Je suis grosse.

Non, non, je ne cherche pas à me faire rassurer, à me faire dire « ben non, t’es pas grosse », « il y en a des pas mal plus grosses que toi » ou autres trucs rassurants. Je suis grosse, c’est un fait.

Et alors?

Non, sérieusement. Je suis grosse.

Pis après?

Pensez-y un peu. En quoi mon surplus de poids influence la vie des autres?

Quand je me promène sur la rue et qu’en passant, un char me klaxonne et qu’un gars d’environ 17 ans se sort la tête et me crie « grosse torche, t’es grosse » qu’est-ce qu’il pense accomplir? Est-ce qu’il pense que je ne suis pas au courant?

Quand mes matantes pleines de bonnes intentions me disent de m’habiller lousse pour cacher mes bourrelets, à qui pensent-elles que ces conseils vont servir? À moi?

Je suis une grosse, une toutoune, une ronde, etc.

Et alors?

J’ai pris la décision il y a quelque temps d’assumer l’identité et de refuser de l’accepter comme une insulte. Parce qu’être grosse, ce n’est pas un problème.

L’IMC N’EST PAS UN INDICATEUR ULTIME ET INCONTOURNABLE DE BONNE SANTÉ.

UNE FEMME N’A PAS BESOIN D’ÊTRE MINCE POUR ÊTRE BELLE ET BIEN DANS SA PEAU.

J’AI L’AIR DONT J’AI ENVIE, PAS CELUI QUE LES AUTRES VEULENT QUE J’AIE.

Je m’habille de la façon qui me tente dans des vêtements dans lesquels je me sens confortable. J’ai un taux de cholestérol pratiquement normal. Je fais du yoga et je marche. J’essaie de bien manger.

Je suis grosse, je le sais, et c’est absolument correct.

Si mon apparence vous déplaît, regardez ailleurs.

Vous avez une question dont vous voudriez que Matante discute? Quelque chose vous chicotte et vous aimeriez avoir une opinion ouverte et respectueuse? Écrivez à Matante, votre question sera traitée anonymement sur le blogue. Peu importe le sujet, je suis curieuse et j’aime aider. RealMatanteElise@gmail.com

Girls don’t want you to have fun.

Je suis tombée sur cet article hier:

Une blogueuse chrétienne (oui ça a rapport, c’est pour ça que je le précise) explique sa décision de cesser de porter des pantalons de yoga et des leggings en public.

En gros, après une conversation entre filles, elle a « découvert » que le port de pantalons trop serrés en public pouvait encourager les pensées impures des hommes autour d’elle et ça lui pesait sur la conscience. Ça entrait en conflit avec ses valeurs morales et elle avait le sentiment que Dieu lui indiquait qu’elle devait changer son comportement.

De un, ce n’est pas à moi (ni a vous en passant) de juger de ce qu’une personne peut ou non porter en public. (Un petit rappel de mon billet sur les « guidounes » serait de mise ici, si vous ne l’avez pas lu.) Vous voulez mettre une mini-jupe et un top à peine plus gros qu’un soutien-gorge? Go for it! Vous vous sentez plus à l’aise en jeans avec un coton ouaté turquoise avec une grosse tête de loup dessus? C’est parfait (ok, c’est très quétaine, mais si t’aimes ça, ça ne me fait pas mal à moi personnellement)! Eh oui, ça veut aussi dire que j’ai rien à foutre que tu portes ton hijab si ça te fait plaisir. Si je n’aime pas ce que t’as sur le dos, la solution parfaite est très simple: pivoter le cou de 45° et regarder ailleurs! Problème réglé!

Donc, si la tite madame se sent mal à l’aise dans son leggings en public, c’est de ses affaires. Ce qui me gosse là dedans, c’est le fait que son texte perpétue l’idée selon laquelle les femmes doivent s’habiller de façon modeste pour éviter de provoquer la concupiscence masculine.

*SOUPIR*

Non.
Nee.

No.

Niet.

On ne peut, ni ne doit, pas contrôler les pensées et pulsions des hommes. C’est terriblement sexiste de penser ainsi.

Sexiste envers les femmes qui sont réduites à des objets qui ne servent qu’à la satisfaction sexuelle et donc doivent s’effacer le plus possible en dehors de la chambre à coucher.

Ah la belle occasion de vous remettre mon imitation d'une poupée gonflable!

Ah la belle occasion de vous remettre mon imitation d’une poupée gonflable! Sweet dreams!

Sexiste envers les hommes qui sont réduits à des bêtes sauvages incapables de contrôler leurs pulsions et leurs pensées et qu’on doit donc maintenir éloignés de toute tentation.

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Le gros méchant loup va te manger. Non pas « manger » dans ce sens-là…

On déresponsabilise encore une fois les hommes en leur disant que si une fille est habillée sexy, c’est un free pass pour l’achaler et la harceler, voir, abuser d’elle. On culpabilise les femmes en leur disant que si elles se font taponner par un cochon dans le métro, c’est leur faute à elles.

C’est aussi un stéréotype de négativisme sexuel et une vision réductrice du désir. En effet, dans son texte, la dame affirme en avoir parlé avec son mari et que celui-ci a admis que c’était difficile de ne pas regarder une fille en leggings sans avoir des pensées croches. Et avoir des pensées croches pour quelqu’un avec qui on n’est pas en couple, c’est un gros péché…

OK, avalez votre gorgée de café parce que matante va encore une fois vous sortir une vérité qui va chambouler votre monde : AVOIR DES FANTASMES OU ÊTRE ATTIRÉE PAR QUELQU’UN D’AUTRE QUE VOTRE CONJOINT, C’EST PAS NÉCESSAIREMENT MAUVAIS POUR LE COUPLE SI VOUS AGISSEZ COMME DES ADULTES.

Oui, je sais que la Bible parle de ne pas convoiter la femme de ton voisin, mais c’est l’Ancien Testament, Jésus lui parle d’amour et de respect et il a pardonné à la femme adultère donc, tirez-en les conclusions que vous voulez.

Rêver que tu couches avec quelqu’un d’autre, ce n’est pas tromper ta blonde. Regarder les fesses du voisin cute pendant qu’il passe la tondeuse, ce n’est pas tromper ton chum. La monogamie, c’est de choisir de NE PAS PASSER AUX ACTES. Le défi d’un couple monogame, c’est l’habitude ou la monotonie. Fantasmer sur autre chose, tant qu’on est conscient que c’est simplement un fantasme et qu’on n’en fait pas une montagne, c’est assez normal et plutôt sain. Bien entendu, comme dans toutes choses dans la vie, la modération a bien meilleur goût. La culpabilité inutile est un fléau des sociétés judéo-chrétiennes et un détournement des vrais enseignements du Christ.

Le gars ou la fille qui vous dit qu’il n’a d’yeux que pour vous et que depuis qu’il ou elle vous a rencontré, il ou elle n’est attirée par personne d’autre est en train de vous mentir. (Exception : oui c’est comme ça au début de la relation, durant la période « lune de miel », mais ça ne dure pas). Ce n’est cependant pas un mensonge méchant, c’est le résultat de la bouillie de merde qu’on nous sert comme idéal romantique partout dans la société, si tu es attiré par une autre personne, c’est parce que ton partenaire n’est pas « le bon », celui avec lequel tu es censé passer le restant de tes jours. Foutaises. « Le bon » partenaire n’est pas en train d’attendre que tu le rencontres, c’est joli comme idée, c’est romantique, mais dans la vraie vie, « le bon » partenaire, tu le CHOISIS. Tu apprends à le connaître, il te plaît, vous avez des buts communs, tu t’attaches et tu construis une vie avec lui à coup de communication et d’ajustements, des fois ça dure longtemps, des fois moins, mais il n’y a pas qu’une seule et unique personne avec qui tu es destiné à vivre jusqu’à la fin de tes jours. Il faut briser le système de pensée qui nous fait sentir coupable d’avoir des papillons dans le fond de culotte pour quelqu’un d’autre que son conjoint et aussi cesser de péter une crise de jalousie quand notre conjoint dit que la voisine d’en face est jolie. (Ça n’empêche pas que vous utilisiez un langage poli, messieurs, il y a une différence entre « elle est jolie/sexy » et
« je la fourrerais drette-là ».)

Cela étant dit, on a aussi une belle occasion de parler de slut shaming (encore, j’en parle beaucoup, mais c’est partout, alors, attendez-vous à en entendre parler encore souvent). En effet, on a ici un bel exemple de la mécanique. Je dois éviter de porter des vêtements trop collant en public pour éviter de donner des idées aux hommes. Parce que si les hommes ont des fantasmes sur moi, c’est MA faute. On dit encore une fois que les femmes sont responsables de l’attitude sexuelle des hommes. Si une femme s’habille sexy, elle attire la concupiscence et est plus à risque de se faire agresser.

NOTE IMPORTANTE: je n’accepterai AUCUN commentaire suggérant que l’habillement d’une femme QUEL QU’IL SOIT encourage les agresseurs sexuels. Pas de « oui, mais ». NO. C’est purement et simplement faux. Les femmes qui se font violer sont de tout âge, toutes races, toutes apparences et tous styles confondus. Il y a autant de viol (sinon plus) en burka qu’en bikini. Même si elle se promène sur la Main flambante nue avec un tatouage qui dit « baise-moi » direct sur le mont de vénus, ça ne vous donne pas un free pass pour lui sauter dessus et la prendre sans son consentement. Ce n’est pas à la victime de ne pas se faire agresser, c’est à l’agresseur de ne pas agresser, point final. Si vous suggérez dans les commentaires qu’une fille peut provoquer son agresseur par la manière dont elle était habillée, je n’argumenterai pas, je n’essayerai pas de vous convaincre, je vais bloquer le commentaire purement et simplement (ça vaut pour les commentaires sur Facebook aussi). Mon blogue est un endroit de discussions et d’échanges et je suis ouverte d’esprit, mais ce n’est pas une démocratie ni un bien publique, et je n’accepterai AUCUN slut shaming ou victim blaming dans mes commentaires, point à la ligne. La limite est là, vous l’avez vue, si vous êtes intelligents (ce que vous devez être, puisque vous lisez ce blogue!) vous ne la testerez pas.

Oui, c’est vrai que parfois une femme va s’habiller d’une certaine façon dans le but d’attirer l’attention masculine. Quand elle sort dans un bar par exemple. C’est la même chose pour les hommes, vous n’irez pas à une soirée de speed dating habillé en chienne de garage pleine d’huile, enfin, en général, il y a des exceptions à toutes les règles, mais en général, vous allez vous raser, mettre une chemise et un pantalon propre et en bon état et souvent, une touche de gel dans les cheveux et un spritz d’aftershave. C’est la même chose pour ces dames. Oui parfois elles s’habillent sexy dans le but très clair de ramener quelqu’un à la maison pour une partie de jambe en l’air, c’est vrai, je ne le nie absolument pas. Cela étant dit, d’assumer qu’une fille est prête à coucher avec VOUS en particulier, juste parce que sa craque de sein est à l’air, c’est très  sexiste. Oui elle cherche peut-être à attirer un homme, des fois c’est quelqu’un de très spécifique qui sera à cet endroit à ce moment, des fois ce n’est personne en particulier, mais avant de vous fruster si elle ne répond pas à vos avances et de lui sortir, « ben si tu ne veux pas te faire cruiser, t’as juste à ne pas t’habiller comme ça » pensez y deux secondes. Votre after shave de ce soir, est-ce que ça veut dire que vous voulez coucher avec TOUTES les filles que vous allez croiser dans la soirée? Je vais défier les stéréotypes et dire que non, vous n’avez pas mis votre aftershave pour la caissière de 60 ans de la pharmacie ou vous êtes allés acheter vos condoms. (Si votre truc c’est les caissières de pharmacie de 60 ans, dites-vous que votre aftershave n’est pas pour la madame sale et en sueur qui bave à terre dans l’allée des vitamines, ou tout autre stéréotype qui ne vous excite, mais alors là pas du tout, vous saisissez mon point). C’est la même chose pour la craque de sein de la fille au bar. Tu peux regarder discrètement, je répète discrètement, tenter une approche polie même, mais dans l’éventualité d’un non, tu passes au prochain numéro comme un grand garçon et tu gardes tes déclarations insultantes pour les commentaires sur YouTube.

Et parfois, même souvent, une fille s’habille sexy juste parce qu’elle veut se sentir belle, parce que ça lui tente, sans aucune intention de faire le tango horizontal. Ça arrive plus souvent que vous le pensez.

Bon, on a parlé à ces messieurs, maintenant, c’est votre tour les filles. Parce que ceux qui sont les plus rapides sur le piton de juger les femmes selon leurs apparences, ce ne sont pas les hommes. (YÉÉÉÉÉ vous voyez messieurs, les féministes ne vous accusent pas de TOUS les maux de la société, mais attendez un peu, parce que je vais quand même vous sortir le gros méchant mot patriarchie dans pas long, désolée).

En effet mesdames, êtes-vous familières avec le terme « girl hate »? On parle ici des attitudes agressives et haineuses que les femmes ont les unes envers les autres. En décortiquant le terme, on voit à quel point le mécanisme est sexiste, on parle de girls pour dénoter une immaturité et de hate parce qu’on suppose que les femmes ne sont pas capables de réagir de façon raisonnable à quelque chose qui les dérange. Le stéréotype même de la femme enfant irrationnelle. Si vous êtes passée par l’école secondaire, vous savez exactement de quoi je parle. Et beaucoup de femmes grandissent, mais ne sortent pas de l’école secondaire.

Romy and Michele's High School Reunion est mon film fétiche en passant. Je suis certaine que vous êtes extrêmement surpris d'apprendre ça.

Romy and Michele’s High School Reunion est mon film fétiche en passant. Je suis certaine que vous êtes extrêmement surpris d’apprendre ça.

C’est partout dans l’attitude des femmes, on juge les autres selon des critères stricts et souvent carrément méchants, on saute aux conclusions sans même réfléchir. Et c’est multiplié lorsqu’il y a un rapport direct ou non avec leurs habitudes sexuelles (réelles ou supposées).

J’ai lu un article qui donne l’exemple d’une jeune femme qui travaille dans une émission pour adultes (je vais essayer de retracer l’article, c’est Arden Leigh qui l’avait partagé sur Twitter) qui après avoir indiqué à la serveuse du resto que son verre était sale s’est fait répondre devant ses parents et sa grand-mère « well, at least I don’t show my tits on tv » (« au moins je ne montre pas mes totons à la télé »). Euh, quel ostie de putain de rapport l’exposition consentante de ses seins a avec le fait que ton plongeur a mal fait sa job?

Les travailleuses du sexe subissent la pire forme de girl hate constamment, mais toutes les filles la subissent. C’est dans tous ces commentaires que les filles font sur les autres sans aucune base autre que les apparences. On me regarde et tout de suite on juge que je suis en mauvaise santé, que je mange du fast-food tous les jours, que je ne prends pas soin de moi, que je suis mal dans ma peau, tout ça parce que j’ai un surplus de poids et que je ne me maquille pas. J’exagère à peine et vous le savez. Mais c’est encore pire avec les femmes qui s’habillent sexy. Automatiquement, elles deviennent des cochonnes qui font de la pub pour se faire mettre et tout succès qu’elles ont, professionnel ou personnel, est immédiatement classé dans la catégorie « elle a baisé quelqu’un pour y arriver ».

Les copains, vous seriez surpris de voir combien de so-called pichous ne réussissent à avoir des promotions qu’après une pipe, l’air de la fille n’a rien à voir là-dedans, comme dans toute relation abusive, c’est une question de pouvoir, pas de désir.

