujet, je suis curieuse et j’aime aider. RealMatanteElise@gmail.com

Grand Visionnement 2015 Partie Quatre : Tom Hardy: Lawless/Mad Max: La route du Chaos

Ok, aucun acteur n’as de c.v. parfait, tout le monde a sa part de navets.

Lawless (Des hommes sans loi)

Rôle: Forest Bondurant

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Lawless n’est pas merdique, mais c’est pas un bon film. C’est très frustrant, parce que ça aurait dû être un bon film, les éléments étaient tous là, mais le scénario tombe à plat et la réalisation est hyper poche.

C’est l’histoire (basé sur des faits vécus) de trois frères: Howard (Jason Clarke), Forest (Hardy) et Jack (Shia LaBeouf) Bondurant, des « moonshiners » (fabriquants d’alcool de contrebande) en pleine prohibition.

Le héros du film est Jack, mais Hardy et Jessica Chastain, qui joue Maggie Beaufort, la serveuse du resto des frères Bondurant qui fini par épouser Forest, volent totalement la vedette à LaBoeuf. C’est ces deux acteurs hyper talentueux qui rendent ce film potable.

Pourquoi j’aime pas Lawless? Je pouvais prédire ce qui allait arriver au fur et à mesure du film, ce qui n’est pas nécessairement un défaut irréparable, mais quand les dialogues sont ridicules (non, sérieux, ils parlent comme dans un putain de livre, c’est zéro naturel), la prédictabilité du récit fait couler le navire au fond de l’eau.

Et le méchant caricatural tout droit sorti d’un mauvais roman de gare surjoué par Guy Pearce. Seigneur! Ça nous sort complètement de l’histoire.

Et, pour courronner le tout, l’apparition de mon pet-peeve préféré, le « viol inutile rajouté pour rien dans le scénario. » Christ! Les deux mafieux avaient déjà tranché la gorge de Forest, et il était assez en colère pour les castrer à froid, ça servait en quoi l’histoire qu’ils aient violé sa blonde et qu’elle ne lui avoue qu’après qu’il se soit déjà vengé?

La violence sexuelle gratuite est, selon moi, la marque de commerce des créateurs paresseux.

Sur Netflix en anglais.

Bon, je descend de ma boîte à savon et on va parler d’un film SANS violence sexuelle gratuite.

Le 18 mai dernier, mon cousin Georges et moi nous installions dans la salle vide du cinéma Lumière à Sainte-Marie pour voir un bon film d’action comme on les aimes. Nous avons passé deux heures a jumper de nos sièges et a hurler de joie dans la salle de cinéma, devant la pure merveille cinématographique que nous avons eu le privilège de voir défiler devant nos yeux.

Mad Max: La route du Chaos (Mad Max: Fury Road)

Rôle: Max Rockatansky

Mad Max
Mon billet originel sur ce film

VOUS

DEVEZ

VOIR

CE

FILM.

Je ne referai pas un texte sur le film en tant que tel, vous n’avez qu’a lire mon post original, mais on va parler du personnage de Max et de la performance de Tom.

Cependant, pour ceux qui ne veulent pas lire le billet orginal:

Et surtout, surtout:

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Ce mec, je vous dis pas, c’est la VRAIE vedette de ce film.

Alors, où se situe Max dans cet Opéra Visuel Grandiose?

Il est déhumanisé, en choc post-traumatique intense, et il est en

Ta.bar.nak.

Il est au même point que les 5 épouses et Furiosa, un être à qui on a enlevé toute humanité, utilisé comme un objet destiné à être jeté après avoir terminé sa vie utile. Plus de voiture, de manteau, de nom, tatoué avec les infos de bases sur ses caractéristiques et enfermé. Une poche de sang pour le Conducteur Nux, il finit muselé et attaché à l’avant de la voiture de Nux, qui veut participer à la chasse aux épouses et « mourir glorieux sur la route du Chaos ». Pendant la première portion du film, Max est un animal enragé. Hardy est un expert en la matière et on croit totalement que le personnage est à moitié fou.

Une fois passé la confrontation initiale (qui dure genre, 5 minutes entre le moment où Furiosa et Max essaient de faire sauter la cervelle de l’autre et celui où Furiosa passe le volant à Max pendant qu’elle tire au shotgun du toit ouvrant du camion et qu’il recharge l’arme pour elle) Max agit de façon pragamatique. Il n’aide pas les femmes par esprit chevalresque ou parce qu’il pense qu’elles ont besoin de protection (la volée MONUMENTALE que Furiosa lui sacre à son arrivé est une bonne preuve qu’elles sont déjà bien défendues), mais bien parce que c’est sa meilleure chance de survie.

MMFR

Pas de temps à perdre a prouver ma masculinité, on a des culs à botter. Je pense que t’es encore meilleure que moi là-dedans, alors je vais conduire.

Et à la fin du film, alors que Furiosa et les, ben je pense que le mot juste à ce moment du film est « les veuves » ont trouvé leur espoir et leur rédemption, Max repart de son côté. Il n’a pas trouvé sa propre rédemption et son espoir, mais il a au moins trouvé par où commencer à chercher.

♫ Il s'peut qu'un beau jour, Je me repose enfin, Jusqu'à ce jour, Je poursuit mon parcours. ♫ Qui se souvient du Vagabon. Ouais, je suis vieille, je sais...

♫ Il s’peut qu’un beau jour, Je me repose enfin, Jusqu’à ce jour, Je poursuit mon parcours. ♫ Qui se souvient du Vagabond? Ouais, je suis vieille, je sais…

Tom Hardy est un spécialiste de l’évolution de personnages (comme on le verra dans un prochain billet) et ce talent est bien exploité par Miller ici. L’évolution de Max se fait tellement subtilement qu’on ne s’en rend compte qu’à la fin du film, mais on a pas l’impression que c’est bâclé ou que ça sort de nulle part. C’est le résultat logique de l’histoire et le talent de Tom est tout à fait indiqué pour ce genre de personnage. Le jeu est très physique, pas seulement parce que c’est un film d’action, mais aussi parce que le personnage est quasi muet, il dit moins de 10 répliques dans tout le film. Donc la pensé et les émotions du personnage passent toutes par son expression. Une excellente performance.

Et, pour finir, la seule chose au monde qui peut améliorer ce film:

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Viens de terminer sa run en salles, mon Blu-Ray est déjà précommandé sur Amazon.

Prochain billet: Un film HORRIBLE, un film bof et un excellent film.

This Means War, Star Trek Nemesis et Warrior.

TÉMOIGNEZ!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

J’essaie de ne pas me borner à être une activiste dénonciatrice. Il est absolument primordial de relever les instances de sexisme dans notre culture et de les mettre en lumière, car la misogynie intégrée et non-reconnue est la plus dommageable, mais de passer son temps à hurler à l’inégalité sans offrir d’alternative ne sert à rien.

Je me considère aussi comme généralement anti-censure. Je ne pense pas qu’on doive montrer n’importe quoi à n’importe qui, mais je suis d’avis que plutôt que s’acharner à interdire la violence et le sexe, il est plus important de discuter des œuvres de violence et de sexe et d’apprendre d’elles.

