Je suis tombée sur cet article hier:
Une blogueuse chrétienne (oui ça a rapport, c’est pour ça que je le précise) explique sa décision de cesser de porter des pantalons de yoga et des leggings en public.
En gros, après une conversation entre filles, elle a « découvert » que le port de pantalons trop serrés en public pouvait encourager les pensées impures des hommes autour d’elle et ça lui pesait sur la conscience. Ça entrait en conflit avec ses valeurs morales et elle avait le sentiment que Dieu lui indiquait qu’elle devait changer son comportement.
De un, ce n’est pas à moi (ni a vous en passant) de juger de ce qu’une personne peut ou non porter en public. (Un petit rappel de mon billet sur les « guidounes » serait de mise ici, si vous ne l’avez pas lu.) Vous voulez mettre une mini-jupe et un top à peine plus gros qu’un soutien-gorge? Go for it! Vous vous sentez plus à l’aise en jeans avec un coton ouaté turquoise avec une grosse tête de loup dessus? C’est parfait (ok, c’est très quétaine, mais si t’aimes ça, ça ne me fait pas mal à moi personnellement)! Eh oui, ça veut aussi dire que j’ai rien à foutre que tu portes ton hijab si ça te fait plaisir. Si je n’aime pas ce que t’as sur le dos, la solution parfaite est très simple: pivoter le cou de 45° et regarder ailleurs! Problème réglé!
Donc, si la tite madame se sent mal à l’aise dans son leggings en public, c’est de ses affaires. Ce qui me gosse là dedans, c’est le fait que son texte perpétue l’idée selon laquelle les femmes doivent s’habiller de façon modeste pour éviter de provoquer la concupiscence masculine.
*SOUPIR*
Non.
Nee.
No.
Niet.
On ne peut, ni ne doit, pas contrôler les pensées et pulsions des hommes. C’est terriblement sexiste de penser ainsi.
Sexiste envers les femmes qui sont réduites à des objets qui ne servent qu’à la satisfaction sexuelle et donc doivent s’effacer le plus possible en dehors de la chambre à coucher.

Ah la belle occasion de vous remettre mon imitation d’une poupée gonflable! Sweet dreams!
Sexiste envers les hommes qui sont réduits à des bêtes sauvages incapables de contrôler leurs pulsions et leurs pensées et qu’on doit donc maintenir éloignés de toute tentation.

Le gros méchant loup va te manger. Non pas « manger » dans ce sens-là…
On déresponsabilise encore une fois les hommes en leur disant que si une fille est habillée sexy, c’est un free pass pour l’achaler et la harceler, voir, abuser d’elle. On culpabilise les femmes en leur disant que si elles se font taponner par un cochon dans le métro, c’est leur faute à elles.
C’est aussi un stéréotype de négativisme sexuel et une vision réductrice du désir. En effet, dans son texte, la dame affirme en avoir parlé avec son mari et que celui-ci a admis que c’était difficile de ne pas regarder une fille en leggings sans avoir des pensées croches. Et avoir des pensées croches pour quelqu’un avec qui on n’est pas en couple, c’est un gros péché…
OK, avalez votre gorgée de café parce que matante va encore une fois vous sortir une vérité qui va chambouler votre monde : AVOIR DES FANTASMES OU ÊTRE ATTIRÉE PAR QUELQU’UN D’AUTRE QUE VOTRE CONJOINT, C’EST PAS NÉCESSAIREMENT MAUVAIS POUR LE COUPLE SI VOUS AGISSEZ COMME DES ADULTES.
Oui, je sais que la Bible parle de ne pas convoiter la femme de ton voisin, mais c’est l’Ancien Testament, Jésus lui parle d’amour et de respect et il a pardonné à la femme adultère donc, tirez-en les conclusions que vous voulez.
Rêver que tu couches avec quelqu’un d’autre, ce n’est pas tromper ta blonde. Regarder les fesses du voisin cute pendant qu’il passe la tondeuse, ce n’est pas tromper ton chum. La monogamie, c’est de choisir de NE PAS PASSER AUX ACTES. Le défi d’un couple monogame, c’est l’habitude ou la monotonie. Fantasmer sur autre chose, tant qu’on est conscient que c’est simplement un fantasme et qu’on n’en fait pas une montagne, c’est assez normal et plutôt sain. Bien entendu, comme dans toutes choses dans la vie, la modération a bien meilleur goût. La culpabilité inutile est un fléau des sociétés judéo-chrétiennes et un détournement des vrais enseignements du Christ.