Et bien entendu, si une femme est belle, peu importe comment elle s’habille, tous ses succès sont associés à sa plastique, pas à son talent, son travail ou son intelligence.

Je vous entends déjà me sortir les pseudoarguments scientifiques « mais c’est connu, depuis la préhistoire que par instinct, on choisit les spécimens les plus beaux pour la reproduction. » « Les belles personnes ont plus de succès en partant, c’est connu. »

Spécimen génétique parfait, cette créature céleste s'est reproduite à aux moins trois reprises.

Spécimen génétique parfait, cette créature céleste s’est reproduite à aux moins trois reprises et a fait des centaines de milliers de dollars à l’aide de sa classe et de son sex-appeal.

« Les spécimens les plus beaux » est une façon erronée de voir l’évolution. Ce sont les spécimens les mieux adaptés qui se reproduisaient le plus fréquemment. Les autres se reproduisaient quand même, juste moins. Et avec l’apparition de la société moderne, la société a pris une dominance sur l’instinct en ce qui a trait aux qualifications du spécimen devant se reproduire. Les standards de beauté modernes ne sont pas des garanties de santé, loin de là. Pour ce qui est du succès des belles personnes, regardez la formule à l’envers, on réagit favorablement face aux belles personnes. Pourquoi? Parce que partout, depuis notre plus tendre enfance, on vante les belles personnes, purement et simplement. Ce n’est pas un instinct incontrôlable, il est très fortement renforcé par notre éducation et par la société en général.

Mais voilà, répondre aux standards de beauté, c’est compliqué en maudit. Les vedettes hollywoodiennes ont une plastique parfaite parce que c’est leur job. Ils ont un entraîneur, un nutritionniste, et souvent un cuisinier à leur disposition aux frais de la compagnie de production. Quand ils ne sont pas sur le plateau de tournage, ils ont le temps de faire 4 à 6 heures d’entraînement par jour. Ils ont des stylistes pour choisir les vêtements qui leur vont le mieux, une maquilleuse et une coiffeuse pour les mettre à leur avantage sur les tapis rouges, et, si nécessaire, un chirurgien plastique peut corriger ce qui est hors des compétences des autres. Ils sont certes génétiquement avantagés dès le départ dans la plupart des cas, mais je vous garanti que mon beau Chris Evans chéri n’aurait pas ce corps s’il travaillait 9 à 5, 50 semaines par année chez Raymond Chabot Grant Thornton. Parce qu’il n’aurait ni le temps, ni les moyens de se construire un body avec les proportions d’un Doritos, bonne génétique de base ou non.

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Ça donne faim…

Comme on nous dit que c’est de ça qu’on doit avoir l’air, et que c’est impossible d’avoir l’air de ça en vrai, tout le monde développe des complexes et personne ne se trouve « assez bien » pour leur partenaire de vie. Il y aura TOUJOURS une fille plus belle, plus sexy, plus jeune que votre chum va sûrement avoir envie d’avoir plutôt que vous. On le pense parce que c’est ce que la société considère comme étant l’état naturel des choses. Ça s’appelle l’hypergamie, c’est-à-dire le choix d’un partenaire pour des raisons d’avancement social. Dans le système d’hypergamie, on n’est avec un partenaire que parce qu’il est le plus profitable financièrement ou socialement, dès qu’on en trouvera un mieux, on changera. Il y a BEAUCOUP d’exemples d’hypergamie dans la fiction (c’est à la base de toute l’oeuvre de Jane Austen, même si au final, ses protagonistes se rebellent souvent contre le système) et dans la réalité (Donald Trump et Hugh Hefner changent régulièrement de conjointe pour un modèle plus récent). Ça existe, mais ce n’est pas la majorité des gens qui fonctionnent ainsi. Si c’était vraiment un incontournable, il y a seulement deux personnes au monde qui auraient le droit de se reproduire, l’homme le plus riche et la femme la plus belle.

L’hypergamie est très présente dans le fonctionnement du girl hate, comme on achète la notion que les hommes ne cherchent qu’une femme jeune et jolie et qu’ils vont changer de partenaire dès qu’ils en trouveront une plus à leur goût, on devient, par la force des choses, des compétitrices naturelles. D’où le réflexe très ancrée chez les filles d’être hostiles envers les autres femmes, la jalousie envers la jolie secrétaire, la haine envers la danseuse légèrement vêtue et la propension de penser AUTOMATIQUEMENT que la fille en top à bretelles spaghetti qui jase avec ton chum veux et va coucher avec lui. Parce qu’elle a un top serré, elle est forcément célibataire, ou si elle ne l’est pas, elle n’est pas monogame. Parce qu’elle jase avec ton chum en portant un top serré, elle a forcément envie de coucher avec lui (qu’elle ait mis ce top pour séduire ton chum ou un autre ou juste parce qu’elle aime son top serré n’a pas d’importance, apparemment) et comme il n’est qu’une bête incapable de contrôler ses pulsions sexuelles, la seule vue de son décolleté lui fait automatiquement oublier ton existence et il ne pense qu’à la sauter dans la salle de bain.

Je ne dis pas que ce scénario est impossible, il y a des gens qui sont comme ça, des filles qui ne pensent qu’à se trouver un gars riche et se foutent complètement de l’aimer ou non. Des gars qui ne pensent qu’avec leur queue. On les appelle des trous de cul et en général, ils sont faciles à repérer et à éviter. Et d’assumer automatiquement que tous les gens qu’on rencontre sont des trous de culs, c’est de la paranoïa, pas de la vigilance. Il faut être réaliste, mais être vraiment réaliste, c’est aussi voir le temps et l’énergie que ton partenaire de vie mets dans votre relation et de comprendre qu’il n’aura pas nécessairement envie de tout balancer par-dessus bord pour une paire de seins. Ça arrive, mais ce n’est pas automatique. Et la jalousie à tout crin est une excellente façon de le pousser à partir. La confiance n’est pas de la naïveté.

Le girl hate est un système d’autorégulation qui dérive de la pensée patriarchique (eh oui, voilà la féministe qui sort officiellement!). C’est un réflexe extrêmement misogyne qui considère la sexualité féminine comme un danger public qui doit être contrôlé à tout prix. On apprend aux femmes à être insécures, et donc à être envieuses et à se mettre en compétition pour les faveurs masculines. C’est une façon de leur retirer le pouvoir de décision sur leur vie sexuelle et de transformer leurs désirs et leur pulsion en péchés qu’on doit éliminer à tout prix. On leur apprend à ce policer les unes et les autres, ce sont les femmes qui sont les premières a appliquer les règles sociales de ce qui est acceptable ou non et qui sont les plus promptes à sauter dans le train de la honte (je vous réfère à l’histoire de la serveuse qui ne s’est pas gênée pour insulter sa cliente citée plus haut) et peu importe ce qu’on est, au final on ne mérite pas le respect.

La fille belle est forcément une conne :

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La fille moche est indigne de considération, peu importe ce qu’elle fait:

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(Oh qu’il y a une analyse féministe de Family Guy dans mon futur. Pas un jugement de qualité, j’aime bien Family Guy, et je comprends que c’est de la satire, mais ça n’empêche pas d’utiliser ladite satire pour souligner les mécanismes sexistes, parce que, avouons-le nous, ce n’est pas tout le monde qui arrive automatiquement à lire le deuxième degré et beaucoup prennent Peter Griffin, Homer Simpsons et Eric Cartman pour du cash.)

Dès l’enfance on nous apprend (aux garçons comme aux filles) qu’une femme bien se couvre, est polie, gentille, pure, belle (mais pas trop) et que ses pets sentent la rose. Les femmes qui ne se conforment pas à cette description sont sans classe, ne se respectent pas, sont des putains et doivent être punies. Les hommes intériorisent cette logique par la dichotomie de la vierge-putain et l’objectification, les femmes l’intériorisent par la punition sociale (toutes les head cheerleaders de films d’ados sont les exemples types.)

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J’ai longtemps souffert des conséquences du girl hate, en tant que victime (une grassouillette sensible ne traverse jamais le secondaire sans encombre) et en tant que dispensatrice. L’envie est un sentiment destructeur purement et simplement. Haïr quelqu’un simplement parce qu’il ou elle a ce qu’on veut ne sert à rien. En découvrant de mon côté les mécanismes du girl hate (dans les vidéos de Laci Green et les écrits du Dr NerdLove et d’Arden Leigh), j’ai pris conscience de mes réflexes et j’essaie de plus en plus de les combattre. J’ai encore des pensées misogynes et méchantes régulièrement, mais je les identifie comme telles et je corrige ma pensée. C’est un exercice à long terme, mais les résultats sont assez immédiats et très rémunérateur au niveau psychologique et émotionnel. En me libérant de l’envie et des pensées méchantes envers les autres femmes, j’arrive à m’apprécier beaucoup plus et je me sens mieux dans ma peau. C’est pratiquement magique, mais ça demande de la vigilance et des efforts, les réflexes ne se combattent pas facilement.

Essayez l’exercice mesdames et messieurs, quand vous croisez quelqu’un que vous ne connaissez pas, essayer d’identifier vos réactions clichés et changez la switch de bord, vous m’en donnerez des nouvelles.

Et j’ai décidé que demain, je vais aller travailler en leggings.

Vous avez une question dont vous voudriez que Matante discute? Quelque chose vous chicotte et vous aimeriez avoir une opinion ouverte et respectueuse? Écrivez à Matante, votre question sera traitée anonymement sur le blogue. Peu importe le sujet, je suis curieuse et j’aime aider. RealMatanteElise@gmail.com

J’ai fait une horrible découverte!

Je ne suis pas une vraie fille!

Pas d’après RaeLynn, une jolie chanteuse country blondinette. Todd a parlé de son hit « God made Girls » il y a quelques mois sur Twitter, mais je n’avais pas écouté la chansons au complet avant ce soir et j’ai été renversée de découvrir que je n’étais pas une vraie fille!!!

Cette chanson est tellement pleine de clichés d’un autre âge, je pense qu’elle a été écrite par un voyageur temporel arrivé tout droit des années 50.

Entrons dans le monde merveilleux de RaeLynn et analysons les raisons que le Créateur a eu pour créer les petites filles. Et rions-en au possible, parce que sinon je vais me mettre à pleurer en pensant que cette tounne a été écrite en 2014….

Somebody’s gotta wear a pretty skirt, (Quelqu’un doit porter une jolie jupe)

Les Écossais sont insultés par cette affirmation.

Somebody’s gotta be the one to flirt, (Quelqu’un doit être celle qui flirte)

Joey dans Friends, Dean Winchester et le beau Marco dans La Petite Vie sont des filles.

Somebody’s gotta wanna hold his hand so God Made Girls (Quelqu’un doit vouloir tenir sa main, alors Dieu a fait les filles)

Sinon, il passerait sa journée avec la main dans ses culottes ou les doigts dans le nez…

Somebody’s gotta make him get dressed up, (Quelqu’un doit le faire s’habiller propre)

C’est pour ça que tous les chefs d’entreprises portent des complets, s’il n’y avait pas de filles, ils irraient travailler en chemise hawaienne et bas blancs dans des sandales… En janvier…

Give him a reason to wash that truck, (Lui donner une raison de laver ce camion)

POUAHHHHHHHHHHH!!!!! Attends juste une minute, sans les filles, les gars ne laveraient pas leur trucks? Cocotte, t’as jamais rencontrée mon frère Phil, il lave MON char tellement il aime pas voir un char sale.

Somebody’s gotta teach him how to dance, (Quelqu’un doit lui apprendre à danser)

Chaning Tatum and Patrick Swayze beg to differ…

So God made girls.( Alors Dieu a fait les filles)

Et Satan a fait les femmes.

He needed something soft and loud and sweet and proud (il a besoin de quelque chose de doux et bruyant et tendre et fière)

Doux: je me suis pas épilée depuis un bout, mes jambes font compétitions au dos de mes chats, donc ok. Bruyant: CHECK! Tendre: À mes heures. Fière: Lol, non, j’ai aucune fierté, je suis une tonne de ridicule sur deux pattes. Oh, mais j’oubliais, je ne suis pas une QUELQUE CHOSE, je suis QUELQU’UN, donc c’est raté, je ne suis pas une fille.

Voici une fille d’après cette description:

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But tough enough to break a heart (mais assez forte pour briser un coeur)

Les filles ont une forte teneur en cholestérol, c’est connu.

Something beautiful and breakable that lights up in the dark (Quelque chose de beau et de fragile qui s’illumine dans le noir)

On parles d’une fille ou d’une lampe? RaeLynn, chérie, si tu t’illumine dans le noir, je pense qu’une visite chez le médecin est de mise.

So God made girls, God made girls (Alors Dieu a fait les filles, Dieu a fait les filles)

Dieu a fait les filles douces, bruyantes, tendres, fières, belles, fragiles et luminescentes. Les filles sont des animaux aquatiques nocturnes. (© Le coeur a ses raisons)

He stood back and told the boys, « I’m ’bout to rock your world. » (il s’est levé et a dis aux garçons “je vais changer votre vie”)

Avant les filles, les gars l’avaient facile, ils pouvaient jouer à GTA en mangeant du Kraft Dinner direct dans la casserole en paix, maintenant que Dieu a créé les filles, ils sont obligés de prendre une douche et s’habiller et bientôt, ils ne pourront plus jouer qu’à Barbie’s beauty salon! #GamerGate #DoxxGod

And God made girls (for singing in your front seat) (Et Dieu a fait les filles [pour chanter sur le siège avant])

Je ne chante sur le siège avant que quand c’est moi qui conduit, et toujours “Baby Got Back”, parce que je rêve d’avoir un gros derrrière.

God made girls (for dancin’ to our own beat) (Dieu a fait les filles [pour dancer sur notre propre rythme])

Ok, RaeLynn, tu gagnes celle-là, mais il y a pas 2 000 façons de rendre la vaisselle intéressante…

He stood back and told the boys, « I’m ’bout to rock your world. »  (il s’est levé et a dis aux garçons “je vais changer votre vie”)

Apparement Dieu a fait les filles pour remplir le monde de musique et de danse. Mesdames, nous sommes toutes Kevin Bacon dans Footloose. (merci Starlord de nous avoir rappelé l’héroïsme de M. Bacon)

And God made girls. (Et Dieu a fait les filles)

Je pensais que les filles venaient des feuilles de choux…

Somebody’s gotta be the one to cry (Quelqu’un doit être celle qui pleure)

Pour qu’on puisse lui dire d’arrêter de faire une montagne avec rien?

Somebody’s gotta let him drive (quelqu’un doit le laisser conduire)

Pourquoi avoir un permis ou une voiture quand tu as un chum?

Give him a reason to hold that door so God made girls (Lui donner une raison de tenir la porte, alors Dieu a fait les filles)

C’est sûr que s’il tiend la porte pour personne, ça a l’air cave en maudine…

Somebody’s gotta put up a fight, (quelqu’un doit se battre)

Ah RaeLynn! Attention à ta jolie jupe!

Make him wait on a Saturday night (Le faire attendre un samedi soir)

Oui, parce que regarder la peinture sécher, c’est le mercredi soir.

To walk downstairs and blow his mind, (descendre l’escalier et le faire exploser son cerveau)

J’arrive juste à penser à scène dans « Not another teen movie » quand la fille passe au travers de la marche et tombe au sous-sol. Chris Evans était très impressionné!

So God made girls. (Alors Dieu a fait les filles)

Avec du sucre, des épice et toutes les jolies choses!