Par exemple, parce que je sais que certains d’entre-vous vont me dire que j’ai fait de la censure en encourageant les gens à ne pas aller voir le film de 50 nuances de bullshit, ce n’est pas l’œuvre en tant que telle que je trouve malsaine, même si elle est vraiment pourrie d’un point de vue artistique, mais le fait que tout le marketing, le fandom et l’auteure elle-même, s’acharnent à déclarer que c’est une histoire d’amour parfaite au-dessus de toute critique, alors que ce n’est ABSOLUEMENT pas le cas. Si E.L. James avait réagit aux membres de la communauté Kink qui lui disaient que son livre ne décrit pas une relation saine en disant « je le voyais plus comme une histoire d’amour entre une fille simple et un homme au passé traumatisant, mais je vois ce que vous me dites. C’est de la fiction, je me permets une certaine liberté créative » passe encore. Elle s’est plutôt planté dans une défense à tout prix de ses personnages, refusant qu’on décrive Christian Grey autrement que comme un héro romantique parfait et accusant les gens qui critiquaient son livre d’avoir des préjugés contre le BDSM. Laissez-moi être très claire : Elle accusait des PRATIQUANTS d’avoir des préjugés contre le BDSM, parce qu’ils lui ont dit que son livre n’était pas représentatif de leur réalité. C’est comme si j’écrivais un livre sur le Congo, et que j’accusais les congolais qui me disent que la vie au Congo n’est pas comme dans mon livre de racisme! Le niveau d’égocentrisme et de déni de la réalité dangereux est incroyable!

Arlette Cousture serait probablement la première à vous dire qu’Ovila Pronovost n’est pas un exemple de mari parfait, ça ne l’empêche pas d’être un fantasme. Un personnage n’a pas à être parfait, mais il faut reconnaitre ses failles et les utiliser afin de comprendre la réalité, c’est selon moi, l’utilité première d’une bonne fiction.

Mais revenons-en au sujet premier : de l’activisme positif. Si discuter des aspects problématiques d’une œuvre est une bonne chose, c’est une tactique incomplète. Il est aussi important de vous parler d’œuvres qui réussissent bien.

Et on en vient à Mad Max : Fury Road.

ALLEZ VOIR CE FILM.

TOUT DE SUITE.

C’EST UN CHEF D’ŒUVRE CINÉMATOGRAPHIQUE ET UN FILM CULTE.

OUI IL EST DÉJÀ UN FILM CULTE UNE SEMAINE APRÈS SA SORTIE.

Il y a deux semaines, suite aux visionnements de presse et la première du film à Cannes, certains analystes ont mentionné que Mad Max était un film féministe. Immédiatement, les tenants du mouvement MRA (Mens Rights Activists, des gens qui sont beaucoup plus occupés à essayer de détruire le féminisme plutôt que de promouvoir les droits des hommes) se sont mis à faire campagne pour encourager les gens à boycotter ce film de « propagande ».

Ils ont 100% tors à propos du film. Mad Max est bel et bien ce que je qualifierais d’un film féministe (et âge-positif aussi, on y reviendra) mais ce n’est absolument pas de la propagande. La raison première à ça est tout simplement qu’avant la sortie du film, George Miller, le réalisateur et scénariste, ne s’était même pas rendu compte que son film était féministe. Quand les premiers articles ont sorti, sa réaction a été en gros « Ah oui? Ah ben, regardes-donc ça, c’est vrai que c’est féministe comme film, j’y avais pas pensé, mais maintenant que vous le dites, ça ben de l’allure. » Si vous me permettez de revenir à l’exemple de Madame James plus haut, Miller ne s’est pas acharné à hurler qu’il avait fait un film de gars et que son film ne pouvait pas être féministe, il a bel et bien fait un film de gars, qui s’adonne à être aussi féministe, il a reconnu que ce n’était pas son intention, mais que vu d’un autre angle, c’était bien là. Ok, dans son cas, à moins d’être un MRA, de qualifier le film de féministe n’est pas négatif en soi, mais il est resté ouvert à l’interprétation que le public a fait de son œuvre malgré que ça n’ait pas été dans son intention première, et en ressort beaucoup plus intelligent et professionnel que E.L. James.

Attention, le fait que ce film soit féministe n’est pas ce qui en fait un film culte. Ce qui en fait un film culte c’est qu’il est brillant à TOUS LES NIVEAUX. Entendez-moi bien : Mad Max : Fury Road est visuellement PARFAIT. Le film est un joyau de montage, d’effets spéciaux (majoritairement réels, très peu de CGI comparé aux films d’action habituels) et d’action à couper le souffle non-stop. C’est 100 % un film de gars, avec un désert à perte de vue, de la gazoline, des armes à feux et des explosions. C’est une course-poursuite de 2h20 monté au quart-de-tour sans l’effet qui donne mal au cœur des montages rapides habituels. On ne perd rien de l’action, tout en ayant l’impression d’être sur un trip d’acide solide. Et tout ça avec une esthétique post-apocalyptique punk fucké au max.

Je sonne comme une pub, je le sais, ce n’est pas voulu, c’est juste ce que je pense. ALLEZ VOIR CE FILM. Une leçon de cinéma accessible au grand public.

Mais revenons-en au film féministe qui se cache dans toute cette masculinité.

Le gros avantage qu’a George Miller, c’est qu’il n’a absolument rien à prouver à qui que ce soit. À 70 ans, avec 15 films (dont tous les Mad Max et un de mes films préféré « Les sorcières d’Eastwick » avec Nicholson, Cher, Suzan Sarandon et Michelle Pfeiffer) et un Oscar à son actif (meilleur film d’animation pour « Les petits pieds du bonheur » il a aussi réalisé la suite et Babe 2 : un cochon dans la ville, on peut dire que le bonhomme est polyvalent) ses preuves sont faites depuis longtemps. Mad Max, c’est son bébé, personne d’autre n’y a touché contrairement à Ridley Scott et la série Alien qui est passée entre les mains de nombreux réalisateurs et scénaristes avant de revenir dans les siennes avec Prometeus. Miller peux donc faire de Max ce qu’il veut, personne ne peut lui imposer quoi que ce soit, exactement comme Georges Lucas avec les Star Wars (avant la vente des droits à Disney, évidemment).

Est-ce que George Miller est un féministe? Peu importe, franchement, je suis d’avis que se déclarer comme féministe est un choix personnel et Miller n’a pas fait de coming out, donc je ne le ferai pas à sa place. Mais disons que le fait qu’il ne se soit pas mis sur la défensive quand on a qualifié son film de féministe en dit long sur son avis sur l’égalité des sexes.

Alors, c’est quoi, au juste Mad Max? Comme la dernière fois que j’ai vu un des films de la série avant Fury Road date de mon secondaire (voire, probablement de mon primaire, bref, ça fait longtemps en calvaire) je suis allé consulter l’Oracle Wikipedia pour un résumé rapide :

Max Rockatansky (plus quétainement mâle comme nom, tu meurs) est un policier de la route dans une Australie dystopienne. À la suite d’une guerre contre une bande de motocyclistes (The Acolytes) Max perds sa famille et une bonne partie de sa santé mentale. Plus tard, à la suite d’une énorme crise énergétique et une guerre mondiale, l’Australie est devenue une contrée désertique et sauvage, où le pétrole et l’eau sont devenus des denrées rarissimes et précieuses. Max essaie de survivre dans ce monde post-apocalyptique du mieux qu’il peut et se trouve mêlé aux combats de différentes factions de survivants.

Il est un peu comme le Vagabond de la série télé. Il se promène, rencontre des gens, les aide, et repart de son côté. C’est ainsi depuis le deuxième film, Road Warrior. Max est le personnage principal de tous les films, mais il n’est le protagoniste que du premier. Il se mêle des histoires des autres, lui-même n’a plus d’histoire propre depuis la mort de sa famille.