Le gars ou la fille qui vous dit qu’il n’a d’yeux que pour vous et que depuis qu’il ou elle vous a rencontré, il ou elle n’est attirée par personne d’autre est en train de vous mentir. (Exception : oui c’est comme ça au début de la relation, durant la période « lune de miel », mais ça ne dure pas). Ce n’est cependant pas un mensonge méchant, c’est le résultat de la bouillie de merde qu’on nous sert comme idéal romantique partout dans la société, si tu es attiré par une autre personne, c’est parce que ton partenaire n’est pas « le bon », celui avec lequel tu es censé passer le restant de tes jours. Foutaises. « Le bon » partenaire n’est pas en train d’attendre que tu le rencontres, c’est joli comme idée, c’est romantique, mais dans la vraie vie, « le bon » partenaire, tu le CHOISIS. Tu apprends à le connaître, il te plaît, vous avez des buts communs, tu t’attaches et tu construis une vie avec lui à coup de communication et d’ajustements, des fois ça dure longtemps, des fois moins, mais il n’y a pas qu’une seule et unique personne avec qui tu es destiné à vivre jusqu’à la fin de tes jours. Il faut briser le système de pensée qui nous fait sentir coupable d’avoir des papillons dans le fond de culotte pour quelqu’un d’autre que son conjoint et aussi cesser de péter une crise de jalousie quand notre conjoint dit que la voisine d’en face est jolie. (Ça n’empêche pas que vous utilisiez un langage poli, messieurs, il y a une différence entre « elle est jolie/sexy » et
« je la fourrerais drette-là ».)
Cela étant dit, on a aussi une belle occasion de parler de slut shaming (encore, j’en parle beaucoup, mais c’est partout, alors, attendez-vous à en entendre parler encore souvent). En effet, on a ici un bel exemple de la mécanique. Je dois éviter de porter des vêtements trop collant en public pour éviter de donner des idées aux hommes. Parce que si les hommes ont des fantasmes sur moi, c’est MA faute. On dit encore une fois que les femmes sont responsables de l’attitude sexuelle des hommes. Si une femme s’habille sexy, elle attire la concupiscence et est plus à risque de se faire agresser.
NOTE IMPORTANTE: je n’accepterai AUCUN commentaire suggérant que l’habillement d’une femme QUEL QU’IL SOIT encourage les agresseurs sexuels. Pas de « oui, mais ». NO. C’est purement et simplement faux. Les femmes qui se font violer sont de tout âge, toutes races, toutes apparences et tous styles confondus. Il y a autant de viol (sinon plus) en burka qu’en bikini. Même si elle se promène sur la Main flambante nue avec un tatouage qui dit « baise-moi » direct sur le mont de vénus, ça ne vous donne pas un free pass pour lui sauter dessus et la prendre sans son consentement. Ce n’est pas à la victime de ne pas se faire agresser, c’est à l’agresseur de ne pas agresser, point final. Si vous suggérez dans les commentaires qu’une fille peut provoquer son agresseur par la manière dont elle était habillée, je n’argumenterai pas, je n’essayerai pas de vous convaincre, je vais bloquer le commentaire purement et simplement (ça vaut pour les commentaires sur Facebook aussi). Mon blogue est un endroit de discussions et d’échanges et je suis ouverte d’esprit, mais ce n’est pas une démocratie ni un bien publique, et je n’accepterai AUCUN slut shaming ou victim blaming dans mes commentaires, point à la ligne. La limite est là, vous l’avez vue, si vous êtes intelligents (ce que vous devez être, puisque vous lisez ce blogue!) vous ne la testerez pas.