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Something that can wake him up and call his bluff and drag his butt to church (Quelque chose qui peut le réveiller, dénoncer ses menteries et le traîner à l’église)

Une maman? Ah non, les mamans sont des personnes, pas des choses…

Something that is hard to handle (Quelque chose de difficile à manipuler)

C’est vrai que toutes ces larmes et cette crème hydratante nous rends glissantes…

Somethin’ fragile to hold him when he hurts (quelque chose de fragile pour le tenir quand il a mal)

Une béquille faite de crystal…

So God made girls, God made girls (Alors Dieu a fait les filles)

Et les infirmières, les mamans et les toutous.

He stood back and told the boys, « I’m ’bout to rock your world. » (il s’est levé et a dis aux garçons “je vais changer votre vie”)

Plus besoin de se masturber en regardant un parterre de melons d’eau!

And God made girls (for singing in your front seat) (Et Dieu a fait les filles [pour chanter sur le siège avant])

Pour quand la radio du pick-up  est pétée.

God made girls (for dancin’ to our own beat) (Dieu a fait les filles [pour dancer sur notre propre rythme])

He stood back and told the boys, « I’m ’bout to rock your world. » (il s’est levé et a dit aux garçons “je vais changer votre vie”)

Dorénavant, vous devrez laver vos truck, vous habiller propre et aller à l’église. Merci Dieu!

And God made girls

Et Dieu a fait la Macarena.

Somebody’s gotta wear a pretty skirt,

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Somebody’s gotta be the one to flirt,

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Somebody’s gotta wanna hold his hand

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So God made girls, God made girls

He stood back and told the boys, « I’m ’bout to rock your world. »

Tarzan meets Jane. © Burroughs and Disney, Tarzan® Edgar Rice Burroughs, Inc. All rights reserved.

Tarzan meets Jane. © Burroughs and Disney, Tarzan® Edgar Rice Burroughs, Inc. All rights reserved.

And God made girls (for singin’ in your front seat)

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God made girls (for dancin’ to our own beat)

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He stood back and told the boys, « I’m ’bout to rock your world. »

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So God made girls

Vous avez une question dont vous voudriez que Matante discute? Quelque chose vous chicotte et vous aimeriez avoir une opinion ouverte et respectueuse? Écrivez à Matante, votre question sera traitée anonymement sur le blogue. Peu importe le sujet, je suis curieuse et j’aime aider. RealMatanteElise@gmail.com

On devrait tous aller vivre ailleurs.

Je suis férocement antixéniophobie. FÉROCEMENT. Je n’arrive pas à rester de glace devant des généralisations ou des stéréotypes sur des peuples étrangers. Entendez-moi bien, je peux très bien regarder un film avec un personnage étranger caricatural. Exemple, j’adore Boondocks Saints, mais tous les personnages de ce film sont des caricatures d’une culture ou d’un groupe quelconque, les deux frères irlandais qui fument comme des cheminées, boivent comme des trous, vont à la messe tous les matins, les mafiosos italiens tous plus Gino les uns que les autres, les policiers bostonnais avec un accent à couper à la chainsaw et même l’agent du FBI gai qui est très badass, mais aussi maniéré au pas possible. Il y a une différence entre la caricature dans un but humoristique et les généralisations racistes et la peur de tout ce qui est différent.

Après la tragédie de Charlie Hebdo, j’ai refusé d’écrire un billet, j’avais déjà donné mes deux cennes sur le sujet du terrorisme et de sa relation avec la religion suite aux événements de Saint-Jean-sur-Richelieu et d’Ottawa, et j’avais trop mal à l’âme pour écrire. (https://matanteelise.com/2014/10/22/ceci-ne-concerne-pas-la-mousse-de-nombril/ ) Je ne me répèterai pas à propos de l’Islam et de sa non-compatibilité avec la violence, quiconque prend le temps de faire 5 minutes de recherche peux découvrir que le Coran appelle a l’amour et l’acceptation, pas à la violence. Et de toute façon, faites l’exercice mental suivant avant de dire aux musulmans qu’ils devraient dénoncer les terroristes et stopper les intégristes dans leur religion: demandez-vous ce que vous, personnellement, avez fait pour empêcher les prêtres pédophiles d’abuser des enfants, ou pour stopper les bombes posées par l’IRA. Si vous êtes catholiques et n’avez pas réussi à empêcher ces actes, êtes-vous aussi coupables qu’eux? Tous les catholiques sont des poseurs de bombes qui donnent leurs enfants en pâture à des prédateurs sexuels?

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Hmmm, relisez le dernier et le premier tweet de suite… hmmmm…..

Le 21 août 1997, je suis embarquée dans un avion de KLM en direction de Schiphol, l’aéroport d’Amsterdam et je suis revenue au Canada le 7 juillet 1998. Ces 10 mois et des poussières ont profondément transformé ma vision du monde. Je suis partie dans un pays étranger, non pas en touriste, mais pour aller me fondre dans la population. Je suis allée à l’école, j’ai appris la langue, j’ai vécu dans une famille néerlandaise, j’ai mangé du vla, des stroopwaffels, du Gouda frais (j’habitais à Gouda après tout) et du hagelslag (et ça me manque!!!!) et du chou rouge cuit et des dropjes (ça, ça me manque moins…) j’ai reçu des pepernotes par la tête à la Saint-Nicolas, j’ai fréquenté des protestants, des juifs, des musulmans, des Américains, des Australiens, des Vénézuéliens, des Mexicains, des Bosniaques, des Japonais, des Indonésiens. Je n’ai pas seulement regardé le pays à partir d’une plage touristique avec un guide qui nous explique les anectodes locales. J’ai, pendant un an, été une immigrante en pays étranger.

J’ai vécu cette expérience dans le cadre du programme AFS interculture, un organisme sans but lucratif créé pendant la Première Guerre mondiale par des Nord-Américains pour travailler comme ambulanciers sur les champs de bataille (AFS veut dire American Field Services, même si on dit souvent que ça veut dire Another Fat Student, parce que la découverte d’une nouvelle culture passe prioritairement par l’estomac). Après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, ils ont décidé de se consacrer à éviter qu’un autre conflit mondial éclate. Le programme d’échange étudiant est né d’une tentative de rapprocher les peuples éprouvés par les horreurs de la guerre.

« Nos valeurs fondamentales

Les programmes offerts par AFS permettent aux participants de s’ouvrir sur le monde, d’apprécier les différences culturelles et les intérêts universels qui existent entre les différents peuples de la terre. AFS croit en la dignité et en la valeur de chaque être humain quelles que soient sa nationalité ou sa culture. AFS encourage le respect des droits de la personne et des libertés individuelles sans distinction de race, de sexe, de langue, de religion ou de classe sociale. Les activités d’AFS Interculture Canada sont basées sur des valeurs de dignité, de respect des différences, de paix, de tolérance et de sensibilité.

Adopté au Congrès mondial en 1993. »

Source: http://www.afscanada.org/a-propos-afs/

Dans mon cas, on peut dire: mission accomplie! Je suis FÉROCEMENT antixénophobie. Pas parce que je me suis fait endoctriner dans une idéologie gauchiste quelconque, mais parce que j’ai marché dans les souliers des immigrants.

Et je l’ai eue facile, j’ai immigré dans une société occidentale démocratique et multiculturelle très similaire au Canada. J’étais une blanche occidentale dans un monde de blanc occidentaux. Mais la société néerlandaise de la fin des années 90 était tout de même très différente du Canada de cette époque et elle est probablement encore très différente.

D’un, tout le monde était blond ou roux, et plus grand que moi (je fais 5 pieds 7 et demi, je ne suis pas une géante, mais je suis rarement la plus petite du groupe…). Les néerlandais ne sont pas du tout froids, mais les contacts physiques sont réduits au minimum, j’ai serré la main de mes frères d’accueil à l’occasion de leurs anniversaires, et au moment de mon départ, et c’est tout. La machine à câlin que je suis était fortement déréglée là-bas. Il n’y a pas de conflits linguistiques là-bas, pourtant, le néerlandais n’est pas ce qu’on peut appeler une langue répandue. 90 % de la population parle 2 langues minimum et personne ne crie à l’assassinat de la langue si un resto a un nom anglais ou indonésien. (La situation est diamétralement différente en Belgique, mais c’est un autre pays, avec une autre histoire). Les Néerlandais ont littéralement volé leur pays à la mer, ils n’ont peur de rien. Ils ont un historique de tolérance religieuse, ayant servi de refuge aux protestants après les réformes. Ils ont vécu l’occupation nazie et sont donc férocement antidiscrimination et extrêmement opposés à toute forme d’intégrisme ou de fanatisme. Ce n’est pas une question d’être à la mode ou de se penser mieux que les autres parce qu’ils sont plus ouverts d’esprit, c’est inscrit dans leur histoire. Comme ici, au Québec, les efforts de la communauté britannique pour assimiler et faire disparaître la culture francophone après la Conquête teintent encore notre vision du peuple québécois et sont à la racine de notre farouche volonté de défendre notre identité et notre langue.

J’ai intégré inconsciemment tout cela là-bas, mais ce n’est que maintenant, 17 ans plus tard, que je réalise à quel point cette expérience a formé la personne que je suis. Celle qui peut parfaitement comprendre qu’un musulman fasse le ramadan tout en se considérant comme aussi québécois que moi. Parce qu’il l’est. Tout comme moi, j’ai été pendant près d’un an une Néerlandaise brunette grassouillette pas grande qui demandait du miel avec ses McCroquettes (ils m’ont regardé comme si je leur avais demandé de me faire cuire un burger de baleine) et qui regardait TV5. Non, il ne faut pas accepter de se mettre à terre face aux étrangers qui viennent vivre ici, notre société a des valeurs et des convictions auxquels les gens doivent se plier afin d’être des Québécois ( après tout, j’ai appris à manger mes McCroquettes avec de la mayonnaise et mes frites avec de la sauce aux arachides, c’est DIVIN en passant…), mais tout le monde doit avoir de droit d’au moins essayer de le devenir, sans être jugé comme un fainéant parce qu’il est latino, un criminel parce qu’il est noir, un batteur de femme parce qu’il est arabe, un perfectionniste parce qu’il est asiatique, un obsédé sexuel parce qu’il est gai, un prédateur sexuel parce qu’il est transgenre, un paresseux parce qu’il est gros, une émotive parce qu’elle est une femme, un inutile parce qu’il est vieux ou un déchet de la société sans considération pour la santé des autres parce qu’il est fumeur. (blogue à la défense de mes frères et soeurs nicotinomanes à venir, même si je ne pratique plus, je serai une fumeuse toute ma vie, comme les alcooliques restent des alcooliques, même après avoir arrêté de boire)

Ce n’est pas une affirmation naïve, ce n’est pas que je me cache la tête dans le sable et que je ne voit pas les dangers de la montée de l’intégrisme, ou que je ne comprends rien. Je comprends au contraire très bien. Je ferai toujours tout ce qui est en mon pouvoir pour combattre le fanatisme sous toutes ses formes, religieux ou autre. Et la défense à outrance de ce qui est considéré comme le VRAI Québec, ou les VRAIS hommes, ou les VRAIS américains, ou les VRAIS catholiques, ou les VRAIS italiens, ou les VRAIS juifs, sont des formes de fanatisme. Penser qu’il faut absolument être blanc, francophonne de naissance, catholique et séparatiste pour avoir le droit de se considérer comme un vrai québécois est un concept qui me fait vomir.

La xénophobie n’est jamais une bonne optique pour analyser une situation. De sauter aux conclusions et de construire des murs, physiques, sociaux ou légaux pour se garder des « ennemis de la culture », c’est se créer des ennemis, c’est empêcher les alliés les plus efficaces de nous aider. Je suis pour la laïcité de l’État, mais je suis pour un Québec mature et ouvert. J’aime mon identité culturelle et ma langue et je les défendrai toujours, mais d’encourager la qualité du français et défendre mon droit à célébrer la Saint-Jean-Baptiste ne m’empêche pas d’aimer le cinéma américain et la télé britannique. Je ne pense pas que les deux soient exclusifs et je pense que l’ouverture sur le monde nous donnera de bien meilleurs outils pour conserver notre culture.

Si la culture Québécoise est propagée et appréciée partout, elle ne disparaîtra jamais complètement, même après la mort du dernier francophone canadien. Céline et Bran Van 3000 passaient à la Radio Veronica quand je vivais à Gouda (je vous rappelles que c’était l’année de Titanic, Céline passait BEAUCOUP à Radio Veronica, en anglais ET en français, je n’échappait pas à « pour que tu m’aimes encore » même l’autre côté de l’Atlantique). Les gens étaient tous excités quand ils parlaient d’un spectacle du Cirque du Soleil qu’ils avaient vu à la télé. Ma conseillère AFS adorait les pièces de Michel Tremblay. Notre culture vit déjà un peu partout, pas autant que celle de nos voisins du sud, mais on est quand même partout. Protéger la culture québécoise, c’est créer et répandre cette culture, autant que la consommer et la préserver pour les générations futures. Je ne suis pas la plus grande admiratrice de Xavier Dolan en tant que personne (mais j’adore son travail), mais il fait autant pour le futur de la culture québécoise que Fred Pellerin. Même chose pour Jean-Marc Vallé et Denis Villeneuve, qui avec leur travail hollywoodien, viennent mettre, même subtilement, une empreinte québécoise dans la culture de masse. Et c’est merveilleux, ça me rend heureuse et je veux que ça continue comme ça.

Mais je veux aussi qu’on écoute les nouveaux arrivants et leurs enfants, ils ont des choses à contribuer. La culture québécoise n’est pas « apparue » ici par magie, c’est une évolution indépendante de la culture française. Pourquoi donc l’Argentine qui travaille avec moi ne pourrait donc pas greffer un peu de soleil dans notre société? Pourquoi l’Algérien que vous croisez dans la rue ne pourrait pas épicer la télé québécoise? Pourquoi Boucar Diouf serait moins important pour la culture que ses coanimateurs?

C’est parfois en regardant dans les yeux d’un autre qu’on peut mieux se voir tel que l’on est, il en est de même pour notre société. On a BESOIN des imigrants, pas seulement pour l’évolution démographique, mais parce que nous vivons au temps de la mondialisation et se fermer au reste du monde dans un but de protection, ça donne la Corée du Nord. Je suis pas très chaude à l’idée de Tremblay Jung Un…

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Le menu relationnel

Quand on parles d’amour, il y a toujours une équation simple qui est censée englober tout: 1+1+dates+(sexe)+emménagement (mariage)+maison+(enfants)=Bonheur.

Les données entre parenthèse sont sujettes à changement d’ordre.

La théorie en anglais s’appelle le relationship escalator (je sais, toutes mes données viennent de sites en anglais, mais j’ai pas encore trouvé de sources francophones qui s’intéressent sérieusement au mouvement sex positive et qui me conviennent.) C’est une suite logique d’étapes à traverser dans une relation afin que celle-ci soit considérée comme « réussie ».

Et bien entendu, à la base, la relation se doit absolument d’être monogame.

UGH…

Mettons quelque chose très au clair immédiatement, je n’ai ABSOLUMENT RIEN CONTRE la monogamie. Je l’ai pratiqué avec succès personnellement et je crois que c’est une excellente forme de relation.

Je sais aussi que pour certaines personnes, c’est un défi énorme et qu’il est parfois impossible à relever. Ces femmes et ces hommes ne sont pas des pervers ou des écœurants, ils ont simplement une personnalité et des besoins qui sont incompatibles avec les attentes sociales irréalistes.

Penchons-nous d’abord sur la monogamie: pourquoi est-ce considéré comme la condition sine qua non d’une relation amoureuse? Comment en est on venu à penser cela?