Venons-en à Fury Road, le quatrième et plus récent film de la série. Max Rockatansky (sérieusement, ce nom est ridiculement macho, j’adore!), interprété ici par Tom Hardy, Mel Gibson n’ayant plus vraiment le casting pour ce genre de rôle, est devenu plus ou moins un hobo : cheveux longs et hirsutes, barbe en laine d’acier. Il parcourt le désert dans son supercharged V-8 Pursuit Special, son « char » (non ce n’est pas une voiture, cette bête magnifique est un « char » pur et dur, plein de pétrole et de testostérone) et dévore des salamandres à deux têtes vivantes (pas de temps à perdre à faire de la cuisine). Il est pris en chasse par un groupe de guerriers de la route, les War Boys qui sont l’armée de la secte d’Immortan Joe (les noms dans cette série, les amis, c’est de l’art kitch en soi, c’est magnifique). Les War Boys arrivent à capturer Max et après avoir découvert qu’il est O-, ils le rasent et l’emprisonnent pour servir de « poche de sang ».

L’Imperator (titre qui désigne un conducteur de char de guerre) Furiosa (Charlize Theron, cheveux rasés et graisse de moteur sur la moitié du visage) quant à elle, se prépare à diriger un convoi de ravitaillement pour aller chercher de l’essence et des armes pour Joe. Il profite de ce départ pour faire une cérémonie afin d’affirmer son autorité à ses fidèles. C’est dans cette séquence qu’on découvre, sans besoin d’exposition dans le dialogue, toute la répugnance du personnage : son apparence est loin d’être sexy, il a un contrôle complet sur l’approvisionnement d’eau de la populace et semble très heureux de les voir l’aduler et le prier pour un peu d’eau et se battre pratiquement à mort pour un seau ou un bol d’eau et ne mentionnons pas la « laiterie », c’est assez traumatisant (mais pas hyper violent, étonnamment, Joe ne semble pas avoir besoin de gore pour affirmer son autorité).

Lorsqu’il s’aperçoit que Furiosa dévie du chemin pour se rendre au point d’approvisionnement, Joe a une soudaine réalisation terrifiante : il court jusqu’à la porte coffre-fort de son harem et le trouve vide. Ses cinq « pondeuses », Capable, Toast the Knowing, The Dag, Cheedo the Fragile et The Splendid Angharad (j’ai regardé dans wikipédia pour les noms, je ne me souvenais honnêtement que des noms de Capable, Cheedo et Splendide dans la version française) ont disparu, et sur les murs, la raison : « we are not things » (nous ne sommes pas des choses) « Our babies will not be warlords » (nos enfants ne seront pas des seigneurs de guerre). Les femmes n’ont pas été kidnappées, elles se sont enfuies.

On a ici l’élément féministe de base : Leur départ n’est pas quelque chose qui leur arrive, Furiosa ne les a pas libérées, elles lui ont demandé de l’aide pour s’enfuir. Trop souvent les femmes subissent les événements dans un film. Les messages inscrits sur les murs du harem nous indiquent que les 5 épouses ont pris en charge leur destin. Miller a dit qu’en écrivant le scénario, l’idée première était la fuite des femmes. Il est venu à la conclusion qu’elles devaient être aidées par une femme, parce que  « the thing that people were chasing was to be not an object, but the five wives. I needed a warrior. But it couldn’t be a man taking five wives from another man. That’s an entirely different story. So everything grew out of that.”

Donc, le protagoniste du film est une femme, Furiosa. Et le trésor de la course-poursuite est un harem de concubines qui ont décidé de prendre la fuite.

Je ne vous raconterai pas le reste du film, parce que je veux que vous alliez le voir mais laissez-moi vous parler de petits moments qui soulignent mon point :

  • Le film est à propos d’esclaves sexuelles, mais il n’y a pas de scène de sexe.
  • Il n’y a pas d’histoire d’amour, une petite relation de tendresse entre deux personnages, mais pas de Romance avec un grand R. Le moment le plus tendre est un rapide baiser sur une joue.
  • Max démontre son appréciation face au courage et aux capacités de Furiosa et des concubines. Pas dans des gros discours appréciatifs soulignés en gras, mais par un hochement de tête, un mini grognement, un regard ou un rapide pouce levé. Pas de «  tu te débrouilles bien pour une fille » juste « tu te débrouilles bien ».
  • Aucun des personnages féminins ne fait de yeux doux à Max, aucune ne fait montre du moindre intérêt pour son aura Mâle. Et quand tu as la face de Tom Hardy, ça relève de l’exploit…
  • Max, à plusieurs reprises, laisse le contrôle à Furiosa, il n’essaie pas de prendre le lead du convoi, il fait sa part et ne s’ingère pas dans les décisions du groupe. Il ne se laisse pas bosser, il n’est pas soumis, il est simplement pragmatique. Je vous réfère au génial Tumblr Feminist Mad Max pour des exemples concrets.
  • Quand il leur propose un plan vers la fin du film, il le PROPOSE, et il les laisse décider.
  • Il y a 5 concubines, ce sont des esclaves sexuelles, leur seule valeur, aux yeux d’Immortan Joe et de ses Warriors, est leur capacité reproductive. Mais le mot pute n’est pas utilisé une seule fois dans tout le film.
  • Il y a des personnages de femmes âgées dans le film, personne, à aucun moment, n’a de commentaire sur leur âge ni de doutes sur leurs capacités. Ce film est age-positive. L’employée du Secrétariat aux aînés que je suis s’en réjouit énormément.

Bref, les interactions entre les personnages ne sont pas dictées par leur genre ou leur âge. Les sexes sont égaux. Et c’est ça le féminisme. Hommes et femmes égaux, ni plus, ni moins.

Encore une fois, c’est 100% un film de gars. Action mur à mur, véhicules hyper boostés, héros musclé qui s’exprime majoritairement en grognements, esthétique punk post-apocalyptique, armes à feux, moto cross, et femmes légèrement vêtues (ce sont, après tout, des esclaves sexuelles, quoique j’ai vu beaucoup de mamelons pointus pour des filles en plein désert… lol)

Bref, je surveilles attentivement Amazon pour précommander ce film en Blue-Ray , et je vais l’enfoncer dans la gorge de tous ceux qui me diront que le féminisme hait les hommes et que les féministes essaient de tuer la masculinité.

La toujours fascinante et merveilleusement intelligente Lindsay Ellis a fait un mini épisode de sa série Losse Canon pour parler de l’évolution du personnage de Max. Excellent vidéo à voir si vous comprenez l’anglais.

La licorne facile.

Je me suis récemment fait accuser de défendre les filles faciles.

Euh, c’est pas vraiment l’accusation du siècle, ni une insulte, parce que c’est totalement vrai. Oh que oui Matante défend les filles faciles, et comment!

Je l’ai dit et je le répète, le féminisme auquel j’adhère est sexuellement positif. Je suis totalement contre les systèmes de pensée misogynes qui régulent la sexualité féminine en disant que la valeur d’une personne est en relation avec le nombre de partenaires sexuels qu’elle a eue dans sa vie. Plus précisément, que la valeur d’un homme augmente à chaque « conquête » et celle d’une femme baisse à chaque « reddition ». Je revendique le droit aux femmes d’avoir une sexualité désinvolte si elles le veulent et aux hommes d’avoir peu de partenaires si ça leur chante.

Parlons donc de la fameuse fille facile et du « danger » qu’elle pose à la société qui « justifie » toute la haine qu’on lui porte.

Alors, une fille facile, contrairement à une guidoune, ne fait pas que s’habiller sexy et flirter, elle livre la marchandise. On parles ici de la Marie-couches-toi-là. Celle qui, comme la rue Principale, se fait passer dessus par tout le monde.

Premièrement, des filles comme ça, c’est TRÈS rare. Oh ça existe, mais j’en ai pas encore rencontré qui n’avaient aucun standard et couchaient vraiment avec tout le monde. En général, même les filles les plus faciles que j’ai croisé dans ma vie avaient certaines exceptions. Mais mettons que cette Licorne cochonne existe vraiment. Quel serait donc le problème avec elle?