Oui, c’est vrai que parfois une femme va s’habiller d’une certaine façon dans le but d’attirer l’attention masculine. Quand elle sort dans un bar par exemple. C’est la même chose pour les hommes, vous n’irez pas à une soirée de speed dating habillé en chienne de garage pleine d’huile, enfin, en général, il y a des exceptions à toutes les règles, mais en général, vous allez vous raser, mettre une chemise et un pantalon propre et en bon état et souvent, une touche de gel dans les cheveux et un spritz d’aftershave. C’est la même chose pour ces dames. Oui parfois elles s’habillent sexy dans le but très clair de ramener quelqu’un à la maison pour une partie de jambe en l’air, c’est vrai, je ne le nie absolument pas. Cela étant dit, d’assumer qu’une fille est prête à coucher avec VOUS en particulier, juste parce que sa craque de sein est à l’air, c’est très sexiste. Oui elle cherche peut-être à attirer un homme, des fois c’est quelqu’un de très spécifique qui sera à cet endroit à ce moment, des fois ce n’est personne en particulier, mais avant de vous fruster si elle ne répond pas à vos avances et de lui sortir, « ben si tu ne veux pas te faire cruiser, t’as juste à ne pas t’habiller comme ça » pensez y deux secondes. Votre after shave de ce soir, est-ce que ça veut dire que vous voulez coucher avec TOUTES les filles que vous allez croiser dans la soirée? Je vais défier les stéréotypes et dire que non, vous n’avez pas mis votre aftershave pour la caissière de 60 ans de la pharmacie ou vous êtes allés acheter vos condoms. (Si votre truc c’est les caissières de pharmacie de 60 ans, dites-vous que votre aftershave n’est pas pour la madame sale et en sueur qui bave à terre dans l’allée des vitamines, ou tout autre stéréotype qui ne vous excite, mais alors là pas du tout, vous saisissez mon point). C’est la même chose pour la craque de sein de la fille au bar. Tu peux regarder discrètement, je répète discrètement, tenter une approche polie même, mais dans l’éventualité d’un non, tu passes au prochain numéro comme un grand garçon et tu gardes tes déclarations insultantes pour les commentaires sur YouTube.
Et parfois, même souvent, une fille s’habille sexy juste parce qu’elle veut se sentir belle, parce que ça lui tente, sans aucune intention de faire le tango horizontal. Ça arrive plus souvent que vous le pensez.
Bon, on a parlé à ces messieurs, maintenant, c’est votre tour les filles. Parce que ceux qui sont les plus rapides sur le piton de juger les femmes selon leurs apparences, ce ne sont pas les hommes. (YÉÉÉÉÉ vous voyez messieurs, les féministes ne vous accusent pas de TOUS les maux de la société, mais attendez un peu, parce que je vais quand même vous sortir le gros méchant mot patriarchie dans pas long, désolée).
En effet mesdames, êtes-vous familières avec le terme « girl hate »? On parle ici des attitudes agressives et haineuses que les femmes ont les unes envers les autres. En décortiquant le terme, on voit à quel point le mécanisme est sexiste, on parle de girls pour dénoter une immaturité et de hate parce qu’on suppose que les femmes ne sont pas capables de réagir de façon raisonnable à quelque chose qui les dérange. Le stéréotype même de la femme enfant irrationnelle. Si vous êtes passée par l’école secondaire, vous savez exactement de quoi je parle. Et beaucoup de femmes grandissent, mais ne sortent pas de l’école secondaire.

Romy and Michele’s High School Reunion est mon film fétiche en passant. Je suis certaine que vous êtes extrêmement surpris d’apprendre ça.
C’est partout dans l’attitude des femmes, on juge les autres selon des critères stricts et souvent carrément méchants, on saute aux conclusions sans même réfléchir. Et c’est multiplié lorsqu’il y a un rapport direct ou non avec leurs habitudes sexuelles (réelles ou supposées).
J’ai lu un article qui donne l’exemple d’une jeune femme qui travaille dans une émission pour adultes (je vais essayer de retracer l’article, c’est Arden Leigh qui l’avait partagé sur Twitter) qui après avoir indiqué à la serveuse du resto que son verre était sale s’est fait répondre devant ses parents et sa grand-mère « well, at least I don’t show my tits on tv » (« au moins je ne montre pas mes totons à la télé »). Euh, quel ostie de putain de rapport l’exposition consentante de ses seins a avec le fait que ton plongeur a mal fait sa job?
Les travailleuses du sexe subissent la pire forme de girl hate constamment, mais toutes les filles la subissent. C’est dans tous ces commentaires que les filles font sur les autres sans aucune base autre que les apparences. On me regarde et tout de suite on juge que je suis en mauvaise santé, que je mange du fast-food tous les jours, que je ne prends pas soin de moi, que je suis mal dans ma peau, tout ça parce que j’ai un surplus de poids et que je ne me maquille pas. J’exagère à peine et vous le savez. Mais c’est encore pire avec les femmes qui s’habillent sexy. Automatiquement, elles deviennent des cochonnes qui font de la pub pour se faire mettre et tout succès qu’elles ont, professionnel ou personnel, est immédiatement classé dans la catégorie « elle a baisé quelqu’un pour y arriver ».
Les copains, vous seriez surpris de voir combien de so-called pichous ne réussissent à avoir des promotions qu’après une pipe, l’air de la fille n’a rien à voir là-dedans, comme dans toute relation abusive, c’est une question de pouvoir, pas de désir.
Et bien entendu, si une femme est belle, peu importe comment elle s’habille, tous ses succès sont associés à sa plastique, pas à son talent, son travail ou son intelligence.