La plupart des recherches en préhistoire semblent indiquer que dans les tribus nomades, les femmes et les hommes avaient de nombreux partenaires sexuels. Les théories, basées entre autre sur les comportements de certains primates, semblent indiquer que la raison était que les enfants étaient élevés par toute la tribut et il n’y avait donc aucun concept de paternité. Les biens étaient aussi communautaires, donc aucun concept de propriété. D’autres théories disaient qu’il y avait bel et bien un concept de paternité et que, pour protéger l’enfant, les femmes avaient de nombreux partenaires afin d’éliminer le risque que l’enfant soit brutalisé par les autres hommes de la tribu. Si la paternité est remise en question, tous les hommes étant potentiellement pères vont protéger l’enfant.

La monogamie est apparue avec la sédentarité. Lors de l’apparition de l’agriculture, le concept de propriété s’est développé et, avec lui, celui d’héritage. Il est donc devenu important de s’assurer que notre descendance est bien la nôtre afin de ne pas donner le fruit du labeur d’une vie au fils d’un autre. C’est une des raisons pour lesquelles dans plusieurs sociétés des débuts de l’histoire, la passation de biens se faisait de façon matrilinéaire (par la mère) puisqu’il est difficile de remettre en question la maternité d’une femme lorsqu’elle accouche de l’enfant, mais, avant l’arrivée des tests ADN, il était impossible de connaître à 100% la paternité d’un homme… C’est d’ailleurs pourquoi l’appartenance au judaïsme est fait, encore aujourd’hui, de cette façon. Pour être juif, il suffit d’être né d’une mère juive.

Donc, le concept de mariage et de monogamie est apparu à cette époque pour des raisons économiques et perdure encore aujourd’hui.

Le hic, c’est que nous ne somme plus une société agraire et que nos besoins primaires étant plus facilement satisfaits, nous avons développé de nouveaux besoins. Avant, et encore aujourd’hui dans certaines sociétés, le mariage était d’abord et avant tout un arrangement commercial. Je me charge de subvenir aux besoins de ta fille pour le restant de ses jours, et en échange elle me donnera des héritiers et m’aidera à développer ma ferme/mon commerce. La romance n’avait rien à voir là-dedans.

C’était comme ça dans toutes les couches de la société, du petit fermier au grand seigneur et encore plus dans les monarchies. Les reines n’étaient que des prix échangés au gré des alliances politiques, des usines à héritiers (on leur refusait le droit d’allaiter leurs enfants, sous prétexte que ça détruisait leur figure, ce qui ne leur donnait pas le répit que les fermières avaient avec la perte de fertilité qui vient avec l’allaitement) qui devaient vivre leur vie sous surveillance et constamment en représentation. Et très souvent, elles devenaient des êtres de second plan lorsque le roi se trouvait une maîtresse en titre qui devenait le centre de la cour à la place de la reine légitime. Bien entendu, protester contre cet état de fait était hors de question, à moins de vouloir terminer dans un couvent. Ce n’était pas un destin enviable et peu de femmes aujourd’hui accepteraient ce genre d’esclavage.

Le concept d’amour tel qu’on le connaît est relativement récent, mais il est encore fortement teinté des idéologies datant de l’époque antique. Ce n’est pas un mal en soi, mais le fait est que la monogamie n’est pas nécessairement un état naturel chez l’être humain et qu’il faut arrêter de le traiter comme allant de soit.

Pourquoi? Parce que la pression sociale qui vient avec cette assomption cause de graves problèmes dans plusieurs couples et chez beaucoup d’individus. La monogamie n’est pas un état naturel, et donc, elle demande un EFFORT. Ce n’est pas un état naturel et donc, le fait d’être attiré sexuellement par quelqu’un d’autre que son chum ou sa blonde est NORMAL. Ce n’est pas un indicateur que votre couple est fini, et ce n’est pas une raison pour paniquer. La fidélité, dans une relation monogame (ou autre), c’est de prendre consciemment la décision de ne pas AGIR sur le désir qu’on a d’une personne autre que notre partenaire officiel. Le désir est un sentiment sur lequel on a AUCUN contrôle, donc pour lequel on ne doit pas logiquement sentir de culpabilité. Nous avons cependant le contrôle sur ce qu’on fera de ce sentiment.

Cela étant dit, il est grand temps qu’on parles d’autre formes de relations amoureuse fidèles, en dehors de la monogamie. Parce qu’il est possible d’avoir une vie affective réussie en dehors des dictats sociaux sans pour autant être des monstres amoraux.

Le polyamour est une relation fidèle entre plus de deux partenaires. La polygamie est une forme de polyamour avec une dimension religieuse (les partenaires étant mariés). En général, il y a un partenaire principal et un partenaire secondaire (dans le vocabulaire du milieu, « main babe » et « side babe »). Parfois le side babe n’est qu’un partenaire sexuel, parfois il est un amoureux ou une amoureuse à part entière. Dans des cas plus rare (et dans la plupart des arrangements polygames) tous les partenaires sont égaux, il n’y a pas de main ou de side babe. Certaines relations polyamoureuses sont un triangle interconnecté, trois partenaires entretiennent une relation amoureuse à trois, ils habitent ensemble et ont des relations sexuelles à trois ou à deux avec tous les membres du triangle. La différence entre le polyamour et les relations « ouvertes » est que les partenaires se connaissent et qu’il y a exclusivité sexuelle, même si elle est à plus de deux partenaires.

Les relations ouvertes sont un accord pris par un couple pour avoir des partenaires en dehors du couple, sans exclusivité sexuelle et sans nécessairement rendre de comptes. Le couple ouvert aura des amants ou des maîtresse, mais n’aura d’attachement affectif qu’avec une seule personne. La fidélité ici est émotionnelle, si elle n’est pas physique.

Il arrive parfois qu’un des partenaires aite une relation polyamoureuse, alors que l’autre préfère des rencontres d’un soir. Rien n’est fixé dans le béton et tant que le tout est discuté et accepté par tous, it’s all good.

L’échangisme est un mélange des deux: des relations sexuelles hors du couple à un temps précis et avec un ou des partenaires approuvés par les deux membres du couple. Dans l’échangisme, il n’y a pas d’attachement affectif avec les partenaires hors du couple, sinon on tombe plus dans le spectre d’une relation polyamoureuse.

Il est important ici de comprendre que, comme pour l’orientation sexuelle, il n’y a pas de points définit et fixes, il s’agit ici de spectres et que tout est négociable. L’important c’est de définir dès le départ, les paramètres de la relation et de s’y tenir. Comme dans le cas d’une relation monogame, briser le contrat affectif équivaut à de l’infidélité et est ressenti comme une trahison. Ce n’est pas parce que ta copine a accepté que tu couches avec d’autres femmes qu’elle va prendre le fait que tu en ait mis une enceinte à la légère. Il est nécessaire pour cet aspect comme pour la majorité des décisions importantes de votre couple, que vous avanciez des hypothèses et que vous réfléchisiez à ce que vous vous croyez capable d’accepter et, au contraire, ce qui, pour vous est un deal breaker. Il est important de bien connaître vos limites et de les expliquer clairement. Une relation amoureuse, peu importe sa forme, nécessite une dose immense de confiance, et pour obtenir cette confiance, un respect absolut (de soi-même ET de l’autre) est essentiel.

Il faut énormément de communication, et pas seulement au début, lorsqu’on établis les paramètres de la relation, mais constamment. Il est possible que la relation évolue et que un ou les deux partenaires ressente le besoin de réévaluer les paramètres. Les sentiments et les besoins des gens évoluent au fur et a mesure que la relation prend forme et, par exemple, une personne sera à l’aise avec une relation ouverte avec son partenaire pendant des années, mais, ayant rencontré quelqu’un de spécial, voudra peut-être passer au polyamour. Un homme sera peut-être très à l’aise d’être monogame avec la mère de ses enfants, mais une fois ceux-ci partis de la maison, aura peut-être besoin de voir ailleurs pour pimenter sa vie sexuelle. Ce n’est pas nécessairement la fin de son mariage, s’il le fait avec l’accord de sa femme (et qu’elle a la même liberté si elle le souhaite, bien entendu). C’est souvent par l’échangisme que le piquant est remis dans ces couples.

Comme le dit la belle Arden Leigh, toutes les formes de relations ont leurs inconvénients, les relations monogames on le défi de la monotonie, les autres ont le défi de la jalousie. Il est essentiel d’être prêts à faire face à ces défis à deux. Que les deux partenaires soient compréhensifs face à la jalousie ou à l’ennui de leur partenaire et ne le prennent pas comme un affront personnel.

Le problème dans la société moderne, c’est qu’on assume dès le départ que toute relation avec quelqu’un se doit par défaut d’être monogame et rien d’autre. Une femme souhaitant une relation ouverte, ou un homme acceptant le side babe de sa blonde sont considérés soit comme des obsédés du cul ou des moutons qui se font niaiser par leur conjoint. On ne se pose même pas la question à savoir si la monogamie nous convient ou convient à notre partenaire. On cultive la culpabilité et le secret sur le désir qu’on peut avoir d’une autre personne et on se crée toute une mythologie du fruit défendu. Le fait est que pour plusieurs personnes dont la personnalité n’es pas compatible avec la monogamie, la pression sociale est si forte qu’ils se plient au modèle malgré eux et se retrouvent à commettre une infidélité qu’ils n’aurait peut-être pas commise dans un autre contexte.

Attention attention, je n’excuse pas ici l’infidélité et je ne la mets pas sur le dos du conjoint qui n’a pas donné d’alternative à la monogammie. Si vous trompez votre blonde, c’est VOTRE péché, PERSONNE ne vous a forcé à mettre votre quéquette dans le vagin d’une autre femme. C’est votre responsabilité de clarifier dès le début de la relation votre incapacité a vivre une relation monogame. Si votre partenaire ne peut accepter un autre type de relation et si vous ne pouvez vivre la monogamie, vous n’êtes simplement pas faits pour être ensemble et vous devriez cesser de gaspiller votre temps. Dès le moment où vous acceptez un « contrat relationel » monogame ou autre vous devez vous en tenir aux paramètres établis. Tout bris est VOTRE responsabilité, et un manque de respect total envers la personne que vous prétendez aimer.

Il est important de ne pas rejeter dès le départ des modèles alternatifs de relation et de ne pas les considérer comme dépravés par défaut. Tout type de relation, en autant qu’il soit bien définit et librement consenti par tous les membres, peut mener à une belle histoire d’amour.

Personnellement, je n’ai pratiqué que la monogamie, sans vraiment de problème, et je pense que je serais plus à l’aise à débuter une relation sur une base monogame, au moins le temps qu’on apprenne à se connaître, mais je ne serais pas totalement fermée à l’idée d’explorer d’autres avenues après quelque temps. La forme que ça pourrait prendre dépendrait beaucoup du genre de personnalité de mon conjoint et du niveau de communication que nous aurions dans notre couple.

Vous avez une question dont vous voudriez que Matante discute? Quelque chose vous chicotte et vous aimeriez avoir une opinion ouverte et respectueuse? Écrivez à Matante, votre question sera traitée anonymement sur le blogue. Peu importe le sujet, je suis curieuse et j’aime aider. RealMatanteElise@gmail.com

Pourquoi je suis si désespérément positive.

Je tappe sur les nerfs de beaucoup de gens. Je le sais, et je voudrais vous dire que je ne fais pas exprès, mais ce ne serait pas totalement vrai. La vérité c’est que je suis consciente de l’effet que mon optimisme à tout crin et mon idéalisme a sur certains gens, et de l’image de tête folle que ça peut renvoyer, mais que j’ai délibérément choisi de ne pas m’en préoccuper.

Parce que notre monde a besoin de positif, de folie joyeuse, parce que moi, en tant que personne, j’ai pris la décision consciente que je serais une force de bonheur dans ce monde. C’est tellement facile d’être fataliste et découragés, et en tant que québécois, c’est pratiquement la fondation de notre identité nationale d’être opprimés et malheureux.

Moi j’ai choisi la route plus difficile de toujours chercher la lumière au bout du tunnel et je le fais pour une raison très simple: Je le fais pour honorer les sacrifices que ma mère a fait pour moi.

Ma maman ne l’a pas eu facile, ceux qui la connaissaient seraient à même d’en témoigner. Je ne pense pas que personne ne lui enviait sa vie de secrétaire avec deux enfants à charge à élever seule, sans voiture, avec une douleur chronique débilitante et l’épée de damoclès du cancer au dessus de la tête comme dessert pour les 5 dernières années de sa vie.

Véronique Cloutier (l’originale, l’autre n’a eu ce nom que LONGTEMPS après…) était une femme pleine de patience, énormément de patience. Trop de patience. Les difficultées de la vie lui tombaient dessus, elles ne la cassaient pas, mais elle pliait, comme la branche de roseau, elle pliait tellement qu’à la fin, elle touchait à terre avec le bout de sa tête. Ma mère était d’une résignation à toute épreuve.

Elle était aussi dépressive dans les dernières années. Pas nécessairement en gros burn out presque suicidaire, mais très peu encline à voir le bon côté des choses à moins qu’il ne lui saute dans la figure en hurlant « JE SUIS UNE BELLE NOUVELLE, CÉLÈBRE MOI! » Elle avait beaucoup de facilité à s’asseoir dans sa chaise berçante et a méditer sur la futilité des efforts qu’elle a fait dans sa vie.

Ce n’était pas une rabat-joie, elle avait un très bon sens de l’humour et elle adorait rire, même à la fin. Les métaphores les plus créatives et imbéciles sur sa mort prochaine pleuvaient entre moi, ma tante Aline, ma tante Renée-Claude et elle, on parlait de quand elle allait rencontrer Elvis, ou quand elle saurait enfin qui a tué JFK ou autre insides jokes que vous ne comprendriez pas à moins d’avoir vécu avec elle. Pour ma mère, la mort n’était pas du tout sérieuse, même la sienne, surtout pas la sienne. Mais, comme beaucoup de ses contemporains, elle avait souscrit à l’adage « née pour un petit pain »…

Ce n’est pas mon cas. Je ne suis pas née pour un petit pain. Je suis née pour cuisiner mon propre pain et il sera aussi gros et moelleux que je le voudrai. Je ne crois pas au destin, plus depuis la mort de ma mère. Ce serait trop injuste que son destin ait été de mourir avant de voir ses enfants s’installer dans la vie, avant d’avoir pu profiter du fruit de toutes ses années de dur travail, avant d’avoir pu jouir un peu de la récolte de tous ses sacrifices. Ce serait tellement injuste que le destin ait choisi de nous l’enlever avant qu’on ait pu lui redonner ce qu’elle nous a offert, alors que beaucoup d’autres qui n’ont pas fait la moitié de ses efforts vivront probablement centenaires et verront 3 ou 4 générations naître et grandir. Je refuse ce destin.

J’ai compris, avec la mort de ma mère et les autres changements qui sont arrivés dans ma vie depuis son départ, que la seule personne en contrôle de mon destin, c’est moi. Que de blâmer le monde, la génétique, la société et le gouvernement pour mes malheurs ne donne absolument rien. Me blâmer moi-même encore moins. Comme ceux qui suivent ce blogue le savent déjà, depuis quelque temps, je me transforme peu à peu. Je crie haut et fort mon féminisme, et vous assistez en direct, à la lecture de mes billets sur les différents aspects de la sexualité, à ma conversion au mouvement sex positive (il n’y a pas d’équivalent français, un billet sur le sujet suivra bientôt, mais en gros, c’est une philosophie qui traite la sexualité comme étant un élément naturellement positif de l’expérience humaine – avec une énorme insistance sur l’importance du consentement – qui ne devrait pas être tabou et traité comme une activité illicite ou mauvaise).