(Tous mes arguments valent aussi pour les « players » les hommes faciles, tant qu’ils ne sont pas des agresseurs sexuels déguisés. Consentement, consentement, consentement.)

1- Elle couche avec tout ce qui bouge.

Est-ce qu’elle viole qui que ce soit? Non? Ok, il est où le problème d’abord? Adultes consentants, donc c’est pas de vos affaires. Et en ayant plusieurs partenaires, elle acquiert de l’expérience et une bonne connaissance de son corps et ses désirs ce qui ne peux que lui servir dans le futur.

2- Elle va vous voler votre chum.

Non, elle cherche un trip de cul, pas un chum. Et si je reviens à l’argument des adultes consentant, ben, si elle couche avec votre chum, l’écœurant de l’équation c’est pas mal plus lui, et c’est tant mieux si elle vous a permis de voir son vrai visage tout de suite plutôt que dans 15 ans après trois enfants. Donc, merci fille facile!

3-Elle corrompt la jeunesse.

Là vous l’accusez de pédophilie et c’est un peu fort, on se calme calvaire!

4-Non, non! On veut dire qu’elle donne un mauvais exemple à la jeunesse.

Ah, ok, parce que c’est elle qui élève vos enfants! C’est elle qui leur apprend la différence entre le bien et le mal! Et cacher la sexualité aux enfant c’est la meilleure façon pour eux de prendre des décisions réfléchies et adultes par rapport à leur sexualité le moment venu. (je pense que je viens de péter mon sarcasme-o-mêtre)

Après tout, les endroits en Amérique du Nord où le taux de grossese chez les adolescentes est le plus élevé sont ceux où il n’y a pas d’éducation sexuelle dans les écoles. Et les endroits où il y a une éducation sexuelle complète, les jeunes perdent leur virginité en moyenne beaucoup plus tard.

Ce qui prouve que parler aux enfants du sexe les encourage à avoir du sexe jeune comment déjà?

5- Elle ne se respecte pas.

Expliquez-moi ça. Non sérieux, si vous mettez de côté l’idée qu’une femme n’a de valeur que lorsqu’elle est vierge, (parce que cibole on est en 2015, arrivez en ville) comment une femme qui couche avec plusieurs hommes ne se respecte pas? Je ne parles pas d’une victime d’abus, je parles d’une adulte qui a des relations sexuelles consentante avec plusieurs partenaires. Un gars qui fait la même chose est un player, il a la touch, c’est un séducteur, il a de la game. Mais une fille ne se respecte pas?

Moi je pense le contraire, elle respecte ses besoins et ses envies et elle découvre sa sexualité selon ses critères et non pas ceux de la société. Ses partenaires ne sont pas là pour lui enlever de la valeur, au contraire, ils lui font tous découvrir un nouvel aspect de sa sexualité, même une baise plate nous informe sur ce qu’on n’aime pas au lit.

6- Elle est pleine de maladies.

Qui vous a dit ça? Avez-vous son bilan médical?

Et si c’est le cas, c’est parce que les gars avec qui elle couche ne pensent pas à se protéger non plus, donc c’est un blâme qui se partage à deux. La contraception n’est pas l’obligation d’un seul partenaire et si tu couche avec une fille sans protection, ben assumes les conséquence comme un adulte. Anyway, les filles sexuellement aventureuses sont en général assez brillantes pour savoir comment éviter les MTS, probablement plus que celles qui se pensent tellement meilleures parce qu’elles ont acheté la bouillie sociale qui leur dit que le sexe est un acte à ne pratiquer qu’avec son « vrai amour » et que « quand on aime, on se fait confiance » donc on a pas besoin de se protéger.

6-Elle est incapable d’avoir une vraie relation.

Bullshit. La sexualité d’une personne est en constante évolution et une fille qui explore ses options n’est pas condamnée à passer sa vie en one night stands. Un moment donné, elle peut très bien changer d’avis et avoir envie d’un chum stable. Ou non, et c’est franchement pas un problème tant qu’elle ne fait de promesse à personne.

Le mythe de la Mauvaise Fille est un mécanisme patriarcal misogyne. C’est une facette très populaire du Girl Hate qui encourage les femmes à se voir comme des compétitrices pour les faveurs masculines. C’est une idée qui découle du mythe que les femmes bien n’aiment pas le sexe et qu’elles doivent limiter l’accès au sexe des hommes pour pouvoir les garder sous leur contrôle. Encore une fois, cette idée encourage aussi le préjugé que les hommes sont des animaux sans contrôle de leurs actions et que c’est donc aux femmes que revient toute la responsabilité de sauvegarder leur moralité en leur bloquant l’accès au sexe.

Ce mythe encourage l’idée que certaines personnes peuvent perdre leur titre d’humain décent parce qu’ils ont une sexualité active et consentante. Si une femme qui est étiquetée comme facile ne se respecte pas, on a pas à la respecter. Si elle est une conne qui couche avec TOUT LE MONDE elle n’as pas le droit de refuser. Si elle dit non, c’est une insulte personnelle et elle doit payer. Si elle se fait violer, c’est de sa faute.

Et on en reviens à mon cheval de bataille officiel, la culture du viol. Parce que le vrai danger du mythe de la fille facile, c’est que c’est une Licorne. La fille facile qui est vilipendée partout, elle n’existe pas. Il y a des filles qui ont une sexualité active, il y a des travailleuses du sexe, mais des filles qui ne disent JAMAIS non à personne, ça n’existe pas.

Insinuer qu’une fille couche avec tout le monde est par défaut un mensonge. Et ce mensonge est utilisé tellement souvent pour excuser des actes inexcusables. Retah Pearson, Audrey Potts et la victime de Stuebenville ont été traitées de filles facile pour justifier le viol qu’elles ont subi et pour essayer d’innocenter leurs agresseurs. L’un des auteurs du viol collectif à Delhi en 2012 a dit à une journaliste de la BBC que les filles bien ne se promènent pas dehors le soir, que les mauvaises filles ne devraient pas résister quand on les violent et qu’elles ne devraient pas dénoncer leurs violeurs, sinon, les hommes n’auront pas le choix que de les tuer pour éviter la prison.

Ça c’est l’extrême, mais c’est le même système de pensée.

Donc, si je trouve que votre insinuation que la voisine d’à côté ou « kkun qu’on connait » est une fille facile n’est pas du tout drôle, c’est pas que j’ai pas d’humour, c’est que c’est pas une joke, il y a des gens qui en sont morts.

Et tant que la « joke » servira aux mean girls et aux imbéciles pour se donner une simili supériorité morale, le mythe va se perpétuer et la sexualité va rester un tabou sale qui n’est que pour les personnes sans valeur. Et une personne sans valeur n’est qu’un objet, on a pas à lui demander son avis avant de s’en servir.

Oh que oui je défend les filles faciles. Il y a rien de mal à être une fille facile. Je les préfères 100 fois aux fausses prudes méchantes qui perpétuent la honte et utilisent l’humiliation comme une arme de destruction massive.

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Vous avez une question dont vous voudriez que Matante discute? Quelque chose vous chicotte et vous aimeriez avoir une opinion ouverte et respectueuse? Écrivez à Matante, votre question sera traitée anonymement sur le blogue. Peu importe le sujet, je suis curieuse et j’aime aider. RealMatanteElise@gmail.com

On s’embarque dans une nouvelle aventure? (Mais dans un terrain très familier)

OK mes ti papoutes, matante vous a négligé un peu dernièrement, mais elle vous a pas oublié. Je suis en train de laisser une bouillabaisse matantesque mijoter dans mon crockpot mental.