Je vous entends déjà me sortir les pseudoarguments scientifiques « mais c’est connu, depuis la préhistoire que par instinct, on choisit les spécimens les plus beaux pour la reproduction. » « Les belles personnes ont plus de succès en partant, c’est connu. »

Spécimen génétique parfait, cette créature céleste s’est reproduite à aux moins trois reprises et a fait des centaines de milliers de dollars à l’aide de sa classe et de son sex-appeal.
« Les spécimens les plus beaux » est une façon erronée de voir l’évolution. Ce sont les spécimens les mieux adaptés qui se reproduisaient le plus fréquemment. Les autres se reproduisaient quand même, juste moins. Et avec l’apparition de la société moderne, la société a pris une dominance sur l’instinct en ce qui a trait aux qualifications du spécimen devant se reproduire. Les standards de beauté modernes ne sont pas des garanties de santé, loin de là. Pour ce qui est du succès des belles personnes, regardez la formule à l’envers, on réagit favorablement face aux belles personnes. Pourquoi? Parce que partout, depuis notre plus tendre enfance, on vante les belles personnes, purement et simplement. Ce n’est pas un instinct incontrôlable, il est très fortement renforcé par notre éducation et par la société en général.
Mais voilà, répondre aux standards de beauté, c’est compliqué en maudit. Les vedettes hollywoodiennes ont une plastique parfaite parce que c’est leur job. Ils ont un entraîneur, un nutritionniste, et souvent un cuisinier à leur disposition aux frais de la compagnie de production. Quand ils ne sont pas sur le plateau de tournage, ils ont le temps de faire 4 à 6 heures d’entraînement par jour. Ils ont des stylistes pour choisir les vêtements qui leur vont le mieux, une maquilleuse et une coiffeuse pour les mettre à leur avantage sur les tapis rouges, et, si nécessaire, un chirurgien plastique peut corriger ce qui est hors des compétences des autres. Ils sont certes génétiquement avantagés dès le départ dans la plupart des cas, mais je vous garanti que mon beau Chris Evans chéri n’aurait pas ce corps s’il travaillait 9 à 5, 50 semaines par année chez Raymond Chabot Grant Thornton. Parce qu’il n’aurait ni le temps, ni les moyens de se construire un body avec les proportions d’un Doritos, bonne génétique de base ou non.

Ça donne faim…
Comme on nous dit que c’est de ça qu’on doit avoir l’air, et que c’est impossible d’avoir l’air de ça en vrai, tout le monde développe des complexes et personne ne se trouve « assez bien » pour leur partenaire de vie. Il y aura TOUJOURS une fille plus belle, plus sexy, plus jeune que votre chum va sûrement avoir envie d’avoir plutôt que vous. On le pense parce que c’est ce que la société considère comme étant l’état naturel des choses. Ça s’appelle l’hypergamie, c’est-à-dire le choix d’un partenaire pour des raisons d’avancement social. Dans le système d’hypergamie, on n’est avec un partenaire que parce qu’il est le plus profitable financièrement ou socialement, dès qu’on en trouvera un mieux, on changera. Il y a BEAUCOUP d’exemples d’hypergamie dans la fiction (c’est à la base de toute l’oeuvre de Jane Austen, même si au final, ses protagonistes se rebellent souvent contre le système) et dans la réalité (Donald Trump et Hugh Hefner changent régulièrement de conjointe pour un modèle plus récent). Ça existe, mais ce n’est pas la majorité des gens qui fonctionnent ainsi. Si c’était vraiment un incontournable, il y a seulement deux personnes au monde qui auraient le droit de se reproduire, l’homme le plus riche et la femme la plus belle.
L’hypergamie est très présente dans le fonctionnement du girl hate, comme on achète la notion que les hommes ne cherchent qu’une femme jeune et jolie et qu’ils vont changer de partenaire dès qu’ils en trouveront une plus à leur goût, on devient, par la force des choses, des compétitrices naturelles. D’où le réflexe très ancrée chez les filles d’être hostiles envers les autres femmes, la jalousie envers la jolie secrétaire, la haine envers la danseuse légèrement vêtue et la propension de penser AUTOMATIQUEMENT que la fille en top à bretelles spaghetti qui jase avec ton chum veux et va coucher avec lui. Parce qu’elle a un top serré, elle est forcément célibataire, ou si elle ne l’est pas, elle n’est pas monogame. Parce qu’elle jase avec ton chum en portant un top serré, elle a forcément envie de coucher avec lui (qu’elle ait mis ce top pour séduire ton chum ou un autre ou juste parce qu’elle aime son top serré n’a pas d’importance, apparemment) et comme il n’est qu’une bête incapable de contrôler ses pulsions sexuelles, la seule vue de son décolleté lui fait automatiquement oublier ton existence et il ne pense qu’à la sauter dans la salle de bain.