Exprimer ces opinions me permets de me définir en tant que personne et je dois dire que je me sens énormément mieux dans ma peau depuis que j’ai débuté ce petit coin de folie. Ma sexualité, ou plutôt l’absence dans ma vie de ce que la société qualifie de sexualité, a longtemps défini mon estime de moi, je me suis sentie lors des dix dernières années comme étant une sous-personne indésirable, comme vivant en marge d’un monde qui était ouvert à tous et qui m’était renié depuis que mon dernier chum m’a laissée et je ne comprenait pas ce qui ne marchait pas chez moi. J’ai dernièrement pris conscience que rien ne cloche chez moi, je peux bien rester célibataire, ou me faire un chum, ou une blonde, ou deux, ou dix et ça ne change absolument rien à qui je suis.  Et je peux très bien satisfaire mes besoins physiques par moi-même et mes besoins émotifs avec mes amis et ma famille.

Peut-être qu’un jour, un homme entrera dans ma vie et dans mon lit, mais je ne l’attend plus. Si je le croise, tant mieux, sinon, tant pis. Le seul regret que j’ai, c’est que l’absence de sexualité à deux dans ma vie m’empêchera probablement de devenir une maman. Et ça, j’admets que j’ai de la misère à abandonner cet espoir… Mais, en même temps, courir la romance à tout prix ne garantis aucunement que je vais rencontrer quelqu’un qui désire être père… J’ai essayé les sites de rencontre, et sincèrement, je ne comprend pas comment les gens disent qu’ils ont réussi à rencontrer quelqu’un là dessus, j’ai franchement ma claque des commentaires insultants sur mon apparence ou l’inverse, des déclarations d’amour enflammées juste à la vue de ma photo (ouais, très convaincant chose) et des photos de pénis…

Mais je ne renie pas ma sexualité pour autant et le sujet continue à m’intéresser. Et bordel, si l’occasion se présente, je vais définitivement rejouer aux fesses! Cordonnier mal chaussé peut-être, mais je vais quand même vous achaler avec mes découvertes et mes réflexions, je suis altruiste et je veux que vous ayez une belle vie sexuelle!

Cette semaine, en discutant avec ma merveilleuse collègue Michelle et notre Jean-Philippe préféré je leur ait sorti une phrase qui m’a fait réfléchir (je suis souvent géniale dans ma perception de moi-même quand je parles aux autres). On parlait de mes jolies boucles d’oreilles en faux diamants de chez Ardène et de mes bandeaux pour cheveux et je leur ait dit « Depuis que j’ai fait mon coming out de féministe, je me transforme en fille! » Et c’est vrai. J’ai commencé à m’intéresser au féminisme sérieusement en juin. En juillet, je me suis fait couper les cheveux et tout le monde a capoté sur à quel point ça me faisait bien. Puis en août, j’ai suivi les conseil de la belle Andrée-Anne au bureau et je me suis acheté des boucles d’oreilles longues, c’est super beau avec mes cheveux courts. Et j’ai commencé a mettre des bandeaux dans mes cheveux pour matcher avec mes boucles d’oreilles et les mettre en évidences.

J’ai été me faire faire un facial, j’ai repris ma santé dentaire en mains (le découragement s’attaques souvent à ma routine buccale) et je traîne du rouge à lèvre et du mascara dans ma sacoche, mais je n’ai pas encore commencé à les porter. Mais l’important, c’est que je les ai pour le moment ou j’aurai envie de passer à la prochaine étape de « girlification ». En affirmant ma valeur en tant que femme, je me féminise, mais comme pour lorsque j’ai arrêté de fumer, je pense que le moment est simplement venu et que je suis prête. Je le fais pour moi, parce que ça me plaît à moi et pas pour plaire à un autre.

C’est un peu ce qu’Arden Leigh dit dans son livre « New rules of attraction » le premier chapitre est consacré au soin à apporter à son apparence, mais elle insiste que ce doit être fait pour soi et que vous soyez à l’aise (une fille qui veut mourir dans ses souliers à talons hauts de 300$ ne sera pas à l’aise avec son corps et ne pourra se concentrer sur son langage corporel et sera beaucoup moins sexy que celle à côté avec sa paire de ballerines confortables et son air mystérieux…) et d’accord avec les changements que vous apportez. Elle déconseille vivement de suivre la mode, car on ne peut développer une personnalité distinctive en s’habillant comme tout le monde… Bref, mettez vous belle à votre goût, mais pas de façon superficielle. J’aime cette philosophie. (Et je veux des bijoux d’inspiration Steampunk, prenez notes si vous savez pas quoi me donner pour Noël ou ma fête!)

J’ai une job stressante, parfois il ne se passe pas grand chose, et soudain je dois faire 6 affaires en même temps, avec des gens qui font du perfectionnisme obsessif. Ça prends un bonne dose d’estime de soi pour ne pas se mettre à penser qu’on est une incompétente finie. Je n’y arrive pas tout le temps, mais j’essaie…

J’ai un style de vie difficile, je me tape en moyenne deux heures de voyage par jour pour aller travailler, le coût du gaz et celui du stationnement mis ensemble est plus élevé que celui de mon logement. J’arrive souvent à la maison épuisée, surtout l’hiver, quand la température rend le trajet trop difficile. Beaucoup de gens se demandent comment je fais. C’est simple, j’ai choisi de travailler à Québec, mais je ne veux pas quitter la Beauce. Si un jour l’occasion se présente, je serai heureuse de me trouver un travail dans la fonction publique dans mon coin et mon portefeuille et mon emploi du temps seront comblés, mais en attendant, je préfère de loin un environnement de travail où ce que je fais est considéré comme essentiel et valable, ou je suis plus que « juste une secrétaire », avec des conditions de travail au dessus de la moyenne de ce que je trouverais dans le privé, des collègues qui m’apprécient et le sentiment que je suis utile. Le privé m’a très mal appréciée, je n’ai pas envie d’y retourner de si tôt…

Je dirais que je suis présentement dans une belle phase de ma vie, même s’il y a des bout moins le fun que d’autres. Et je veux continuer à cultiver la sérénité dans ma vie. Je me mets en maudit encore, mais c’est rarement pour longtemps. Je dénonce les injustices, parce que je crois qu’on peut toujours améliorer les choses. Je joues à l’avocat du diable, parce que je ne crois pas aux absolus. Je suis réaliste, je regarde le monde tel qu’il est, mais je cherche à l’améliorer, toujours.

Je tape sur les nerfs du monde, parce que je refuse d’admettre que le monde est incurable et je refuse de le laisser me faire tomber. Plus jamais. Je vais pleurer tout mon saoul, bouder pour un jour ou deux, puis remettre mon sourire et retourner à mes photos de chats et d’acteurs mignons (Snowpiercer est sorti sur Netflix US, je pense que je vais avoir une autre éruption de Chris-Evans-est-l’homme-de-ma-vie-itte dans pas long, mes excuses à Norman Reedus et Jeremy Renner, je vais vous négliger un peu les gars…).

Vous avez une question dont vous voudriez que Matante discute? Quelque chose vous chicotte et vous aimeriez avoir une opinion ouverte et respectueuse? Écrivez à Matante, votre question sera traitée anonymement sur le blogue. Peu importe le sujet, je suis curieuse et j’aime aider. RealMatanteElise@gmail.com

Le secret de la séduction

Quand on parle de consentement ou d’agression sexuelle dans les médias, les fils de commentaires recèlent toujours des perles d’observation du genre : ça va-tu prendre un contrat de consentement de sexe devant juge et témoins ????

Bon, Matante va vous donner aujourd’hui un truc infaillible pour ce qui est de définir si votre partenaire est consentant ou non :

Comme le dit mon modèle, le bon Docteur Nerdlove : « It’s not just about not getting a “no”. It’s about getting a definitive “yes”.

On ne parles pas d’avoir un contrat notarié, mais bien de prendre le temps de s’assurer que votre partenaire a ENVIE de coucher avec vous.

On parle ici d’avoir une fille qui a ENVIE DE VOUS GRIMPER DANS LA BRAGUETTE.

Oui, c’est possible, et c’est pas mal moins difficile que vous le pensez.

Depuis quelque temps, je suis abonnée au Twitter de l la coach de séduction Arden Leigh et je suis en train de lire son livre “New rules of attraction”. Un samedi de la muse lui sera consacré, mais je vais ici vous parler d’un texte qu’elle a publié il y a quelque temps, ainsi que d’un texte du Dr Nerdlove qui contiennent, je crois, la clé de base même pour être des amants et des séducteurs INCROYABLES! (et les trucs marchent autant pour les femmes que pour les hommes)

Je vous mets les liens pour ces textes, et je vous reviens ensuite avec mes explications pour les non-bilingues ainsi que mon interprétation en langage de Matante :

http://ardenleigh.typepad.com/blog/2014/09/the-greatest-pua-advice-of-all-time.html#sthash.5dIXDRBL.dpbs

http://www.doctornerdlove.com/2013/03/enthusiastic-consent/

Arden Leigh est probablement la créature vivant présentement sur cette planète qui se rapproche le plus d’une déesse de l’amour. Ce que j’aime de sa philosophie c’est qu’elle se base sur un principe de séduction tout simple :

L’empathie est le meilleur aphrodisiaque de l’univers. Et c’est un aphrodisiaque universel, il marche avec les hommes, les femmes, les hétéros, les homosexuels, les bi et même les asexuels (certains asexuels ont des relations sexuelles par amour, mais même eux ont besoin de sentir qu’ils sont avec quelqu’un qui se soucient d’eux, même s’ils n’ont pas de désir à proprement parler).

Et putain que c’est vrai. C’est tellement vrai que Jean-Pierre Ferland en a fait sa marque de commerce et qu’il n’y a pas une femme qu’il n’ait rencontrée qui ne soit pas ressortie de l’expérience complètement sous le charme, et ce malgré qu’il ait l’air d’avoir eu la figure trop longtemps collée sur le tuyau d’une balayeuse en marche…

Arden vous dit “fermez-là et écoutez” elle le dit aux femmes et aux hommes, car si vous voulez que votre partenaire satisfasse vos besoins, il faut que vous fassiez de même et pour ce faire, que vous preniez le temps de connaître ces besoins. Si vous voulez que votre copine écoute et compatisse aux difficultés de votre vie, il faut que vous écoutiez et compatissiez aux siennes. Si vous voulez que votre blonde vous fasse jouir, il faut que vous soyez prêt à la faire jouir aussi. C’est pas une question de donnant-donnant, un orgasme en échange d’un autre, mais bien d’effort et de considération.

Tous les êtres humains ont besoin de compassion, sous une forme ou une autre et une relation amoureuse à long terme ou un échange sexuel unique ou périodique sans attachements sont des moments privilégiés de transmission de la compassion. On ne parle pas ici nécessairement de régler toutes les daddy issues de votre one night stand, mais de l’approcher avec l’accord suivant “mon but ce soir, c’est de consacrer toute mon attention et mes effort à atteindre la moment où tu aura l’impression que ta cervelle se liquéfie sous la pression de tout le plaisir que je vais te donner, est-tu partant pour essayer de me rendre la pareille?”.

La sexualité humaine n’est pas un acte mécanique avec une recette unique pour faire jouir tout le monde, c’est une relation complexe entre deux partenaires (ou plus), un échange, où l’égoïsme n’a pas sa place. Cela dit, le fameux mythe qui dit que vous devez absolument promettre votre amour éternel à une fille pour qu’elle accepte de coucher avec vous me pue totalement aux nez. Ça peut être vrai dans certains cas (chez les hommes aussi, en passant, certains ne sont pas capables de coucher avec une fille sans attachement), mais des fois, nous aussi on a juste envie de se mettre, point final. ET IL N’Y A RIEN DE MAL À ÇA. Malgré tout ce que vos mamans vous ont dit les filles, le sexe désinvolte ne fait pas de vous des putes, ça fait de vous des femmes adultes qui répondent à leurs besoins sexuels, c’est tout.

Ce qui est important dans le message c’est qu’il s’adresse AUX DEUX PARTENAIRES. Arden Leigh est une grande ennemie de la misandrie, elle aime les hommes, elle veut qu’ils soient heureux et elle veut apprendre à ses élèves que si elles veulent attirer un homme elles doivent démontrer qu’elles sont là pour lui, et non pas seulement pour leur bien-être personnel.Et elle tient EXACTEMENT le même discours aux hommes : vous voulez d’une déesse dans votre lit? Qu’avez-vous à lui offrir en échange de ses faveurs? Tu veux que je te montre le 7e ciel? Tu dois être prêt à me faire voler moi aussi. Échange de bons procédés.

Si elle défend les droits des hommes et leur réputation, elle s’attend à ce qu’ils fassent la même chose pour elle le moment venu, d’où sa réponse à tous les caves qui lui envoient des messages misogynes : « sorry boys, I only fuck feminists ». Femme ou homme, on ne peut pas exiger satisfaction si on est pas prêts à offrir une contrepartie.

Comme je l’ai déjà dit, il n’y a pas d’excuse pour qu’une fille s’ennuie au lit avec vous. Si elle n’a pas de fun, vous arrêtez et vous cherchez une autre approche. Si vous êtes assuré qu’elle a du fun, vous êtes 100% sûr qu’elle n’est pas là de force. Les femmes ont cette extraordinaire habileté à atteindre l’orgasme de différentes façons (et la pénétration n’est pas, et de loin, la plus répandue) donc si vous ne performez pas dans un des aspects de la couchette, vous pouvez toujours vous rattraper dans un autre. Rien n’est désespéré au lit avec une femme qui a un peu de bonne volonté et de communication. Mais pour ça, il faut de l’empathie.

Et des préliminaires, une TONNE de préliminaires. Les gars, sérieux, vous voulez qu’elle vous supplie de la prendre drette là, tout de suite, enweille-je-suis-en-train-de-mourir-de-désir? préliminaire, préliminaires, PRÉLIMINAIRES. Il y en a une tonne de différents, qui impliquent les doigts, le souffle, la langue, des jouets, les possibilités sont infinies et pour des trucs techniques, on en reparlera dans un autre billet, mais sachez que la créativité et la communication sont vos amies. Aucun mal à pose la question « ça t’aimes-tu ça ou tu préfère que je le fasse comme ça? » ou  » veux-tu qu’on essaye ça? ». La grande peur de se faire répondre « non » est tellement ancrée chez les gars que beaucoup ne posent même pas la question, pour éviter d’entendre la réponse. Si seulement ils savaient que de respecter un non pourrait les mener à une douzaines de oui… C’est un investissement, pas une perte.

En passant mesdames, le message vaut aussi pour vous, l’étoile, c’est platte, investissez vous un peu que diantre!

Être poche au lit, ce n’est pas une malédiction qu’on ne peut surmonter, en fait, être bon au lit, c’est assez facile. Il faut juste être à l’écoute. À l’écoute de son corps et de ses réactions, pour repérer ce qu’on aime et qu’on n’aime pas (et là, Matante en profite pour vous rappeler que la masturbation et les fantasmes sont vos meilleurs amis.) À l’écoute du corps de votre partenaire et de ses réactions, en surveillant ses frissons, sa respiration, sa chaleur et son odeur, tout ça change avec la montée du désir et de l’excitation. Il faut surtout être à l’attention des signes que votre partenaire n’est plus dans le mood. C’est facile de perdre sa concentration et de sortir du mindset d’excitation, et une fois qu’on y est plus, c’est compliqué de s’y remettre tout seul et d’apprécier ce qui se passe. Il faut communiquer ce qu’on aime et qu’on aime pas, et pour être capable de le faire, il faut qu’on sache que notre partenaire est intéressé et prêt à entendre ce qu’on lui dit.