Dans les prochaines semaines, je vais vous parler d’une série de romans BDSM connue sous le nom de « The Sophie Scaife series » écrite par Abigail Barnette, le nom de plume de la blogueuse Jenny Trout (son twitter @Jenny_Trout est une source de joie quotidienne en passant).

Une superbe histoire d’amour extrêmement romantique, mais surtout, adulte, féministe et kinky à mort.

Je voudrais vous parler de cette série de livres en la décortiquant avec vous. Sophie Scaife et Neil Elwood sont des personnages très complets et complexes, très réalistes, adultes et intelligents. Je veux me servir de Sophie et son amoureux pour vous parler de dynamiques de couples, de sexualité et de BDSM.

Et ne soyez pas surpris si j’écorche Christian Grey et Anastasia Steel au passage, OK, pas mal constamment, la comparaison est inévitable et je ne peux pas perdre une seule occasion de chi.. sur « l’œuvre » de E.L. James.

Je vais commencer par vous faire un résumé des trois livres. Je n’essaierai pas de vous cacher les spoilers, ça compromettrait mes billets suivants. Ensuite, je vous ferai une série de billets analysant les personnages en tant que tels et les différents aspects de leurs relations, incluant la sexualité des deux protagonistes qui est définitivement kinky.

Ceci dit, si vous lisez l’anglais, je vous recommande, non, je vous ORDONNE de lire le premier tome avant de lire mon résumé, il est gratuit en format Kindle sur Amazon, donc le budget n’est pas une excuse. Si vous êtes un minimum comme moi, vous allez vous taper les trois en moins de 2 semaines (les deux autres sont 5 $ en format Kindle, ça se lit hyper bien).

Voici un synopsis sans spoilers pour vous humecter les lèvres :

 

Sophie Scaife a 24 ans, elle est l’assistante de la directrice de Porteas, un magazine de mode. Depuis 6 ans, elle fantasme sur Leif, un étranger à l’accent britannique avec qui elle a passé une nuit d’exploration de sa sexualité alors que leur vol pour Tokyo avait été reporté.

Après 30 minutes de retard de sa patronne, Sophie commence à s’inquiéter, est-ce qu’il est s’est passé quelque chose de grave? La réponse ne tarde pas à arriver : Porteas a été vendu au géant médiatique Elwood & Stern et la direction est maintenant entre les mains du milliardaire Neil Elwood. À l’arrivée de son nouveau patron, Sophie a le choc de sa vie : le magnat de la presse écrite n’est nul autre que l’étranger qui est devenu l’idéal d’après lequel elle juge tous ses partenaires sexuels depuis 6 ans…

Une prémisse assez classique, quasi stéréotype, mais croyez-moi, le traitement est loin d’être culcul (OK, un peu parfois, ça reste une histoire d’amour, mais Abigail Barnette ne prend pas ses lecteurs pour des imbéciles, contrairement à beaucoup d’auteurs de romans d’amour *tousse, E.L. James, tousse*).

Bref, dans les prochaines semaines, je vous emmène dans le merveilleux monde se Sophie Scaife et on explorera avec elle l’amour, l’amitié, les relations homme-femmes, la sexualité en général et le BDSM en particulier.

Enjoy!

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Le mot en F

Avez-vous déjà pensé qu’un militant pour les droits des noirs est raciste? Parce qu’en déclarant qu’il est POUR les droits des noirs, c’est injuste pour les blancs, les asiatiques ou les arabes?

Non, vous n’avez jamais pensé ça, parce que vous lisez ce blogue, et si vous lisez ce blogue, c’est que vous êtes des êtres humains décents et dotés d’un minimum intelligence.

Vous avez compris, même inconsciement, qu’historiquement, dans le monde occidental, depuis des siècles, les gens de race blanche ont été privilégiés. Et ils ont vécu en sécurité derrière la barrière de la pâleur de leur peau, sans peur de perdre leur liberté, leur dignité, leur famille ou leur droit à la vie par le caprice d’un autre être humain. Ils ont traversé les siècles en étant considérés par défaut comme des êtres humains à part entière. Et vous savez que ce n’est pas le cas des noirs. Vous avez compris et intégré ce principe sans même faire le cheminement logique, c’est tout naturel.

En effet, dans notre société où encore aujourd’hui, être né avec une peau foncée vous condamne immédiatement à être vu différemment et être automatiquement associés à des gens plus prompts à une vie de criminalité, il est NÉCESSAIRE d’avoir des militants pour les droits des noirs. Il est NÉCESSAIRE d’avoir des BLANCS qui militent pour les droits des noirs ou des ethnies. Ça n’enlève rien aux blancs. Se déclarer pour les droits des noirs veux en fait dire qu’on souhaite l’égalité des races, ça ne veux pas dire qu’on oublies les blancs.

Reprenez le raisonnement que je viens de vous exposer, et revenez me dire en quoi il est injuste (et « étymologiquement incorrect, donc on devrait le changer parce que ça porte a confusion ») que les militants pour l’égalité des sexes s’appellent des féministes.

téléchargement (1)

Je suis grosse.

Non, non, je ne cherche pas à me faire rassurer, à me faire dire « ben non, t’es pas grosse », « il y en a des pas mal plus grosses que toi » ou autres trucs rassurants. Je suis grosse, c’est un fait.

Et alors?

Non, sérieusement. Je suis grosse.

Pis après?

Pensez-y un peu. En quoi mon surplus de poids influence la vie des autres?

Quand je me promène sur la rue et qu’en passant, un char me klaxonne et qu’un gars d’environ 17 ans se sort la tête et me crie « grosse torche, t’es grosse » qu’est-ce qu’il pense accomplir? Est-ce qu’il pense que je ne suis pas au courant?

Quand mes matantes pleines de bonnes intentions me disent de m’habiller lousse pour cacher mes bourrelets, à qui pensent-elles que ces conseils vont servir? À moi?

Je suis une grosse, une toutoune, une ronde, etc.

Et alors?

J’ai pris la décision il y a quelque temps d’assumer l’identité et de refuser de l’accepter comme une insulte. Parce qu’être grosse, ce n’est pas un problème.

L’IMC N’EST PAS UN INDICATEUR ULTIME ET INCONTOURNABLE DE BONNE SANTÉ.

UNE FEMME N’A PAS BESOIN D’ÊTRE MINCE POUR ÊTRE BELLE ET BIEN DANS SA PEAU.

J’AI L’AIR DONT J’AI ENVIE, PAS CELUI QUE LES AUTRES VEULENT QUE J’AIE.

Je m’habille de la façon qui me tente dans des vêtements dans lesquels je me sens confortable. J’ai un taux de cholestérol pratiquement normal. Je fais du yoga et je marche. J’essaie de bien manger.

Je suis grosse, je le sais, et c’est absolument correct.

Si mon apparence vous déplaît, regardez ailleurs.

Vous avez une question dont vous voudriez que Matante discute? Quelque chose vous chicotte et vous aimeriez avoir une opinion ouverte et respectueuse? Écrivez à Matante, votre question sera traitée anonymement sur le blogue. Peu importe le sujet, je suis curieuse et j’aime aider. RealMatanteElise@gmail.com

Girls don’t want you to have fun.

Je suis tombée sur cet article hier:

Une blogueuse chrétienne (oui ça a rapport, c’est pour ça que je le précise) explique sa décision de cesser de porter des pantalons de yoga et des leggings en public.