Je ne dis pas que ce scénario est impossible, il y a des gens qui sont comme ça, des filles qui ne pensent qu’à se trouver un gars riche et se foutent complètement de l’aimer ou non. Des gars qui ne pensent qu’avec leur queue. On les appelle des trous de cul et en général, ils sont faciles à repérer et à éviter. Et d’assumer automatiquement que tous les gens qu’on rencontre sont des trous de culs, c’est de la paranoïa, pas de la vigilance. Il faut être réaliste, mais être vraiment réaliste, c’est aussi voir le temps et l’énergie que ton partenaire de vie mets dans votre relation et de comprendre qu’il n’aura pas nécessairement envie de tout balancer par-dessus bord pour une paire de seins. Ça arrive, mais ce n’est pas automatique. Et la jalousie à tout crin est une excellente façon de le pousser à partir. La confiance n’est pas de la naïveté.
Le girl hate est un système d’autorégulation qui dérive de la pensée patriarchique (eh oui, voilà la féministe qui sort officiellement!). C’est un réflexe extrêmement misogyne qui considère la sexualité féminine comme un danger public qui doit être contrôlé à tout prix. On apprend aux femmes à être insécures, et donc à être envieuses et à se mettre en compétition pour les faveurs masculines. C’est une façon de leur retirer le pouvoir de décision sur leur vie sexuelle et de transformer leurs désirs et leur pulsion en péchés qu’on doit éliminer à tout prix. On leur apprend à ce policer les unes et les autres, ce sont les femmes qui sont les premières a appliquer les règles sociales de ce qui est acceptable ou non et qui sont les plus promptes à sauter dans le train de la honte (je vous réfère à l’histoire de la serveuse qui ne s’est pas gênée pour insulter sa cliente citée plus haut) et peu importe ce qu’on est, au final on ne mérite pas le respect.
La fille belle est forcément une conne :

La fille moche est indigne de considération, peu importe ce qu’elle fait:

(Oh qu’il y a une analyse féministe de Family Guy dans mon futur. Pas un jugement de qualité, j’aime bien Family Guy, et je comprends que c’est de la satire, mais ça n’empêche pas d’utiliser ladite satire pour souligner les mécanismes sexistes, parce que, avouons-le nous, ce n’est pas tout le monde qui arrive automatiquement à lire le deuxième degré et beaucoup prennent Peter Griffin, Homer Simpsons et Eric Cartman pour du cash.)
Dès l’enfance on nous apprend (aux garçons comme aux filles) qu’une femme bien se couvre, est polie, gentille, pure, belle (mais pas trop) et que ses pets sentent la rose. Les femmes qui ne se conforment pas à cette description sont sans classe, ne se respectent pas, sont des putains et doivent être punies. Les hommes intériorisent cette logique par la dichotomie de la vierge-putain et l’objectification, les femmes l’intériorisent par la punition sociale (toutes les head cheerleaders de films d’ados sont les exemples types.)

J’ai longtemps souffert des conséquences du girl hate, en tant que victime (une grassouillette sensible ne traverse jamais le secondaire sans encombre) et en tant que dispensatrice. L’envie est un sentiment destructeur purement et simplement. Haïr quelqu’un simplement parce qu’il ou elle a ce qu’on veut ne sert à rien. En découvrant de mon côté les mécanismes du girl hate (dans les vidéos de Laci Green et les écrits du Dr NerdLove et d’Arden Leigh), j’ai pris conscience de mes réflexes et j’essaie de plus en plus de les combattre. J’ai encore des pensées misogynes et méchantes régulièrement, mais je les identifie comme telles et je corrige ma pensée. C’est un exercice à long terme, mais les résultats sont assez immédiats et très rémunérateur au niveau psychologique et émotionnel. En me libérant de l’envie et des pensées méchantes envers les autres femmes, j’arrive à m’apprécier beaucoup plus et je me sens mieux dans ma peau. C’est pratiquement magique, mais ça demande de la vigilance et des efforts, les réflexes ne se combattent pas facilement.
Essayez l’exercice mesdames et messieurs, quand vous croisez quelqu’un que vous ne connaissez pas, essayer d’identifier vos réactions clichés et changez la switch de bord, vous m’en donnerez des nouvelles.
Et j’ai décidé que demain, je vais aller travailler en leggings.
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