Et oui, je sais, si la fille fake, vous pouvez pas deviner. Je suis tout à fait d’accord, on ne peut pas s’attendre à ce que notre partenaire devine qu’on est pas sincère dans notre « oui, j’aime ça » et j’encourage toutes les filles à cesser cette pratique contreproductive. Mais encore une fois, je vous rappelles aussi qu’on socialise les filles dès l’enfance à être gentilles et à ne pas faire de peine, et cette socialisation est tellement intégrée que certaines filles n’arrivent tout simplement pas à dire qu’elle n’ont pas de plaisir au lit. Cela dit, encore une fois, si c’est ELLE QUI VOUS GRIMPE DESSUS, les chances qu’elle fake son orgasme à l’autre bout sont réduites de pas mal.

Pour apprécier pleinement une rencontre sexuelle, il faut une sérieuse dose d’abandon, c’est pourquoi souvent la première fois avec un nouveau partenaire n’est pas géniale géniale, on est maladroits et on a peur de faire mauvaise impression, donc on surveille trop ses actions et on arrive difficilement à cette perte de contrôle qui mène au plaisir qui nous fait mordre les lèvres au sang. (Ou l’épaule de mon ex, pauvre lui, je me sens encore coupable, mais c’est totalement de sa faute à lui, il était trop habile!) Si vous arrivez à mettre votre partenaire dans cet état, c’est clair qu’elle est consentante et qu’elle ne regrettera pas votre rencontre.

À partir du moment où votre but n’est plus que votre “cible” accepte de coucher avec vous, mais qu’elle en REDEMANDE, vous n’avez plus à vous soucier de la question de consentement. Si c’est elle qui vous saute dessus en geignant “baise-moi”, la question ne se pose pas. C’est de ça qu’il s’agit quand on parle de consentement enthousiaste. Mais vous n’arriverez jamais à ce résultat sans une bonne dose de confiance et de respect.

Et c’est là que le bât blesse pour beaucoup de gens. Homme et femmes. Du côté des hommes, quand on parle de séduction, surtout dans les milieux des pick-up artists, beaucoup de discours tournent autour du concept de « briser les barrières » entre vous et le fond de culotte de votre “victime”. Ce n’est pas de la séduction, c’est de la manipulation et de l’objectification. Ce n’est pas une femme qui est désirée, c’est une poupée gonflable qui doit être utilisée. On enseigne aux hommes à avoir les filles à l’usure, à force d’insister, de la manipuler, de profiter du conditionnement social qui apprend aux filles qu’un non clair est impoli, elle va céder et vous allez pouvoir soulager la démangeaison de Pablo. Son plaisir à elle n’a aucune importance. En lisant ce genre de texte, mon vagin se contracte de dégout par réflexe. Putain que ces gars doivent être plattes au lit! Et c’est peut-être moi qui est naïve, mais j’ai vraiment du mal à comprendre la satisfaction qu’il y a à coucher avec quelqu’un qui n’est pas dedans, à part soulager une érection, et je ne pense pas que ce soit vraiment du « plaisir ». Si c’est votre seul problème, ben, la masturbation demande pas mal moins d’efforts et donne le même résultat. Et, en prime, vous ne faites pas perdre de temps à une pauvre fille qui compte les mouches au plafond et va dire à ses amies que vous êtes poche au lit…

Dans le cas des femmes, on est entraînées depuis l’enfance à protéger notre vertu contre la libido forcenée des hommes, qui sont tous des cochons, alors quand on tombe sur un gars qui n’est pas dans le mood, on se dit tout de suite une des deux choses suivantes (ou les deux) : “Qu’est-ce que j’ai qui ne va pas?” ou “Qu’est-ce qu’il a qui ne va pas?”. C’est impossible que notre chum n’ait pas envie de coucher avec nous, voyons donc, tout le monde sait que les gars sont comme des scouts “toujours prêts! » J’avais exactement cette réaction avec mon premier chum ‘sexuel’. Sa drive était beaucoup moins ardente que la mienne et je n’arrivais pas à comprendre qu’il n’avait juste pas envie ce soir, je pensais qu’il n’avait pas envie DE MOI, et ça me rendait parano et très frustrée. Avec le recul et la maturité, je me suis rendue compte qu’il m’aimait vraiment, et qu’il me désirait, il n’était juste pas une boule d’hormone en feu comme moi. Le fait que je faisais la découverte de ma libido, alors que tout ça n’avait rien de nouveau pour lui a sûrement amplifié l’écart entre nos drives sexuelles et mon comportement envers son manque d’enthousiasme n’a pas été des plus matures, je dois l’admettre…

C’est certain aussi que dans une relation de couple à long terme, le feu n’est pas toujours aussi ardent qu’au début. Mais même dans ce contexte, ne pas se mettre à bouder ou faire du chantage à chaque fois que votre blonde a mal à la tête peut vous mener à pas mal plus de parties de jambes en l’air au bout du compte. Le respect est un investissement à long terme. Je ne dis pas qu’il n’y a pas d’exceptions, mais elles sont… ben… exceptionnelles est le mot approprié!

Une chose que ces messieurs doivent aussi garder en tête quand on parle de consentement, surtout dans le cas d’un one night stand ou d’une fille qui n’est pas encore notre blonde officielle, c’est la valeur que la société donne à l’activité sexuelle d’une femme. Si vous préférez, le fameux archétype de la vierge/putain. On donne une énorme valeur à la femme qui nous résiste, une valeur qu’elle perd dès le moment où elle cède. À chaque fois qu’on couche avec un gars, on prend le risque de se faire traiter en putain dès le lendemain. Soit directement, ou par la machine à rumeur, qui se met en branle lorsqu’il se vante à ses copains le lendemain. C’est un risque qu’on court avec chaque nouveau partenaire. Un risque que les hommes ne courent pas. Tant qu’il est célibataire, quel serait le problème à ce que la fille se vante d’avoir couché avec lui le lendemain? Elle peut dire qu’il était mauvais au lit, mais c’est facile de la traiter de menteuse ou de frigide…

Un autre risque que les femmes prennent avec leur vie sexuelle et qui est beaucoup plus rare pour les hommes (mais pas impossible), c’est le fameux Schrodinger’s rapist. C’est-à-dire le fait qu’un violeur n’a pas de tatouage dans le front pour l’identifier et que donc chaque homme que l’on rencontre dans notre vie est (comme le chat dans la boite de la théorie du physicien est à la fois mort et vivant tant qu’on n’a pas ouvert la boîte) à la fois un violeur et un bon gars tant qu’on ne se retrouve pas seule avec lui. Pour certaines filles, Schrodinger’s rapist est beaucoup plus présent que pour d’autres, (une femme sur trois à eu affaire au violeur de l’équation, et elle et ses amies dans la confidence sont donc TRÈS au fait de la réalité de Schrodinger’s rapist) ce n’est pas de votre faute, mais ce n’est pas plus de la sienne. Ou si vous voulez, chaque femme que vous rencontrez est Schrodinger’s victim. Une de vos partenaire sexuelle sur trois a probablement été violentée sexuellement dans le passé et n’a aucune confiance en vous, dès le départ.

Vous trouvez ça injuste messieurs? Nous aussi croyez-le! Dites-vous que pour les filles, souvent le monde ressemble à la première journée en prison d’un gars, ça va peut-être réussir à vous faire comprendre un peu mieux le pourquoi de nos réticences.

Comprendre ces réticences et en tenir compte dans la façon dont vous abordez votre partenaire, potentielle ou régulière, peut vous amener très loin. Une femme qui se sent en confiance et respectée va être plus à même de communiquer son désir et donc d’enlever tout doute sur son consentement.

Toute les objections que j’entends lorsqu’on parle de l’importance d’avoir un consentement clair à une relation sexuelle sonnent à mes oreilles un peu comme : « mais là, vous êtes en train de me dire que je dois faire un effort pour avoir droit à une sexualité??? »

Qui est l’imbécile qui vous a dit que vous n’aviez pas d’efforts à faire pour avoir une sexualité? Matante aurait une sérieuse conversation à avoir avec lui…

Oui, vous devez faire un effort pour avoir droit à une sexualité. Ce n’est pas un droit acquis de naissance. Personne ne vous DOIT de sexe et si vous voulez en obtenir, il faut que vous soyez prêts à donner à l’autre toute l’attention et le plaisir que vous voulez avoir pour vous-même. Et surtout, tout être humain a droit au contrôle plein et entier sur sa vie sexuelle, peu importe son genre.

Et en prime, si vous arrivez à atteindre cet état de consentement enthousiaste, vous n’aurez plus JAMAIS de baise ennuyante et vous allez rencontrer beaucoup moins de cas de migraines dans votre couple.

Bref, le sexe féministe, c’est hot en maudit.

Allez en paix dans la joie, le respect, le plaisir et les taches douteuses sur vos draps!

Vous avez une question dont vous voudriez que Matante discute? Quelque chose vous chicotte et vous aimeriez avoir une opinion ouverte et respectueuse? Écrivez à Matante, votre question sera traitée anonymement sur le blogue. Peu importe le sujet, je suis curieuse et j’aime aider. RealMatanteElise@gmail.com

Répondre de ses actes

Bon tout d’abord j’ai une chose à dire et je veux que ce soit très très très clair :

Je n’ai absolument rien à foutre de savoir si Michael Brown était un criminel ou s’il a provoqué l’agent Wilson ou non.

Tout comme je n’ai rien à foutre de savoir si le père du petit garçon de 5 ans décédé à Longueuil en février dernier conduisait dangereusement ou non.

Rien

À

Foutre

Du

Tout.

Ça n’a aucune espèce d’importance.

Que Brown ait oui ou non frappé Wilson au visage ne change rien au fait qu’il n’était pas armé (fait prouvé et corroboré par tous les témoins) et qu’il a reçu 6 balles.

Après l’affaire Zimmerman, excusez-moi si je prends le stéréotype du thug noir assoiffé de sang avec un sérieux grain de sel.

Le fait est qu’aux États-Unis, le racisme est encore très fort, il a seulement changé de forme et se fait plus subtil et pernicieux.

À Oklahoma City, un policier a été accusé par 8 femmes différentes de viol et d’attouchements sexuels, mais personne n’a voulu écouter les victimes parce qu’elles étaient des noires des quartiers malfamés. C’est une tactique ingénieuse après tout, on ne s’attaque qu’aux victimes que personne ne croira.

http://www.buzzfeed.com/claudiakoerner/8-women-testify-that-oklahoma-city-police-officer-sexually-a

Le mouvement des Birthers, ces Américains, incluant la grande intellectuelle Sarah Palin, qui demandent à voir le certificat de naissance du président est tellement ridicule. Ce serait drôle, si ce n’était pas si raciste. Voyons donc, un noir américain n’aurait jamais pu avoir l’opportunité de devenir Président! Oubliez le fait que sa mère est blanche, il a la peau foncée, il n’aurait pas dû recevoir une éducation suffisante pour avoir l’opportunité de se lancer en politique! Il a sûrement tout manigancé du Kenya, son vrai pays d’origine, et le parti démocrate cache sa vraie identité!

Et si vous regardez un peu les statistiques et l’historique en matière de relations raciales de la police de Ferguson et Saint-Louis… Oh boy…

http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2014/11/25/les-fractures-de-ferguson_4528678_3222.html

J’ai toujours eu le plus grand respect pour la police, je déteste tous les mouvements anarchiques du genre Fuck the police, je n’aime pas quand on parle d’eux comme les bœufs, les chiens sales, les cochons, etc. Ce sont des représentants de l’ordre public, dont le travail est d’assurer la sécurité de tous, et en tant que citoyen, notre devoir est d’obéir aux lois (le Code de la route en est une, en passant…) et lorsqu’on ne le fait pas, d’en assumer les conséquences (oui ça inclus être inculpés pour vandalisme, la liberté d’expression donne le droit de critiquer le gouvernement sans peur de représailles, elle ne donne pas le droit d’agir comme des sauvages et de démolir le bien public ou le bien d’autrui).

Un système judiciaire parfait, ça n’existe pas et ça n’existera jamais, parce que le système judiciaire est créé et géré par des humains. Je suis donc tout à fait consciente qu’il y aura parfois des ratés (Guy Turcotte…). C’est notre devoir de citoyen dans ces cas de dénoncer ces injustices.

C’est ce qui est arrivé à Ferguson. Dès le moment de la mort de Mike Brown, la population a fait savoir son indignation face à la mort de ce jeune de 18 ans non armé. Encore une fois, je me fous ENTIÈREMENT de savoir s’il a injurié ou frappé Darren Wilson, il n’était pas armé et ce n’était pas un membre de gang. Je suis contre l’idée d’envoyer chier ou de frapper un policier, mais ça mérite la prison, pas 6 balles.

6 balles, pour un coup de poing au visage et un « you wouldn’t dare shoot me ».

6 balles.

Wilson n’essayait pas de se défendre, il a tiré 12 coups, dont 6 ont atteint sa cible, son intention était d’éliminer le suspect.

Le discours qu’il a tenu lors de la comparution devant le Grand Jury est éloquent, il ne parle de Brown qu’en terme de « it ». On jurerait l’entendre décrire une attaque de l’Incroyable Hulk. Pourtant, le taux de radiation gamma n’est pas particulièrement élevé au Missouri. Ce n’était pas un être humain, parce que sinon, Wilson serait coupable d’homicide (volontaire ou non). Il s’est défendu contre un « démon » de 18 ans qui faisait du vol à l’étalage et de la rébellion contre l’autorité.

Les manifestations ont rapidement tourné à la violence, et les images filmées en direct et montrées sur internet m’ont donné froid dans le dos.

Ce n’était pas une escouade antiémeute, c’était un bataillon de l’armée. Ce n’était pas des voitures de police, c’était des camions blindés de l’armée peints en noir avec le symbole du poste de police en blanc. Ce n’était pas des policiers, c’était des mercenaires.

Pourquoi les agents auraient pris la peine de retirer leur numéro d’identification avant d’aller appréhender des journalistes? DES JOURNALISTES, CALVAIRES, ILS ONT BRUTALISÉ UN JOURNALISTE DU PUTAIN DE WASHINGTON POST ET ONT REFUSÉ DE S’IDENTIFIER! Bref, n’importe quel malade aurait pu profiter du chaos pour se déguiser en policier et aller bûcher sur des gens pour le fun, les vraies polices refusaient de s’identifier, comment on aurait pu savoir que ce n’était pas une vraie police! Hyper intelligent comme tactique…

Non, vous ne me ferez pas avaler que c’est la « procédure normale », que c’est de la « force nécessaire ». Tu dois utiliser la force dans le cadre de ton travail, si cette force est justifiée, aucune raison de cacher son identité.

Le fait est que devant la réaction à la mort de Brown, le service de police de Ferguson a PANIQUÉ. Ils ont paniqué et refusent d’admettre qu’ils ont paniqué. Est-ce que la manifestation devait être contenue par la police? Oui, toutes les manifestations devraient l’être. Est-ce que la nature de cette manifestation demandait que les agents soient plus vigilants et mieux protégés? Oui, certainement, ils étaient l’objet de la colère. Est-ce que ça justifiait de sortir l’artillerie lourde et de transformer les rues de la ville en zone de guerre, de cacher leur identité afin d’éviter d’avoir à rendre compte de leurs actes et de traiter TOUS les manifestants comme des fous enragés?

http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/visuel_interactif/2014/08/21/ferguson-produit-d-une-longue-histoire-de-brutalites-policieres_4474169_4355770.html

Permettez-moi d’en douter. De ce que j’ai vu (en direct, dois-je vous rappeler, sans montage possible), des gens étaient armés de pancartes et de cris, et se sont fait traiter comme des terroristes en puissance.