En gros, après une conversation entre filles, elle a « découvert » que le port de pantalons trop serrés en public pouvait encourager les pensées impures des hommes autour d’elle et ça lui pesait sur la conscience. Ça entrait en conflit avec ses valeurs morales et elle avait le sentiment que Dieu lui indiquait qu’elle devait changer son comportement.

De un, ce n’est pas à moi (ni a vous en passant) de juger de ce qu’une personne peut ou non porter en public. (Un petit rappel de mon billet sur les « guidounes » serait de mise ici, si vous ne l’avez pas lu.) Vous voulez mettre une mini-jupe et un top à peine plus gros qu’un soutien-gorge? Go for it! Vous vous sentez plus à l’aise en jeans avec un coton ouaté turquoise avec une grosse tête de loup dessus? C’est parfait (ok, c’est très quétaine, mais si t’aimes ça, ça ne me fait pas mal à moi personnellement)! Eh oui, ça veut aussi dire que j’ai rien à foutre que tu portes ton hijab si ça te fait plaisir. Si je n’aime pas ce que t’as sur le dos, la solution parfaite est très simple: pivoter le cou de 45° et regarder ailleurs! Problème réglé!

Donc, si la tite madame se sent mal à l’aise dans son leggings en public, c’est de ses affaires. Ce qui me gosse là dedans, c’est le fait que son texte perpétue l’idée selon laquelle les femmes doivent s’habiller de façon modeste pour éviter de provoquer la concupiscence masculine.

*SOUPIR*

Non.
Nee.

No.

Niet.

On ne peut, ni ne doit, pas contrôler les pensées et pulsions des hommes. C’est terriblement sexiste de penser ainsi.

Sexiste envers les femmes qui sont réduites à des objets qui ne servent qu’à la satisfaction sexuelle et donc doivent s’effacer le plus possible en dehors de la chambre à coucher.

Ah la belle occasion de vous remettre mon imitation d'une poupée gonflable!

Ah la belle occasion de vous remettre mon imitation d’une poupée gonflable! Sweet dreams!

Sexiste envers les hommes qui sont réduits à des bêtes sauvages incapables de contrôler leurs pulsions et leurs pensées et qu’on doit donc maintenir éloignés de toute tentation.

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Le gros méchant loup va te manger. Non pas « manger » dans ce sens-là…

On déresponsabilise encore une fois les hommes en leur disant que si une fille est habillée sexy, c’est un free pass pour l’achaler et la harceler, voir, abuser d’elle. On culpabilise les femmes en leur disant que si elles se font taponner par un cochon dans le métro, c’est leur faute à elles.

C’est aussi un stéréotype de négativisme sexuel et une vision réductrice du désir. En effet, dans son texte, la dame affirme en avoir parlé avec son mari et que celui-ci a admis que c’était difficile de ne pas regarder une fille en leggings sans avoir des pensées croches. Et avoir des pensées croches pour quelqu’un avec qui on n’est pas en couple, c’est un gros péché…

OK, avalez votre gorgée de café parce que matante va encore une fois vous sortir une vérité qui va chambouler votre monde : AVOIR DES FANTASMES OU ÊTRE ATTIRÉE PAR QUELQU’UN D’AUTRE QUE VOTRE CONJOINT, C’EST PAS NÉCESSAIREMENT MAUVAIS POUR LE COUPLE SI VOUS AGISSEZ COMME DES ADULTES.

Oui, je sais que la Bible parle de ne pas convoiter la femme de ton voisin, mais c’est l’Ancien Testament, Jésus lui parle d’amour et de respect et il a pardonné à la femme adultère donc, tirez-en les conclusions que vous voulez.

Rêver que tu couches avec quelqu’un d’autre, ce n’est pas tromper ta blonde. Regarder les fesses du voisin cute pendant qu’il passe la tondeuse, ce n’est pas tromper ton chum. La monogamie, c’est de choisir de NE PAS PASSER AUX ACTES. Le défi d’un couple monogame, c’est l’habitude ou la monotonie. Fantasmer sur autre chose, tant qu’on est conscient que c’est simplement un fantasme et qu’on n’en fait pas une montagne, c’est assez normal et plutôt sain. Bien entendu, comme dans toutes choses dans la vie, la modération a bien meilleur goût. La culpabilité inutile est un fléau des sociétés judéo-chrétiennes et un détournement des vrais enseignements du Christ.

Le gars ou la fille qui vous dit qu’il n’a d’yeux que pour vous et que depuis qu’il ou elle vous a rencontré, il ou elle n’est attirée par personne d’autre est en train de vous mentir. (Exception : oui c’est comme ça au début de la relation, durant la période « lune de miel », mais ça ne dure pas). Ce n’est cependant pas un mensonge méchant, c’est le résultat de la bouillie de merde qu’on nous sert comme idéal romantique partout dans la société, si tu es attiré par une autre personne, c’est parce que ton partenaire n’est pas « le bon », celui avec lequel tu es censé passer le restant de tes jours. Foutaises. « Le bon » partenaire n’est pas en train d’attendre que tu le rencontres, c’est joli comme idée, c’est romantique, mais dans la vraie vie, « le bon » partenaire, tu le CHOISIS. Tu apprends à le connaître, il te plaît, vous avez des buts communs, tu t’attaches et tu construis une vie avec lui à coup de communication et d’ajustements, des fois ça dure longtemps, des fois moins, mais il n’y a pas qu’une seule et unique personne avec qui tu es destiné à vivre jusqu’à la fin de tes jours. Il faut briser le système de pensée qui nous fait sentir coupable d’avoir des papillons dans le fond de culotte pour quelqu’un d’autre que son conjoint et aussi cesser de péter une crise de jalousie quand notre conjoint dit que la voisine d’en face est jolie. (Ça n’empêche pas que vous utilisiez un langage poli, messieurs, il y a une différence entre « elle est jolie/sexy » et
« je la fourrerais drette-là ».)

Cela étant dit, on a aussi une belle occasion de parler de slut shaming (encore, j’en parle beaucoup, mais c’est partout, alors, attendez-vous à en entendre parler encore souvent). En effet, on a ici un bel exemple de la mécanique. Je dois éviter de porter des vêtements trop collant en public pour éviter de donner des idées aux hommes. Parce que si les hommes ont des fantasmes sur moi, c’est MA faute. On dit encore une fois que les femmes sont responsables de l’attitude sexuelle des hommes. Si une femme s’habille sexy, elle attire la concupiscence et est plus à risque de se faire agresser.

NOTE IMPORTANTE: je n’accepterai AUCUN commentaire suggérant que l’habillement d’une femme QUEL QU’IL SOIT encourage les agresseurs sexuels. Pas de « oui, mais ». NO. C’est purement et simplement faux. Les femmes qui se font violer sont de tout âge, toutes races, toutes apparences et tous styles confondus. Il y a autant de viol (sinon plus) en burka qu’en bikini. Même si elle se promène sur la Main flambante nue avec un tatouage qui dit « baise-moi » direct sur le mont de vénus, ça ne vous donne pas un free pass pour lui sauter dessus et la prendre sans son consentement. Ce n’est pas à la victime de ne pas se faire agresser, c’est à l’agresseur de ne pas agresser, point final. Si vous suggérez dans les commentaires qu’une fille peut provoquer son agresseur par la manière dont elle était habillée, je n’argumenterai pas, je n’essayerai pas de vous convaincre, je vais bloquer le commentaire purement et simplement (ça vaut pour les commentaires sur Facebook aussi). Mon blogue est un endroit de discussions et d’échanges et je suis ouverte d’esprit, mais ce n’est pas une démocratie ni un bien publique, et je n’accepterai AUCUN slut shaming ou victim blaming dans mes commentaires, point à la ligne. La limite est là, vous l’avez vue, si vous êtes intelligents (ce que vous devez être, puisque vous lisez ce blogue!) vous ne la testerez pas.

Oui, c’est vrai que parfois une femme va s’habiller d’une certaine façon dans le but d’attirer l’attention masculine. Quand elle sort dans un bar par exemple. C’est la même chose pour les hommes, vous n’irez pas à une soirée de speed dating habillé en chienne de garage pleine d’huile, enfin, en général, il y a des exceptions à toutes les règles, mais en général, vous allez vous raser, mettre une chemise et un pantalon propre et en bon état et souvent, une touche de gel dans les cheveux et un spritz d’aftershave. C’est la même chose pour ces dames. Oui parfois elles s’habillent sexy dans le but très clair de ramener quelqu’un à la maison pour une partie de jambe en l’air, c’est vrai, je ne le nie absolument pas. Cela étant dit, d’assumer qu’une fille est prête à coucher avec VOUS en particulier, juste parce que sa craque de sein est à l’air, c’est très  sexiste. Oui elle cherche peut-être à attirer un homme, des fois c’est quelqu’un de très spécifique qui sera à cet endroit à ce moment, des fois ce n’est personne en particulier, mais avant de vous fruster si elle ne répond pas à vos avances et de lui sortir, « ben si tu ne veux pas te faire cruiser, t’as juste à ne pas t’habiller comme ça » pensez y deux secondes. Votre after shave de ce soir, est-ce que ça veut dire que vous voulez coucher avec TOUTES les filles que vous allez croiser dans la soirée? Je vais défier les stéréotypes et dire que non, vous n’avez pas mis votre aftershave pour la caissière de 60 ans de la pharmacie ou vous êtes allés acheter vos condoms. (Si votre truc c’est les caissières de pharmacie de 60 ans, dites-vous que votre aftershave n’est pas pour la madame sale et en sueur qui bave à terre dans l’allée des vitamines, ou tout autre stéréotype qui ne vous excite, mais alors là pas du tout, vous saisissez mon point). C’est la même chose pour la craque de sein de la fille au bar. Tu peux regarder discrètement, je répète discrètement, tenter une approche polie même, mais dans l’éventualité d’un non, tu passes au prochain numéro comme un grand garçon et tu gardes tes déclarations insultantes pour les commentaires sur YouTube.

Et parfois, même souvent, une fille s’habille sexy juste parce qu’elle veut se sentir belle, parce que ça lui tente, sans aucune intention de faire le tango horizontal. Ça arrive plus souvent que vous le pensez.

Bon, on a parlé à ces messieurs, maintenant, c’est votre tour les filles. Parce que ceux qui sont les plus rapides sur le piton de juger les femmes selon leurs apparences, ce ne sont pas les hommes. (YÉÉÉÉÉ vous voyez messieurs, les féministes ne vous accusent pas de TOUS les maux de la société, mais attendez un peu, parce que je vais quand même vous sortir le gros méchant mot patriarchie dans pas long, désolée).

En effet mesdames, êtes-vous familières avec le terme « girl hate »? On parle ici des attitudes agressives et haineuses que les femmes ont les unes envers les autres. En décortiquant le terme, on voit à quel point le mécanisme est sexiste, on parle de girls pour dénoter une immaturité et de hate parce qu’on suppose que les femmes ne sont pas capables de réagir de façon raisonnable à quelque chose qui les dérange. Le stéréotype même de la femme enfant irrationnelle. Si vous êtes passée par l’école secondaire, vous savez exactement de quoi je parle. Et beaucoup de femmes grandissent, mais ne sortent pas de l’école secondaire.

Romy and Michele's High School Reunion est mon film fétiche en passant. Je suis certaine que vous êtes extrêmement surpris d'apprendre ça.

Romy and Michele’s High School Reunion est mon film fétiche en passant. Je suis certaine que vous êtes extrêmement surpris d’apprendre ça.

C’est partout dans l’attitude des femmes, on juge les autres selon des critères stricts et souvent carrément méchants, on saute aux conclusions sans même réfléchir. Et c’est multiplié lorsqu’il y a un rapport direct ou non avec leurs habitudes sexuelles (réelles ou supposées).

J’ai lu un article qui donne l’exemple d’une jeune femme qui travaille dans une émission pour adultes (je vais essayer de retracer l’article, c’est Arden Leigh qui l’avait partagé sur Twitter) qui après avoir indiqué à la serveuse du resto que son verre était sale s’est fait répondre devant ses parents et sa grand-mère « well, at least I don’t show my tits on tv » (« au moins je ne montre pas mes totons à la télé »). Euh, quel ostie de putain de rapport l’exposition consentante de ses seins a avec le fait que ton plongeur a mal fait sa job?

Les travailleuses du sexe subissent la pire forme de girl hate constamment, mais toutes les filles la subissent. C’est dans tous ces commentaires que les filles font sur les autres sans aucune base autre que les apparences. On me regarde et tout de suite on juge que je suis en mauvaise santé, que je mange du fast-food tous les jours, que je ne prends pas soin de moi, que je suis mal dans ma peau, tout ça parce que j’ai un surplus de poids et que je ne me maquille pas. J’exagère à peine et vous le savez. Mais c’est encore pire avec les femmes qui s’habillent sexy. Automatiquement, elles deviennent des cochonnes qui font de la pub pour se faire mettre et tout succès qu’elles ont, professionnel ou personnel, est immédiatement classé dans la catégorie « elle a baisé quelqu’un pour y arriver ».

Les copains, vous seriez surpris de voir combien de so-called pichous ne réussissent à avoir des promotions qu’après une pipe, l’air de la fille n’a rien à voir là-dedans, comme dans toute relation abusive, c’est une question de pouvoir, pas de désir.

Et bien entendu, si une femme est belle, peu importe comment elle s’habille, tous ses succès sont associés à sa plastique, pas à son talent, son travail ou son intelligence.

Je vous entends déjà me sortir les pseudoarguments scientifiques « mais c’est connu, depuis la préhistoire que par instinct, on choisit les spécimens les plus beaux pour la reproduction. » « Les belles personnes ont plus de succès en partant, c’est connu. »

Spécimen génétique parfait, cette créature céleste s'est reproduite à aux moins trois reprises.

Spécimen génétique parfait, cette créature céleste s’est reproduite à aux moins trois reprises et a fait des centaines de milliers de dollars à l’aide de sa classe et de son sex-appeal.

« Les spécimens les plus beaux » est une façon erronée de voir l’évolution. Ce sont les spécimens les mieux adaptés qui se reproduisaient le plus fréquemment. Les autres se reproduisaient quand même, juste moins. Et avec l’apparition de la société moderne, la société a pris une dominance sur l’instinct en ce qui a trait aux qualifications du spécimen devant se reproduire. Les standards de beauté modernes ne sont pas des garanties de santé, loin de là. Pour ce qui est du succès des belles personnes, regardez la formule à l’envers, on réagit favorablement face aux belles personnes. Pourquoi? Parce que partout, depuis notre plus tendre enfance, on vante les belles personnes, purement et simplement. Ce n’est pas un instinct incontrôlable, il est très fortement renforcé par notre éducation et par la société en général.