Je ne nie pas qu’il y avait probablement des violents dans le tas, mais ce n’était pas très visible dans les vidéos que j’ai vu (EN DIRECT, je vous le rappelle, pas sur un site de nouvelles, parce que les journalistes étaient tenus à l’écart dans une zone très bien délimitée et sous la menace, mais sur Twich, filmé par des civils, sur leurs téléphones, une télé pas mal plus réalité que tous les épisodes des Kardashian).

Incident isolé, direz-vous? Qu’il le soit ou pas ne le rend pas moins inacceptable.

Est-ce que les agissements de Darren Wilson étaient justifiés? Je n’ai aucune certitude et je suis tout à fait prête à lui donner le bénéfice du doute, innocent jusqu’à preuve du contraire. La peur et la panique peuvent nous faire agir de façon très stupide et, à écouter son témoignage devant le Grand Jury, il était apparemment terrifié.

Le fait est qu’on ne le saura jamais. Que le Grand Jury a décidé que ça ne valait pas la peine qu’on se pose la question.

C’est inacceptable. Totalement inacceptable. Il y a eu mort d’homme, il DEVRAIT AUTOMATIQUEMENT y avoir une enquête et une poursuite judiciaire, ne serait-ce que pour prouver une fois pour toutes l’innocence de Darren Wilson. La décision du Grand Jury ne prouve pas qu’il était en droit de tirer 12 balles, tout ce qu’elle dit, c’est que son droit de tirer ou non n’a pas d’importance. On ne lui dira même pas « on comprend que t’étais sous l’adrénaline, ce n’était pas la meilleure décision du monde, mais on comprend. Va faire un ti cours de gestion de crises et on en parle plus. » On ne lui dira pas qu’il avait raison ou qu’il avait tors, on s’en fout.

C’est inacceptable. Policier ou non, TOUS les citoyens doivent répondre de leurs actes, tout le monde peu perdre le contrôle et les circonstances atténuantes existent, mais elles doivent êtres appliquées dans la détermination de la culpabilité d’une personne. Elles ne doivent pas servir d’excuse pour ne pas chercher à savoir si la personne est coupable ou non.

C’était la PIRE décision que le Grand Jury pouvait prendre.

Quel risque y avait-il à aller en procès? Un non-lieu, faute de preuves? Au moins ces preuves auraient été analysées par les avocats, rendues publiques, on aurait fait un EFFORT pour démontrer à la famille Brown que leur perte avait une valeur. Là, on leur dit « too bad, on n’a pas de temps à perdre avec la mort de votre fils ». Ça aurait gaspillé l’argent public peut-être? Et tous les frais que les manifestations et l’état d’urgence vont entraîner, c’est moins qu’un procès qui n’aurait peut-être pas fait taire les manifestants, mais les aurait certainement calmés un peu?

Je vous mets ici les commentaires d’un procureur sur la performance douteuse du DA McCulloch (En passant, la famille Brown et leur avocat avaient demandé qu’on assigne un autre Procureur pour la présentation devant le Grand Jury, puisque McCulloch est connu pour son penchant pro-police. La demande a été refusée…) En gros, elle démontre, exemple à l’appuis que McCulloch n’a même pas pris la peine de poser les questions de base, tel que : « Pensiez-vous que Brown était armé? ». La job a été butché. Soit McCulloch est incompétent, soit c’était délibéré.

https://t.co/JMYGRe4iGU

Vous me direz que la justice n’a pas à se soucier de l’opinion publique, qu’elle ne doit pas avoir de biais. Je suis d’accord, jusqu’à un certain point. La justice doit aussi servir le BIEN public, et donner ne serais-ce qu’une chance à la famille Brown de voir justice rendue pour la mort de leur fils aurait assuré le bien public. On ne demandait pas le lynchage de Darren Wilson, on demandait un procès. L’opinion publique n’a pas à influencer le verdict du procès, mais dans ce cas-ci, elle aurait dû influencer la décision de tenir le procès ou non. (Encore une fois, je vous mentionne Guy Turcotte, juste en passant de même…)

Ce n’est même pas une question de satisfaire la masse. Présentement la cote de confiance envers le service de police de Ferguson est très près de zéro. Genre, les policiers, leurs familles, leurs amis et le KKK local. Sans la confiance de la population, aucune force policière ne peut prétendre à la légitimité. Le procès aurait au moins redonné un peu d’espoir dans le système pour les gens de Ferguson, il aurait pu être tenu dans une autre juridiction, afin d’assurer la neutralité du jugement, et on aurait au moins pu se dire qu’on aura tout fait pour faire la lumière sur ce qui s’est passé. Mais on a préféré mettre le couvercle tout croche sur le presto et maintenant ça pète et ça déborde partout.

Oui, j’ai une opinion similaire en ce qui a trait à l’accident de février dernier à Longueuil. Que le père ait conduit 100 % prudemment ou non, une filature ne justifie pas de rouler à 120 dans une zone de 50, il n’était pas à la poursuite d’un individu armé et dangereux, il suivait un crosseur! Le policier devrait faire face à des accusations de conduite dangereuse ayant entraîné la mort et ce sera au juge de décider si c’était justifié ou non. Point final. Je suis donc très contente de la décision de la ministre de la Justice de confier le dossier à des procureurs indépendants.

C’est à ça aussi que la justice sert, à maintenir la confiance du public dans l’autorité légitime. Si elle n’arrive pas à le faire, elle perd sa légitimité.

Barak Obama doit être TELLEMENT en colère présentement, je m’attendais presque à entendre aux nouvelles se matin qu’il avait été hospitalisé. La déception est immense partout aux États-Unis et partout dans le monde occidental. Ce pays, qui se doit de par sa nature même d’être un exemple mondial, est encore aux prises avec les préjugés raciaux les plus simplistes, on donne zéro chance aux noirs américains et, quand ils réussissent on remet en cause leur légitimité. Ajoutez à cela l’énorme laxisme de la justice quand il est question d’agent de police (ce qui est aussi le cas au Québec) et je ne suis pas du tout étonnée que les USA soient en feu aujourd’hui.

Ce n’est pas mon pays, ce n’est probablement pas le vôtre, mais ne vous leurrez pas, ils donnent le ton au niveau mondial, qu’on le veuille ou non, et ce genre d’événement aura des répercussions partout à long terme, ne serait-ce qu’en servant d’exemple sur comment ne PAS gérer une crise de cette nature.

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Soyons positifs, Carol & Daryl 4 Ever : Le plus extraordinaire couple de la télé américaine

(Spoiler pour les 4 premières saisons et vagues informations sur le début de la cinquième de The Walking Dead)

Bon, matante vous parles beaucoup de toxicité et de mauvaises relations ces temps-ci, il faut bien que parfois elle vous parle des exemples de belles relations qui émergent dans la culture populaire.

Aujourd’hui, je vais vous parler de Carol Peletier et Daryl Dixon, deux des personnages de la série américaine The Walking Dead, diffusée sur AMC (présentement dans sa 5ieme saison), de l’extraordinaire développement de leurs histoires et de la relation entre eux.

(Note : le texte présent se base ENTIÈREMENT sur la série télé, je n’ai pas lu les comics, et, de toute façon, Daryl n’apparait pas dedans, donc laissez vos commentaires sur les différences avec les comics pour reddit et tumblr, matante s’en fout…)

Alors, pour les non-initiés, la série The Walking Dead a lieu en Georgie, USA, à l’époque moderne, alors que Rick Grimes (joué par l’excellent acteur britannique Andrew Lincoln, avec un accent du sud, trop hot), Shérif d’une petite ville non loin d’Atlanta, s’éveille à la suite d’un coma provoqué par une blessure par balle pour découvrir que l’hôpital et la ville entière sont déserts, à l’exception d’une multitude de cadavres ambulants assoiffés de chaire humaine. (Ouais, c’est des zombies, mais ils n’utilisent pas ce nom dans la série, ils disent walkers, bitters ou geeks). Il doit retrouver sa famille et tenter de survivre dans un monde où tout s’est effondré et les morts-vivants ne sont que la menace la plus évidente…

L’univers post-apocalyptique, tout en nous donnant de gros frissons et de l’action saignante à point, permet une exploration sur la société et les relations humaines suprêmement intéressante. Dans les deux premières saisons, par exemple, Rick, shérif et bon gars, doit choisir entre ses principes et la survie de sa famille. Son partenaire Shane, explore les tréfonds de son manque d’empathie et, en l’absence de règles sociales fortes et établies, perds ses repères et devient une figure tragique de perte de contrôle. Lori, l’épouse de Rick, se trouve elle aussi perdue sans sa place bien définie et rassurante de mère et de femme au foyer. Lori n’est pas faible, mais elle est perdue. Les trois sont pris dans un triangle amoureux foutrement plus intéressant que celui de Twilight. La relation de ces trois personnages a conduit les deux premières saisons et avivé les passions, et la haine, de plusieurs fans. Tout le monde hait Lori et Shane, ils ont des bonnes raisons pour ça, mais moi je les aime, dans tout leur trou-de-culisme, comme dirait François Pérusse. Ce sont des âmes à la dérive qui ont perdu leurs place et n’arrivent pas à s’adapter au monde qui est devenu le leur.

J’aime les autre aussi : Andrea, l’avocate qui veut tout le temps s’imposer de la mauvaise manière et se fait rabaisser sans cesse, Dale, le vieux sage plein de cœur avec son chapeau de Gilligan, Michonne, la samouraï solitaire, Glenn et Maggie, les amoureux accrochés l’un à l’autre dans la tempête, Hershel, l’homme simple plein de conviction et d’aveuglement qui se transforme en boussole morale, Beth, l’ado suicidaire qui devient une figure maternelle forte, Sasha et Tyreese, frère et sœur qui gardent un fond fort de bonté sous leur carapace dure dans toute cette horreur, Carl, obligé de passer d’enfant à adulte beaucoup trop tôt, le Governor, le bad guy de la troisième et la quatrième saison, un fou braque comme on en voit peu, et tous les autres, tant de personnages forts qui ne stagnent pas, cette série est foutrement bien écrite (je suppose que le matériel de base, les comics, sont tout aussi solides côté écriture.)

Ouais, j’adore cette série. Mais on est ici aujourd’hui pour parler des deux diamants de cet assemblage de précieux joyaux de personnages.

Il est tout d’abord important de savoir que le personnage de Daryl Dixon n’existe pas dans la bande dessinée. L’acteur Norman Reedus a auditionné pour le rôle de Merl, mais les producteurs ont plutôt choisi Michael Rooker (un fucking bon move de casting, Rooker casse la baraque en Merl, il est jouissif à regarder). Ils ont toutefois tellement aimé Reedus en redneck, qu’ils ont créé un petit frère à Merl, Daryl. Grand bien leur en fit, car Daryl, avec son arbalète, sa Harley (techniquement, c’est celle de son frère) et sa veste de cuir sans manche avec des ailes au dos, est carrément devenu une icône. Reedus reçoit énormément d’attention de fans transis d’amour : il a reçu en cadeau un écureuil (le plat traditionnel des rednecks) de la part d’une fille qui lui a dit qu’elle l’a chassé avec une pelle (c’est à la fois impressionnant et inquiétant), s’est fait demander de souffler dans une bouteille par des fans japonaises qui ont ramené son haleine avec elles à Tokyo et une fan lui a même envoyé un implant mammaire pour lui remonter le moral après qu’il ait dit qu’il ne feelait pas dans une entrevue. Il le garde dans sa roulotte sur le plateau de tournage de la série et s’en sert comme support pour son téléphone. (J’adore Norman Reedus!)

Il va sans dire que, dans l’éventualité où Daryl Dixon perdrait la vie, il y aurait probablement des émeutes…

Carol Peletier, elle, existe dans les comics avec sa fille Sophia, mais, si je me fies à wikipedia, son personnage est extrêmement différent. Dans la série, on voit aussi son époux Ed durant la première saison, ce qui établit les bases du personnage. Melissa McBride, tout comme Norman Reedus, est la définition même du terme Powerhouse Performer, c’est une actrice christement solide et l’extraordinaire voyage de Carol perdrait la majorité de sa puissance avec une actrice moins talentueuse.

La relation entre ces deux personnages n’est pas traditionnelle, il n’y a pas de sexualité entre eux, mais elle est pleine d’amour profond et de respect et je trouve que c’est une des relations les plus romantiques qu’il m’ait jamais été donnée de voir. Est-ce qu’ils sont amoureux? Pas tout à fait, peut-être un peu, mais ce ne sont pas de simples amis non plus.

On commence par le début :

Donc, au début de la série, il y a Carol, maman de Sophia et épouse d’Ed, l’exemple type du chien sale. Ed bats sa femme et regardes sa fillette de 12 ans avec un air inquiétant. Tsé, un vrai champion en camisole blanche, là. Carol est soumise et apeurée face à son mari, mais elle se durcit toutefois lorsque Ed louche du côté de sa petite. Heureusement pour Sophia et sa maman, les zombies se tapent un petit buffet dans le bide d’Ed en fin de saison un et les libèrent ainsi de cette ombre menaçante.

À cette époque, j'ignorait encore à quel point j'allais t'aimer ma belle.

À cette époque, j’ignorait encore à quel point j’allais t’aimer ma belle.

Daryl pour sa part, joint le groupe avec son grand frère Merl, qui est lui aussi un salaud, mais d’un autre genre. En effet, on apprend plus tard que l’intention première des deux frères Dixon était de voler le campement et de se sauver dans la nuit. C’était l’idée de Merl et Daryl, en bon petit frère manipulé, l’a suivi. Les circonstances en ont voulu autrement quand Merl disparaît lors d’une expédition de ravitaillement à Atlanta. Daryl choisit de rester avec le groupe et commence à se faire une place dans ce monde bizarre.

Ses premiers mots: "Son of a bitch! That's MY dear!" et tout le monde l'a adoré dès la première seconde le tabarouette.

Ses premiers mots: « Son of a bitch! That’s MY deer! » et tout le monde l’a adoré dès la première seconde, le petit tabarouette. Non mais regardez cette face de tanant, vous aussi vous sentez l’affection grandir, avouez!

La première véritable interaction entre Daryl et Carol survient suite à la mort d’Ed. Pour protéger le groupe, Daryl et les autres hommes doivent briser le crâne des victimes de l’attaque afin de prévenir leur retour en zombie. Lorsque vient le tour d’Ed, Carol demande à Daryl de la laisser s’en charger et l’acte de péter le crane d’Ed a sûrement un effet cathartique sur la femme abusée qui se libère de ses chaînes matrimoniales.

C’est surtout durant la saison deux que leur relation prend forme.

L’action principale de la saison deux est enclenchée durant le premier épisode lorsque Sophia, la fille de Carol, se perds en forêt. Carol, au désespoir, s’effondre peu à peu, passant de la panique, à la culpabilité, au blâme et à la dépression. Daryl, en traqueur expérimenté, prend le lead dans les recherches pour trouver la fillette et refuse, tout comme Rick, d’abandonner, malgré les prédictions pessimistes de Shane qui rappelle à son collègue policier que les chances de retrouver la gamine baissent à chaque jour et sont pratiquement nulles.

Daryl apporte aussi du réconfort à la mère blessée, en lui amenant une fleur (Cherokee Rose, dans une bouteille de bière, parce que c’est le contenant traditionnel du redneck, j’imagine) et en lui racontant la légende indienne de ces mères Cherokee qui ont versé tant de larmes à la perte de leurs petits durant les déportations (la fameuse Trail of tears) que les dieux ont fait pousser la rose pour apaiser leur douleur. Il lui dit ensuite que s’il sait pertinemment que personne ne regrette son frère (« I’m not fool enough to imagine that there’s a flower blooming for my brother ») il est persuadée que celle-là a fleuri pour Sophia et qu’il va la retrouver. Melissa McBride brille en subtilité dans cette scène, les larmes coulant librement sur les joues de Carol sans un seul sanglot et son regard éloquent, ça donne des frissons. La fragilité de Carol durant cette période est palpable, on a l’impression que si on respire trop fort, elle va éclater en mille morceaux. Mais, sous-jacent, un espoir, contre toute attente, que sa petite fille est encore en vie, quelque part.