Mais voilà, répondre aux standards de beauté, c’est compliqué en maudit. Les vedettes hollywoodiennes ont une plastique parfaite parce que c’est leur job. Ils ont un entraîneur, un nutritionniste, et souvent un cuisinier à leur disposition aux frais de la compagnie de production. Quand ils ne sont pas sur le plateau de tournage, ils ont le temps de faire 4 à 6 heures d’entraînement par jour. Ils ont des stylistes pour choisir les vêtements qui leur vont le mieux, une maquilleuse et une coiffeuse pour les mettre à leur avantage sur les tapis rouges, et, si nécessaire, un chirurgien plastique peut corriger ce qui est hors des compétences des autres. Ils sont certes génétiquement avantagés dès le départ dans la plupart des cas, mais je vous garanti que mon beau Chris Evans chéri n’aurait pas ce corps s’il travaillait 9 à 5, 50 semaines par année chez Raymond Chabot Grant Thornton. Parce qu’il n’aurait ni le temps, ni les moyens de se construire un body avec les proportions d’un Doritos, bonne génétique de base ou non.

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Ça donne faim…

Comme on nous dit que c’est de ça qu’on doit avoir l’air, et que c’est impossible d’avoir l’air de ça en vrai, tout le monde développe des complexes et personne ne se trouve « assez bien » pour leur partenaire de vie. Il y aura TOUJOURS une fille plus belle, plus sexy, plus jeune que votre chum va sûrement avoir envie d’avoir plutôt que vous. On le pense parce que c’est ce que la société considère comme étant l’état naturel des choses. Ça s’appelle l’hypergamie, c’est-à-dire le choix d’un partenaire pour des raisons d’avancement social. Dans le système d’hypergamie, on n’est avec un partenaire que parce qu’il est le plus profitable financièrement ou socialement, dès qu’on en trouvera un mieux, on changera. Il y a BEAUCOUP d’exemples d’hypergamie dans la fiction (c’est à la base de toute l’oeuvre de Jane Austen, même si au final, ses protagonistes se rebellent souvent contre le système) et dans la réalité (Donald Trump et Hugh Hefner changent régulièrement de conjointe pour un modèle plus récent). Ça existe, mais ce n’est pas la majorité des gens qui fonctionnent ainsi. Si c’était vraiment un incontournable, il y a seulement deux personnes au monde qui auraient le droit de se reproduire, l’homme le plus riche et la femme la plus belle.

L’hypergamie est très présente dans le fonctionnement du girl hate, comme on achète la notion que les hommes ne cherchent qu’une femme jeune et jolie et qu’ils vont changer de partenaire dès qu’ils en trouveront une plus à leur goût, on devient, par la force des choses, des compétitrices naturelles. D’où le réflexe très ancrée chez les filles d’être hostiles envers les autres femmes, la jalousie envers la jolie secrétaire, la haine envers la danseuse légèrement vêtue et la propension de penser AUTOMATIQUEMENT que la fille en top à bretelles spaghetti qui jase avec ton chum veux et va coucher avec lui. Parce qu’elle a un top serré, elle est forcément célibataire, ou si elle ne l’est pas, elle n’est pas monogame. Parce qu’elle jase avec ton chum en portant un top serré, elle a forcément envie de coucher avec lui (qu’elle ait mis ce top pour séduire ton chum ou un autre ou juste parce qu’elle aime son top serré n’a pas d’importance, apparemment) et comme il n’est qu’une bête incapable de contrôler ses pulsions sexuelles, la seule vue de son décolleté lui fait automatiquement oublier ton existence et il ne pense qu’à la sauter dans la salle de bain.

Je ne dis pas que ce scénario est impossible, il y a des gens qui sont comme ça, des filles qui ne pensent qu’à se trouver un gars riche et se foutent complètement de l’aimer ou non. Des gars qui ne pensent qu’avec leur queue. On les appelle des trous de cul et en général, ils sont faciles à repérer et à éviter. Et d’assumer automatiquement que tous les gens qu’on rencontre sont des trous de culs, c’est de la paranoïa, pas de la vigilance. Il faut être réaliste, mais être vraiment réaliste, c’est aussi voir le temps et l’énergie que ton partenaire de vie mets dans votre relation et de comprendre qu’il n’aura pas nécessairement envie de tout balancer par-dessus bord pour une paire de seins. Ça arrive, mais ce n’est pas automatique. Et la jalousie à tout crin est une excellente façon de le pousser à partir. La confiance n’est pas de la naïveté.

Le girl hate est un système d’autorégulation qui dérive de la pensée patriarchique (eh oui, voilà la féministe qui sort officiellement!). C’est un réflexe extrêmement misogyne qui considère la sexualité féminine comme un danger public qui doit être contrôlé à tout prix. On apprend aux femmes à être insécures, et donc à être envieuses et à se mettre en compétition pour les faveurs masculines. C’est une façon de leur retirer le pouvoir de décision sur leur vie sexuelle et de transformer leurs désirs et leur pulsion en péchés qu’on doit éliminer à tout prix. On leur apprend à ce policer les unes et les autres, ce sont les femmes qui sont les premières a appliquer les règles sociales de ce qui est acceptable ou non et qui sont les plus promptes à sauter dans le train de la honte (je vous réfère à l’histoire de la serveuse qui ne s’est pas gênée pour insulter sa cliente citée plus haut) et peu importe ce qu’on est, au final on ne mérite pas le respect.

La fille belle est forcément une conne :

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La fille moche est indigne de considération, peu importe ce qu’elle fait:

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(Oh qu’il y a une analyse féministe de Family Guy dans mon futur. Pas un jugement de qualité, j’aime bien Family Guy, et je comprends que c’est de la satire, mais ça n’empêche pas d’utiliser ladite satire pour souligner les mécanismes sexistes, parce que, avouons-le nous, ce n’est pas tout le monde qui arrive automatiquement à lire le deuxième degré et beaucoup prennent Peter Griffin, Homer Simpsons et Eric Cartman pour du cash.)

Dès l’enfance on nous apprend (aux garçons comme aux filles) qu’une femme bien se couvre, est polie, gentille, pure, belle (mais pas trop) et que ses pets sentent la rose. Les femmes qui ne se conforment pas à cette description sont sans classe, ne se respectent pas, sont des putains et doivent être punies. Les hommes intériorisent cette logique par la dichotomie de la vierge-putain et l’objectification, les femmes l’intériorisent par la punition sociale (toutes les head cheerleaders de films d’ados sont les exemples types.)

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J’ai longtemps souffert des conséquences du girl hate, en tant que victime (une grassouillette sensible ne traverse jamais le secondaire sans encombre) et en tant que dispensatrice. L’envie est un sentiment destructeur purement et simplement. Haïr quelqu’un simplement parce qu’il ou elle a ce qu’on veut ne sert à rien. En découvrant de mon côté les mécanismes du girl hate (dans les vidéos de Laci Green et les écrits du Dr NerdLove et d’Arden Leigh), j’ai pris conscience de mes réflexes et j’essaie de plus en plus de les combattre. J’ai encore des pensées misogynes et méchantes régulièrement, mais je les identifie comme telles et je corrige ma pensée. C’est un exercice à long terme, mais les résultats sont assez immédiats et très rémunérateur au niveau psychologique et émotionnel. En me libérant de l’envie et des pensées méchantes envers les autres femmes, j’arrive à m’apprécier beaucoup plus et je me sens mieux dans ma peau. C’est pratiquement magique, mais ça demande de la vigilance et des efforts, les réflexes ne se combattent pas facilement.

Essayez l’exercice mesdames et messieurs, quand vous croisez quelqu’un que vous ne connaissez pas, essayer d’identifier vos réactions clichés et changez la switch de bord, vous m’en donnerez des nouvelles.

Et j’ai décidé que demain, je vais aller travailler en leggings.

Vous avez une question dont vous voudriez que Matante discute? Quelque chose vous chicotte et vous aimeriez avoir une opinion ouverte et respectueuse? Écrivez à Matante, votre question sera traitée anonymement sur le blogue. Peu importe le sujet, je suis curieuse et j’aime aider. RealMatanteElise@gmail.com