Daryl continue les recherches seul à cheval et se blesse sévèrement (une flèche dans la hanche, et une balle lui effleurant le crâne, gracieuseté de Trigger Happy Andrea qui l’a pris pour un zombie) et c’est à ce moment qu’entre en scène l’échange qui, selon moi, est à la source de la relation entre les deux. Daryl est alité et bandé (dans le sens de bandages en tissus, pas dans le sens de Pédro au garde à vous, bande de pervers.) et Carol vient lui porter un plateau. Elle lui donne un baiser sur la tempe et lui dit qu’il a plus fait pour sa fille dans les derniers jours qu’Ed dans toute sa vie. Daryl lui répond qu’il n’a rien fait que Rick ou Shane (les deux leader du groupe, dois-je rappeler) n’auraient fait. Et Carol lui assène le coup de grâce:

« I know, you’re every bit as good as them. Every bit. » (Je sais, tu vaux exactement autant qu’eux. Tu es exactement aussi bien qu’eux.)

Girl, tu vas me faire brailler. Imaginez, le redneck de rien, qui a mangé des volées toute son enfance, qui s’est perdu 9 jours dans les bois à 10 ans et que personne n’a même pris la peine de chercher, qui a vécu toute sa vie dans l’ombre d’un frère qui le rabaissait pour mieux pouvoir s’en servir, se fait dire qu’il est un homme aussi honorable et valable que les deux policiers qui sont en charge du groupe? Moi aussi j’aurais commencé à vénérer cette femme à sa place.

Petit moment émotif, entendez vous les anges chanter?

Daryl en plein petit moment émotif, entendez vous les anges chanter?

Bien entendu, l’attachement de Carol et Daryl n’est pas harmonieux et sans heurts. Daryl réagit agressivement à la fragilité que Carol lui démontre lorsqu’elle tente de l’empêcher de repartir en forêt avant qu’il ne soit guéri. Il ne veut pas être responsable de son équilibre. Daryl Dixon ne peut accepter que quelqu’un se soucie de lui parce qu’il ne peut accepter qu’il vaille la peine qu’on se soucie de lui. Il se reprends toutefois, fait des excuses sincères et réaffirme sa conviction qu’il va retrouver Sophia.

La découverte de Sophia dans la grange d’Hershel, en zombie, démolit les deux personnages (et Rick aussi, qui se sent responsable de la disparition de la fillette, et bordel, le regard d’Andrew Lincoln dans cette scène me fait capoter, y as pas un seul mauvais acteur dans cette série). Carol se remets plus vite que Daryl, probablement parce que la mort officielle de son bébé lui donne enfin la certitude nécessaire pour faire son deuil. Lui se sent en colère et s’isole du groupe, son échec réveillant sa conviction un incapable et qu’il se berce d’illusions. Il est agressif et désagréable avec tout le monde, pour les éloigner. Et encore une fois, Carol s’attire les foudres de Dixon lorsqu’elle essaie de l’empêcher de se détacher du groupe, elle ne veut pas le perdre lui aussi et elle lui dit qu’il mérite mieux que de rester seul. C’est encore une scène puissante entre deux acteurs au sommet de leur art, Daryl menaçant, limite violent, et Carol qui le regarde droit dans les yeux, déterminée à ne pas se laisser intimider, convaincue qu’il ne lui fera pas de mal.

C’est intéressant de voir la dynamique masuclin/féminin entre les deux. À première vue, ce sont des stéréotypes assez classiques, mais il y a tellement plus sous la surface. Même si Daryl, redneck jusqu’au bout des ongles (on le voit même manger de l’écureuil cru pendant la saison deux, beurk) utilise un language injurieux (il est, tout comme Jesse Pinckman de Breaking Bad, un amateur de « bitch »), même s’il est très masculin et qu’il a définitivement un penchant colérique, surtout durant les deux premières saisons, pas une seule seconde on ne pense qu’il est misogyne. Dangereux? Probablement. Impulsif? Définitivement. Mais mauvais? Absoluement pas. Carol, pour sa part, même si elle est le stéréotype typique de la femme abusée, petit oiseau fragile qui essaie de se fondre dans le décor, elle laisse entrevoir à dose minime, peu à peu, l’extraordinaire femme forte en devenir (et aussi la froideur dont elle fera preuve durant les épreuves qui l’attendent dans les saisons 4 et 5 (look at the flowers), mais je n’en dirai pas plus, c’est trop douloureux et je veux que vous le voyez par vous même). Ce dosage subtil en doit autant à l’écriture qu’à la performance de Melissa McBride, qui manie Carol avec finesse, du grand art.

L’invasion de la ferme des Green et le départ sur la route à la fin de la saison deux transforment la dynamique du groupe. Carol exprime ses doutes sur Rick à Daryl,  et essaie de le convaincre de partir avec elle (elle tente même de le manipuler en appelant à son honneur, mais ça ne fonctionne pas). Lui affirme qu’il a pleine et entière confiance en Grimes. Lorsque Rick, à bout, déclare qu’il n’y aura plus de démocratie, et que ceux qui ne veulent pas le suivre n’ont qu’à partir, Dixon reste sans hésiter une seconde, et donc Carol choisit de rester elle aussi.

Au début de la troisième saison, qui a lieu 6 ou 7 mois après la finale de la saison deux, le groupe est devenue une cellule de survie et Carol s’est développée en une femme d’action. Elle s’est prise en main, a appris à tirer et à soigner les blessures avec Hershel. Elle s’est rapprochée de Lori et se prépare à l’aider durant son accouchement. (une zombie fraîchement tuée, c’est un bon dummy pour s’exercer a pratiquer une césarienne avec un poignard hein? Encore une fois, beurk! J’adore cette série…)

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Deux badass, faisant des trucs de badass.

Elle a même trouvé un sens de l’humour pince sans rire comme dans une de mes petites scènes préférées entre elle et Daryl. Daryl est sur le toit d’un camion au bord de la barrière de la prison où le groupe passe sa première nuit, à surveiller les environs, et Carol vient lui donner à manger. Elle admet qu’il a eu raison d’avoir confiance en Rick et, après qu’il ait massé son épaule douloureuse (Carol a dû tirer beaucoup pour nettoyer la cour de la prison et ressent les effets secondaires du recul de l’arme), elle lui dit avec un sourire en coin (et je ne traduirai pas, parce que c’est le jeux de mots qui est drôle, désolé, si vous parlez pas anglais, vous la trouverez pas drôle)

Daryl: We better get back.

Carol : That’s pretty romantic, wanna screw around?

Daryl: Pfft! I’ll go down first.

Carol: Even better!

Daryl: Stahhhp!

Les deux ont développé une belle complicité.

Lorsque Carol se trouve prise dans une cellule d’isolement durant l’attaque de la prison, Daryl et les autres sont persuadés qu’elle est morte et Dixon est clairement en colère. Mais cette fois-ci, c’est plus intériorisé qu’après la perte de Sophia, parce qu’il sait qu’on a besoin de lui. En effet, sans Daryl et Maggie, qui sont parti à la recherche de lait maternel, bébé Judith n’aurait pas survécu longtemps après sa naissance. C’est Daryl qui retrouve Carol et les scripteurs et le réalisateur offrent aux fans du couple une belle scène de Carol dans les bras de Daryl.

 AWWWWW, ça serait cute si elle n'était pas incapable de marcher parce qu'elle est affamée et déshydratée par son séjour de 3 jours en cellule...

AWWWWW, ça serait cute si elle n’était pas incapable de marcher parce qu’elle est affamée et déshydratée par son séjour de 3 jours en cellule d’isolement…

Lorsque Daryl retrouve son frère et décide de partir avec lui, la peine de Carol est évidente, mais elle fait vite la paix avec son choix. Elle explique à une Beth inquiète le genre de relation que les frères Dixon ont, et on sent le spectre d’Ed dans son discours. Mais on sent aussi qu’elle a confiance en son ami, qu’elle sait que Daryl est un homme bien et que Merl n’en fera plus son valet. Et elle a raison. Au retour de Daryl avec Merl, c’est Carol qui lui explique qu’elle comprend qu’il aime son frère, mais que Merl est mauvais pour lui et qu’il ne doit pas se laisser rabaisser. Merl est impressionné par l’évolution de la femme, de petit oiseau apeuré à femme forte qui n’a peur de rien. Ce à quoi Carol réagit en mettant Merl au défi de cesser de balancer à gauche et à droite et de choisir son camps. C’est certainement un élément d’influence dans la décision de Merl de se sacrifier pour donner une chance au groupe contre le Gouverneur et les troupes de Woodbury. La mort de Merl affecte Daryl, mais le libère à son tour d’une ombre qui pesait sur sa vie.Le fait que Merl soit décédé dans un acte de sacrifice, prouvant qu’il n’était pas un salaud irrécupérable, a probablement aidé son petit frère à faire la paix avec ses démons.

Il y a peu à dire sur la relation entre Carol et Daryl durant la saison 4, leur relation a atteint sa vitesse de croisière et n’évolue plus vraiment, ils sont toujours aussi proches. Carol l’appelle affectueusement Pookie et lui rappelle qu’elle l’a aimé en premier, en référence à l’admiration que les nombreux habitants de la prison ont face à celui qui les a amené en sûreté et leur fourni à manger. Carol et Daryl sont séparés pour une grande partie de cette saison, leurs personnages évoluent de leur côté (et Carol se voit confronté a des choix fucking déchirants) et ne se retrouvent qu’au début de la cinquième saison. Mais ils s’aiment toujours autant. Il restera à voir comment les décisions de Carol viendront l’affecter, mais je suis certaine que Daryl sera là pour la maintenir bien ancrée sur terre, ou, à tout le moins, il va essayer à sa façon, je ne sais pas si ce sera efficace.

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Pookie et sa fan numéro un.

Daryl et Carol, contrairement à leurs compagnons, ne souffrent pas de la perte de repères que l’effondrement de la société a occasionné, parce qu’ils étaient déjà dans la marge et n’avaient pas de place dans la société avant l’Infection. Ils ne sont pas perdus, comme Lori ou Andrea, ils n’ont jamais défini leur identité par leur place dans la société. Les walkers leur ont donné l’occasion de devenir membres à part entière d’un groupe, des membres importants et utiles, une occasion qu’ils n’auraient probablement jamais eu autrement.

La relation entre ces deux personnages est tellement viscérale, ils débutent tous les deux leur histoire en victimes blessés chacun à sa façon et trouvent ensemble le courage de prendre ce monde de face. Tous les deux ont vécu dans l’ombre de personnes qui avaient promis de les aimer, mais qui ne leur ont donné que du mépris et de la violence. C’est probablement pour ça qu’ils parlent le même langage et sont capable d’offrir à l’autre ce dont il a besoin. C’est dans Daryl que Carol a trouvé la force d’espérer envers et contre tout, c’est en Carol que Daryl a vu le reflet de l’homme honorable qu’il pouvait devenir. Ils n’ont pas besoin de grandes explications ou de déclarations fleuries, leur connexion vient tout droit des trippes et se passe de mots.

Bien des fans de la série font du shipping Daryl/Beth depuis leur cuite à la fin de la saison 4, mais je n’aimerais pas vraiment ce pairing. De un, la jolie blonde de 18 ans et le redneck dans la trentaine avancé (on ne sait pas l’âge exact de Daryl, mais il n’est pas dans la vingtaine et Reedus a 45 ans dans la vraie vie, donc, je ne pense pas m’avancer trop en évaluant qu’il a au moins 35 ans au début de la série), ça a un peu trop un relent de Jailbait à mon goût (et Carl serait TRÈS déçu de perdre la seule fille plus ou moins de son âge des environs…) Aussi, ça risquerait trop de tomber dans le cliché de « je vais te guérir à coup d’amour oh mon preux chevalier protecteur » et Dieu sait que matante aime pas ce cliché. Beth est géniale, et ce que j’ai lu de ses aventures dans l’hôpital au début de la cinquième saison est prometteur (non, je ne regardes pas les épisodes, je veux attendre de pouvoir tous me les tapper d’une shot, mais j’ai pas la patience d’attendre pour savoir ce qui va se passer, donc je vis de spoiler tous les lundis), mais je ne pense pas qu’elle ferait une bonne Madame Dixon. Mais c’est juste mon opinion.

Est-ce que ça veut dire que je préfèrerait Carol en Mme Daryl? Pas nécessairement. Un développement romantique à leur relation me semblerait plus logique que dans le cas de Daryl et Beth, mais je n’ai pas besoin de les voir s’embrasser pour considérer qu’ils ont réussi leur relation. Elle est déjà réussie. Je ne pense pas qu’il soit absolument nécessaire que Daryl (ou Rick, parce qu’il a aussi ses théories de relations potentielles à toutes les saisons) trouve l’amour avec un grand A, on peut très bien réussir sa vie, et son histoire, sans ça… Mais Carol ferait plus de sens que tout autre candidate s’il faut le caser.

Norman Reedus a souvent dit en entrevue lorsqu’on lui parle d’une éventuelle relation romantique pour Daryl, que ce soit avec Carol, Beth ou quiconque, qu’il espérait que ce serait maladroit et réaliste, qu’il a toujours abordé Daryl comme virginal, pas nécessairement vierge, mais mal à l’aise, et ça paraît dans ses interactions avec les autres. La seule personne qu’il est à l’aise de prendre dans ses bras est Carol, et elle a gagné ce droit après beaucoup de temps.

à part bébé Judith, ce qui a fait tomber toute l'audience féminine dans les pommes.

Ok, il y a aussi bébé Judith, ce qui a fait tomber toute l’audience féminine dans les pommes. Petite chanceuse va, et tout ce dont elle a eu besoin, c’est de passer à deux doigts de mourir de faim à quelques heures de sa naissance!

Mais même avec elle, Reedus ne joue pas Dixon complètement détendu, il y a toujours un regard en coin, une hésitation, et McBride prend toujours la peine de réagir à cette tension sans dire un mot. Tout est dans le non dit, et les deux acteurs sont vraiment extraordinaires.

Mais peu importe la fin, qu’ils finissent ensemble ou non, l’histoire de Daryl et Carol est ma préféré, une histoire simple, sans jeux de pouvoir, sans bullshit, sans tension sexuelle clichée, sans regards languis d’amour en close-up pour qu’on sache qu’ils s’aiment d’amour amoureux, sans possessivité ou quiproquos. Une relation pleine d’amour simple et de respect entre un homme et une femme, qui n’ont pas besoin de jouer de game, qui, s’ils ne se disent pas tout, ne se mentent jamais. Je suis heureuse de les regarder évoluer, on a besoin de plus d’histoires comme la leur.

quid-de-carol-dans-tout-ca

AWWWWW ils sont cute tous les deux!

Mise à jour du lundi matin:

Ok, Norman Reedus a mis cette capture d’écran de son téléphone sur Instagram hier soir après la diffusion de l’épisode « Consumed » (un épisode entier juste sur Daryl et Carol!!! Trop hâte de le voir!!!) et elle est trop drôle, sa maman aussi est une fan de Carol! (Plus texto de môman que ça, tu meurs. Aussi, j’espère qu’il a branché son cell rapidement après ça, c’est pas bon de laisser la batterie se vider autant…)

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